Essai Suzuki Burgman 650
Le scooter Pullman
Le
Burgman 650 est le plus gros scooter du moment, après une guerre
à l'armement entre les constructeurs, qui ont vu arriver les 125, 250,
les 400, 500 puis enfin la plus grosse cylindrée : 650 cm3. Il
est le seul scooter actuel à proposer trois types de transmissions
dont une boite séquentielle. S'agit-il encore d'un scooter ou d'une
moto cachée sous une enveloppe de scooter ?
Découverte
Le
Burgman 650 s'impose de suite. On est loin des gabarits fluets de type
125 ou même 250. Le 650 est long et large. La ligne s'apparente
au 125 de la marque avec une double optique, un pare-brise plutot haut
mais la similitude s'arrête là. L'anecdote tient dans les
rétros qui sont de la même taille que ceux d'une voiture
et se règlent pareil ! Béquille latérale et centrale,
feux arrière issus de la voiture, selle large et confortable, à
la fois pour le pilote et le passager.
En selle
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Le guidon tombe parfaitement sous la main et la selle apparait confortable. Le tableau de bord affiche des chiffres digitaux, surplombés par un compte-tours à batons et une zone rouge à 8500 tours. Les voyants sont partout : jauge à essence, horloge, double-trip partiel, témoin de frein parking (si, si), huile, feu de route, clignotants apparents.
C'est
un scooter, le levier droit commande donc le frein avant, tandis que le
levier gauche commande le frein arrière. Oubliez le passage des
vitesses et le frein au pied... quoique... Car l'exception du Burgman
est qu'il offre en plus la possibilité de débrayer l'automatique
pour se mettre en manuel et sélectionner à la main gauche
les rapports... d'où quatre poussoirs inhabituels : up and down
(pour monter ou descendre les vitesses), D-M, pour sélectionner
la boite automatiquet ou manuelle, et un bouton "power" qui
permet tout en restant en automatique de forcer la boite à rester
en léger sur-régime pour un boost notable sur les premiers
rapports.
On découvre alors les boites à gants latérales (gauche et droite) plus une boite centrale plus grande qui elle ferme à clef.
Contact
Les feux de croisement s'allument automatiquement. Le moteur ronronne, très doucement... à tel point que je me suis d'abord demandé sous le casque si le moteur tournait réellement. De plus, deux arbres d'équilibrage s'occupent de supprimer toute vibration. Aucun risque d'ameuter le quartier avec ce ronronnement discret !
On tourne la poignée et ç'est partit...
En ville
Autant
le scooter se révèle lourd à l'arrêt avec ses
270 kilos tous pleins faits, son poids disparait rapidement dès
les premiers tours de roues : l'avantage d'un moteur placé longitudalement
et bas. Et le bycilindre de 638 cm3 ne se contente pas de tracter en offrant
des poussées très franches à la moindre solicitation
des gazs. En mode automatique, le passage des vitesses est souple et sans
à coup, la montée en puissance vigoureuse sans être
surprenante. En mode Power par contre, on découvre un nouveau scooter,
joueur et surpuissant. Le moteur monte environ 1000-1500 tours plus haut
avant de passer à la vitesse supérieure (aux environs de
8000 tours/mn) par rapport au mode automatique. Et en ville, cela devient
un régal. Oubliez alors tous vos à priori sur les scooters
; ce n'est plus un scooter, c'est une bombe, y compris en duo. L'engin
devient un vrai jouet et la poignée démange.
Sur route
Sortie
de la ville, on se dit que l'engin va rapidement plafonner. Il n'en est
rien, bien au contraire. Nerveux, il offre des possibilités de
dépassement en toute sécurité. Il démontre
en plus une stabilité à toute épreuve, y compris
lors de vents latéraux, aussi bien en solo qu'en duo. Les dépassements
se vont vigoureusement et n'ont rien à envier à ceux d'un
roadster. De plus, l'habillage et la protection au vent, donnent une impression
de protection supplémentaire par rapport à la moto, illusoire
en cas d'accident, mais grisante sur le coup.
Sur autoroute
En temps normal, cela ne me serait même pas venue à l'esprit. Mais à la vue des prestations développées sur route, j'ai été tenté d'aller y faire un tour, pour voir, en me disant qu'il plafonnerait à un petit 150 km/h. Que nenni... il continue allègrement à monter. Sur circuit, il monte rapidement jusqu'au 180 km/h pour grignoter ensuite encore 5 à 7 km/h lentement mais surement. Le plus surprenant est la stabilité révélée, y compris à ces vitesses et quels que soient l'état de la route.
Freinage
Le freinage est à la hauteur des performances du scooter tout en restant progressif.
Par contre, en situation d'urgence, il doit quand même arrêter un engin plus lourd que la concurrence et on se trouve un peu emmené au-delà de ce que l'on voudrait.
Duo
C'est
confortable. La suspension est ferme, garantissant la stabilité,
mais efficace pour gommer les défauts de la chaussée. On
peut donc rouler tranquillement et longtemps sans arriver exténué
par rapport à une moto.
Les poignées de maintien latérale offrent une bonne prise au passager, qui vu la position n'en a pratiquement pas besoin ceci dit.
Pratique
Le
coffre, éclairé s'il vous plait, permet de rentrer facilement
deux casques intégral et une foule d'objets complémentaires
type combinaison de pluie, gants, petit sac... La capacité de 56
litres est également suffisante pour partir en week-end prolongé
avec suffisamment d'affaires. Les vide-poches situés à l'avant
permettent de compléter le tout.
Le point faible provient de son relatif manque d'autonomie, inférieure aux 200 km, en utilisation un peu intensive, alors que ce scooter permet réellement de faire de la route. Et il n'est pas ici question de tomber en panne d'essence. Pour m'être laissé trompé, j'ai souffert à le pousser sur plat un kilomètres pour arriver en nage et épuisé. Sans le moteur, le Burgman est vraiment lourd, très lourd.
Conclusion
J'ai
commencé l'essai avec un a priori réel et certain sur le
scooter, au même titre que les modèles 125 ou 250 que j'avais
pu essayé auparavant : bien pour la ville mais plus utilitaire
que passion et limité en utilisation. Avec le Burgman, un nouveau
monde s'est ouvert : le plaisir d'une moto en termes de maniabilité
et de possibilités de faufilement dans la circulation avec les
qualités d'un scooter : protection et rangements inclus. Après
cinq jours d'essais, j'en suis donc ressortis, bluffé et convertis...
Non seulement, c'est l'idéal pour le trajet journalier boulot avec
la protection en cas de pluie, mais il permet une sortie pour un week-end
prolongé avec un rayon de 300 km sans problème. Bref, ce
n'est plus vraiment un scooter au sens traditionnel du terme sans etre
vraiment une moto... les signes de reconnaissance motard étant
relativement absents à son passage.
Points forts
- caractère moteur
- freinage
- confort, pilote et passager
- protection
Points faibles
- autonomie (<200 km pendant l'essai, mais certains utilisateurs disent faire 250 km avec)
- prix
- poids
Concurrentes : Aprilia SRV 850, Aprilia Scarabeo 500, Gilera GP 800, Honda Silver Wing, Yamaha TMax
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