Essai MV Agusta Brutale 990 R
Ticket chic
En attendant impatiemment l’arrivée de petite 675, la Brutale 990 R est « l’entrée de gamme » chez MV Agusta. Certes ce fleuron de l’industrie italienne se paye tout de même 15490 €, mais au delà de ses galbes et de son originalité, est-elle réellement si attrayante ?
Découverte
Apparue en 2010, la 990 R succède à la 989 qui descendait elle même de la 910. Entre la 989 et la 990, de nombreux changements sont intervenus : l’esthétique a été remaniée sans pour autant remettre en cause le travail d’orfèvre du grand Massimo Tamburini qui a dessiné la première Brutale en 2001, voici presque dix ans donc. Un joli coup de crayon du maître qui n’a que très peu vieilli, mais qui méritait tout de même une petite mise à jour dans un univers où certains modèles changent tous les deux ans. Mais il n’y a pas que les lignes qui ont changées, le cadre et le moteur aussi sont nouveaux. Il ne s’agît donc pas d’un replâtrage, mais bel et bien d’une évolution en profondeur, avec notamment l’adoption de nouveaux carters pouvant recevoir un balancier d’équilibrage.
En selle
Facile à escalader, même pour les petits comme moi (1,68 m), la Brutale n’est pas intimidante à l’arrêt. Pas trop haute (830 mm) mais pas trop lourde non plus et équipée d’un large guidon, elle offre une position confortable qui n’a rien de contraignante. Une fois en place, on découvre un tableau de bord très complet à qui il ne manque qu’une commande au guidon. Leviers de freins et d’embrayages sont tous deux réglables en écartement.
Contact
Voici enfin le moment tant attendu. La Diva a-t-elle réellement de la voix ? Oui ! Malgré la perte de 2 sorties sur 4 par rapport à sa cousine F4, la Brutale conserve une sonorité magnifique qui donnerait volontiers des frissons. On prend l’embrayage, un petit coup sec sur le sélecteur d’une boîte très agréable, la première claque doucement et c’est parti !
En ville
Cette 1000 cm3 se manie en douceur au milieu des voitures et son gabarit ne pose pas de problème. Comme tous les quatre cylindres, son moteur est souple, ce qui ne pose pas de problème particulier dans les encombrements. Certes un scooter fera aussi bien sinon mieux dans les bouchons, mais notre belle italienne s’en sort avec les honneurs dus à son rang.
Autoroute
Ici par contre le scooter devrait avoir du mal à suivre. Même en 100 ch, la Brutale a du répondant ! La protection n’est pas exemplaire, mais c’est un peu le lot de tous les roadsters non ? Le petit déflecteur au dessus du phare vous épargne un peu, mais rapidement vous aurez une petite séance de musculation des cervicales, si vous ne respectez pas les limitations de vitesses. En fait, il vaut mieux trouver un autre terrain de jeu, car ici on s’ennuie !
Nationales
Là, la Diva trouve un lieu plus adapté à sa vocation. Très souple, le moteur devient rageur dans les tours. Même si le bridage lui fait perdre 1/3 de sa puissance, il garde un caractère bien trempé, sans être trop violent. C’est exploitable, sans être fatiguant. Il paraît qu’en « Full », c’est beaucoup plus démonstratif et même remarquable pour un 1000 quatre cylindres...
Les dépassements ne posent pas de problème qu’il s’agissent des voitures, ou des vitesses limites… dès lors qu’il n’y a pas de radars en vue, car il est difficile de contenir la fougue de cette belle italienne.
Départementales
Enfin, nous voilà plus au calme. On va pouvoir jouer avec cette partie-cycle rigide, faire faire des vocalises au moteur, sauter sur les freins, plonger à la corde (c’est mieux que plonger sur les freins et sauter à la corde), enfin s’amuser en somme avec une moto dédiée au plaisir.
Seul bémol au propre comme au figuré, des suspensions un peu approximatives. Car s’est bien ici que le constructeur a rogné pour son « entrée de gamme « avec un amortisseur arrière Sachs sans bonbonne ni réglage de compression (réglage uniquement en détente). Un peu juste en amortissement arrière donc, la 990 R sautille dans les bosses dès que le bitume se dégrade, ce qui est souvent le cas sur les départementales. Difficile d’entrer aussi fort qu’on le voudrait dans le virage de peur de ne pouvoir garder une trajectoire impeccable. Dommage car le châssis le permettrait sans problème.
Freinage
Une paire de disques de 310 mm avec des étriers 4 pistons à fixations radiales, montés sur une fourche inversée de 50 mm avec un axe de roue énorme, ça donne une impression de rigidité, ça inspire confiance et ça n’est pas usurpé. Rien à redire de ce côté, c’est parfait. Dosable, puissant, que demander de mieux ?
Confort
La position est agréable, avec des pédales de frein et de sélecteur réglables en longueur. La selle suffisamment large est bien dessinée, les vibrations sont contenues et au final on est plutôt bien à bord de ce roadster italien.
Certes l’amortisseur arrière est un peu mou, mais sur les petits chocs ne sont pas forcément très bien amortis quand même. Dommage, un peu de douceur dans ce monde brutal ce n’était pas idiot.
Consommation.
A bonne allure, nous avons consommé 8 l./100 de moyenne sur cet essai ce qui est déjà relativement gourmand. Heureusement le réservoir de 23 litres offre une bonne autonomie... mais on aurait préféré un moteur moins gourmand et un réservoir plus petit, c’est à la fois mieux pour la planète et le portefeuille.
Pratique
Le "scooter" reprend ses droits pour peu qu’il n’ait pas fini dans le fossé en essayant de suivre la Brutale sur les départementales. Plus sérieusement, on n’achète pas une Brutale pour ses aspects pratiques, mais plutôt pour ses lignes et sa voix enchanteresse. Ne cherchez pas la béquille centrale, mais extasiez vous sur le superbe monobras qui vous évitera de vous prendre la tête sur l’alignement de roue quand vous tendrez la chaîne. Vous apprécierez aussi la trousse à outils complète et bien présentée, ou encore le tableau de bord très complet (témoin de réserve, et de température moteur, chronomètre, shiftlight…) et le petit rangement sous la selle.
Conclusion
A 15.490 euros, la 990 R fait payer cher le ticket d’entrée chez MV. Cependant, hormis un amortisseur vraiment juste sur une moto de ce prix, force est de reconnaître que le charme opère. Les lignes sont belles et la finition superbe. Avec son monobras, ses roues en étoiles, son énorme fourche inversée et son échappement à double sortie cette MV en met plein la vue, c’est aussi ça le plaisir d’avoir un roadster qui vous touche au cœur !
Points forts
- vraie « gueule » !
- belle finition
- moteur très expressif (surtout en full)
Points faibles
- amortisseur Ar vraiment trop juste
- prix élevé par rapport à la concurrence
- consommation élevée.
Conditions d’essais:
Moto affichant 1150 km au départ. 220 km d’un parcours varié dans le beau pays de tourraine
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