Essai Suzuki Gladius 650 SFV
La Gladius est la nouveauté Suzuki 2009, directement issue de la SV : un bicylindre V-Twin à 90° de 72 chevaux venu donner un coup de peps à la famille bi et concurrencer la fameuse ER6N qui s'est emparé du segment. Le moteur a cependant été profondément remanié : inertie du vilebrequin augmentée de 5%, injection moderne, traitement SCEM sur les chemises des cylindres, ressort unique pour les soupapes, radiateur échangé pour un échangeur eau/huile... Hormis le moteur qui rappelle immédiatement ses origines, le look de la SFV (nom de code de la Gladius) est vraiment novateur et n'emprunte à personne ni style ni allure. Cadre en acier, nouvel amortisseur, maitre cylindre et étriers plus petits, jante large, fourche réglable en précharge et plus de 7 kilos par rapport à la SV... c'est une vraie nouvelle moto avec son look à elle et une bonne dose de charme.
Découverte
La Gladius surprend d'abord par sa livrée bicolore : blanc et bleu (triton), blanc et rose (magenta), noir et vert métal... prolongée jusqu'au cadre treillis en tubes d'acier. Les lignes courbes contrastent avec les droites de sa soeur ainée SV. Le phare oblong donne une touche de féminité. Même le pot noir mat, habillé de chrome arbore des formes douces.
En se rapprochant, on découvre un compteur de dernière génération, rappelant celui de la GSR, avec indicateur de vitesse engagée. Le compte-tours est analogique, mais le compteur digital sur la droite. 6 diodes à gauche alertent de l'essentiel : carburant, point mort, feux de route, injection... On note les warnings à gauche au commodo. On choisit d'afficher l'heure ou l'un des deux trips partiels. On regrette juste du coup une vraie jauge à essence. Le tout est bien lisible, y compris sous le soleil et la nuit, lorsque le compteur se teinte d'orange.
A l'arrière, les deux poignées passager arrondies offrent une bonne préhension tout en s'intégrant parfaitement à la ligne générale de la machine.
Les rétroviseurs bien larges et écartés offrent une excellente visibilité.
En selle
Le poids rappelle celui de la SV : un petit gabarit qui semble facile à prendre en main. Avec une selle à 785mm de haut, les pieds touchent presque terre pour le pilote d'1,70m.
Le guidon presque large tombe naturellement sous les mains, offrant cette position typiquement roadster, presque droite et juste légèrement penchée vers l'avant.
Les formes courbes du réservoir accueillent idéalement les jambes. La moto se serre parfaitement, n'étant ni trop étroite ni trop large.
Contact
Le bicylindre s'ébroue dans un joli son sourd et rond, bien présent.
Les premiers tours de roues se font naturellement. La moto semble légère malgré ses 202 kilos, tous pleins faits. Le bicylindre ronronne et réagit à la moindre solicitation par une gentille réaction immédiate et saine. Plutôt doux, le bicylindre emmène gentiment sur un filet de gaz, à partir de 1500 tr/min, même en 6e à 45 km/h. Sur les premiers rapports, il monte allègrement jusqu'à la zone rouge, avec un net coup d'accélération au-dessus des 7.000 tr/min et sans mollir jusqu'aux 10.500 tr/min de la zone rouge.
En ville
La Gladius se révèle un régal en ville : légère, facile, maniable... elle se glisse dans un mouchoir de poche sans effort. Elle s'extrait particulièrement bien de la circulation sans jamais faire peur, ni inciter à commettre des folies. Le moteur ne cogne pas, même au ralenti en 6e, sur les 1.500 tr/min. Le tout réagit rapidement et de façon douce. Les accélérations se font à la fois 'doucement' tout en atteignant la zone rouge très rapidement. Il est tout à fait possible de rester en première (ou en seconde), alors que la première monte allègrement et sans rechigner jusqu'à 80 km/h... déjà bien trop vite pour la ville !
Les vitesses se verrouillent sans effort et la boite se révèle vraiment facile au quotidien.
Sur autoroute
Le bicylindre se stabilise à 6.000 tr/min à 130 km/h... juste le régime où il part franchement à la solicitation de la poignée droite. Il prend alors ses tours facilement à raison de 20km/h tous les 1.000 tr/min pouvant ainsi dépasser la barre symbolique des 200 km/h (théoriquement, parce que pour le permis...). Ceci dit, la protection inexistante rend déjà difficile le fait de tenir une moyenne à 150 km/h. Sa vitesse idéale sur autoroute est donc celle autorisée par la loi... par contre, en cas de besoin de dépassement, çà le fait très bien et très vite.
Malgré son poids plume de 202,8 kg tous pleins faits, la Gladius tient bien l'autoroute et seul le défaut de protection à partir de 150 km/h fait descendre l'allure car la machine garde parfaitement calme et sécurité largement au-dessus.
Départementales
La Gladius trouve son arène de retour sur petites routes et départementales. Il est toujours possible d'enrouler sur la 6e mais la moto devient joueuse sur le 3e et 4e rapport qui montent respectivement alors à 110 et 140 km/h, déjà bien trop vite pour la loi.
Mais c'est là qu'elle révèle toute sa facilité de conduite, particulièrement naturelle. Elle se conduit pratiquement avec les jambes, les mains à peine posées sur le guidon. Bref, elle ne requiert absolument aucun effort pour enchaîner les virolos, y compris serrés. Particulièrment neutre, elle se contente de suivre la route.
Le plus marquant est alors sa capacité à titiller rapidement la zone rouge... la première arrive au rupteur en quelques secondes à 80, suivie pareillement par la seconde à 110, la 3e à 140 et la 4e à 170 km/h... A chaque fois, il semblerait qu'elle pourrait aller encore plus haut ! Et malgré cette capacité à titiller la zone rouge sans aucun effort, les accélérations sont maitrisables sans jamais délester l'avant. Du coup, on tire dedans sans se poser de question et sans aucune appréhension.
Du coup, la Gladius est d'ore et déjà la moto la plus facile à conduire pour un débutant dans la catégorie 600. Souple, sans à coup, agréable même sur des rétrogradages rapides et malgré le bicylindre, elle se révèle quasiment aussi douce qu'un 4 cylindres. Et pourtant, en restant dans les tours, elle permet de rouler relativement fort.
Les Dunlop Qualifier accrochent bien et mettent en confiance.
Tenue de route, suspensions
Les suspensions se révèlent avoir le parfait équilibre entre fermeté (sans dureté) et parfait lissage des défauts de la chaussée. Le tout s'affirme plutôt confortable même sur de longs trajets alors que le comportement reste très bon en conduite plus musclée. A contrario, la selleavoue plus rapidement ses limites : aux environs des 150-200 km... l'arrière-train demandant alors grâce.
Freins
Le freinage offre un bon feeling à défaut de mordant. Il ne surprend pas et demande même à être énergique pour dévoiler toute sa puissance. Il est alors efficace. Le frein arrière assoit particulièrement bien la moto. Facile pour un débutant qui risque peu le blocage (pas d'ABS), il mériterait un peu plus de puissance.
Duo
La longue selle offre un duo agréable... Le bicylindre perd un peu en reprises et en caractère, mais du coup, la conduite se fait plus enroulée, pour la bonheur de la passagère.
Pratique
La place sous la selle est très réduite... pour tout juste laisser la place à un petit antivol en U et encore...
Le réservoir est en métal mais uniquement sur sa partie centrale. Du coup, les sacoches magnétiques dont les aimants sont plutôt en bout ne fonctionnent pas. A contrario, la Gladius offre plein de possibilités pour agripper des tendeurs et un gros sac à l'arrière.
La béquille tombe sous le pied naturellement et se met en place facilement.
Impossible de glisser un antivol dans la roue avant; seule solution, glisser l'antivol dans la couronne arrière avec l'un des 5 batons de la roue arrière.
Consommation durant l'essai
La Gladius se révèle être un chameau avec une consommation minimale de 4,2 litres, à vitesse stabilisée sur nationale (110 km/h). La consommation monte à 5,5 litres sur routes de montagnes avec un rythme plus soutenu. La moyenne de l'essai ayant été juste en-dessous des 5 litres. Du coup, malgré un petit réservoir de 14,5 litres, la Gladius autorise presque 300 kilomètres d'autonomie... même si le témoin de réserve s'allume volontiers vers 220-230 km. Bien vu, il clignote alors et ne se contente pas d'être allumé, tandis qu'un trip partiel spécifique incrémente le nombre de kilomètres parcourus depuis la mise sur réserve.
Mini : 4,2 l. - Maxi : 5,5 l - autonomie avant réserve : 220 km
Conclusion
La Gladius est une vraie nouveauté qui fait d'un coup vieillir la SV, tant au niveau look que comportement. Facile, légère, souple, la SFV se prend en main sans difficulté et s'impose de suite comme la moto idéale pour le débutant. Presque tranquille sous les 6.000 tr/min, elle offre un net gain de vitalité et de pêche au-dessus dévoilant une personnalité qui ne demande qu'à être cravachée pour donner tout son potentiel, tout en étant exploitable à tous les régimes. Le moteur ayant fait ses preuves devrait rassurer quant à sa fiabilité et sa longévité. Au final, la Gladius se révèle être une réussite qui devrait cartonner dans les ventes à n'en nul douter.
Points forts
- prise en main facile
- caractère moteur
- partie-cycle
- la ligne
Points faibles
- absence d'ABS pour l'instant (prévu pour 2010)
- absence de jauge à essence
Concurrence : Ducati Monster 696, Kawasaki ER6N, Suzuki SV 650, Yamaha XJ6 N
Commentaires
Pour une fois, je vote Gladius, que kawa ne m'en veuille pas. jlh
28-03-2012 20:41NOUVEAU
28-03-2012 22:09