Essai MV Agusta Brutale 1090 RR
Ticket choc
Avec 80 cm3 et 5 chevaux de plus que la 990 R la « grosse brutale » se positionne au sommet de la pyramide dans la grande famille des roadsters. Parviendra-t-elle à justifier les 3000 € qui la séparent de sa sœur cadette ?
Découverte
Extérieurement, la 1090 RR se distingue au premier coup d’œil de la 990 par son couvre culasse rouge. Se la jouant façon noblesse, elle a coiffée son moteur 1078 cm3 d’une culasse rouge (« testa rossa ») pour faire valoir son rang.
Un œil averti remarque aussi les roues à 10 branches alors que la cadette a des roues en étoiles. Puis en s’attardant encore on remarque que les étriers Brembo sont ici taillés dans la masse pour plus de rigidité. L’amortisseur arrière équipé d’une bonbonne séparée est réglable en compression et en détente alors qu’au niveau du guidon, on remarque un très discret amortisseur de direction axiale parfaitement intégré. Et puis il y a aussi les détails cachés comme la fourche de meilleure qualité ou l’embrayage antidribble et la possibilité de réglage de l’assiette et de l’angle de colonne. Une foule de « petites choses » qui mises bout à bout font une grosse différence et qui justifie clairement les 3000 euros d’écart; des différences qui pourraient pourtant passer inaperçues aux yeux du néophyte.
En selle
Il n'y a aucune différence de hauteur ni de largeur avec la 990 R. Le gabarit est contenu et il n’a rien d’impressionnant pour une 1000 et plus. Habillage et châssis sont identiques, mais encore une fois la 1090 se distingue par des reposes pieds réglables qui permettent d’ajuster au mieux l’ergonomie du poste de pilotage. Encore un raffinement qui lui est réservé. Cependant sur les deux modèles, embouts de sélecteur et de pédale de frein sont montés sur excentriques.
Contact
Nous devons préciser au préalable que notre 1090 d’essai avait malencontreusement perdu une partie de ses accessoires de bridage. Sans être totalement « full », elle disposait d’une certaine liberté qui lui restituait une bonne partie de son peps. Cependant, à l’arrêt pas de différence de bruit avec la 990, d’ailleurs pour être plus juste on devrait même parler de musique ! ! !
En ville
Pas de doute, elle porte bien son nom ! Dès l’ouverture de la poignée de gaz, on sent qu’il y a du monde qui se bouscule à l’écurie. C’est limite agressif et sans doute un peu fatiguant à la longue quand on a envie d’une conduite reposante. Hormis ce détail, les autres commandes sont douces et le moteur est souple. Il accepte de rouler en 4 ème au ralenti, mais il oublie la douceur dès que vous touchez la poignée droite.
Autoroute
Cette fois, il est très facile de faire la différence entre une 990 et la 1090 l’une étant bridée et l’autre pas totalement il est vrai. Dès la moindre rotation de la poignée, la 1090 détale, même aux faibles ouvertures des gaz, donc sans exploiter toute la puissance de la version débridée. Les reprises sont viriles, on pourra même dire « cannonnesques ». C’est du métal hurlant ce moteur !
Pourtant notre moto qui n’affiche que 170 km au compteur est loin d’être libérée. Une différence qui se remarque aussi par des vibrations à mi-régime que l’on ressent dans le guidon et qui brouillent les rétroviseurs.
Sinon, les limitations de vitesses et la protection ? Problème délicat pour la première partie de la question et litanie ordinaire s’agissant d’un roadster pour la seconde partie, même si le petit saute vent épargne un peu... tant que les vitesses restent raisonnables
Nationales
Ah les nationales, avec leurs semi-remorques qui roulent en file indienne… Une chose est sûre, ils ne vont pas vous gêner beaucoup. Un coup de gaz et hop, on joue à saute moutons avec la file de voitures coincée derrière. C’est clair, cette Brutale envoie du gros ! Les grandes courbes rapides la régale. Sa tenue de cap est impériale, les suspensions haut de gamme font un travail d’orfèvre et filtrent les imperfections du bitume pour permettre au pilote de rester concentré sur sa trajectoire quelle que soit la vitesse. On roule en confiance et on prend du plaisir.
Départementales
Sur les départementales, vous serez difficile à suivre. Avec son moteur façon balle de guerre, le châssis rigide et les suspensions top niveau, vous vous amuserez sur ce terrain. Avec les yeux qui regardent au loin, vous tracerez de belles courbes avec le sourire aux lèvres. Vous pourrez même sortir le grand jeux avec des freinages de trappeur. Les Dunlop Qualifier RR laissent une bonne marge d’adhérence et à l’accélération, l’amortisseur de direction est là pour éviter les guidonnages. Très rempli, le moteur soulève la roue avant à la moindre rotation de la poignée de gaz, en trois mot : c’est la récré !
Freinage
Avec ses étriers 4 pistons radiaux monoblocs, c’est à dire taillés dans la masse, la 1090 RR dispose du meilleur et offre aussi le meilleur, tant en terme d’agrément que de puissance. Difficile toutefois de faire une réelle différence sur route avec l’équipement de la 990 R, hormis que la fourche de meilleure qualité donne un niveau d’adhérence encore supérieur sur sol bosselé.
Confort
Pas de mystère, avec des suspensions Sachs de ce niveau, on remarque la différence entre les deux machines. Là où une 990 frétille, la 1090 RR est impériale et le confort général tire profit de cette différence. Les plus féroces trouveront justement l’amortisseur Ar encore un peu mou, ce qui ne nuit pas au confort avouons le. Un petit regret tout de même les vibrations plus présentes sur le gros moteur qui nuisent à l’agrément, mais rien de grave.
Consommation.
Sur notre parcours varié, nous avons consommé 8,5l./100, ce qui n’est pas rien. Même si les performances époustouflantes du moteur ne laissent guère espérer beaucoup moins, ça fait tout de même pas mal. A l’achat comme à la pompe, cette Brutale va vous coûter cher. Maigre consolation, le gros réservoir de 23 litres qui évite de ravitailler trop souvent.
Pratique
La question est presque aussi incongrue que de se demander si Adriana Karembeu fait la vaisselle… On est quasiment hors sujet sur ce type de machines. S’offrir une Diva italienne avec des galbes sensuels et un accastillage irréprochable, tel est le credo de l’acheteur MV. Sauf à s’être trompé d’adresse, il ne cherchera pas la béquille centrale, l’ABS ou les poignées chauffantes… Par contre vous disposez d’une boîte extractible qui vous servira certes moins souvent (idem sur le 990 R)!
Conclusion
Pas de doute, les 3000 € réclamés en plus sont justifiés. Freinage, suspensions, finition et moteur sont vraiment à la hauteur de ce qu’on est en droit d’attendre sur une machine d’exception. Par ses lignes et sa qualité de fabrication ce roadster sort du lot des productions nippones. Si vous avez les moyens de payer le supplément qui sépare la 990 R de la 1090 RR, franchissez le pas, vous ne serez pas déçus.
Points forts
- moteur
- équipement
- pPrestige
Points faibles
- tarif
- vibrations à mi-régime
- consommation élevée.
Conditions d’essais:
Moto affichant 170 km au départ. 220 km de départementales, nationales, villages et une petite portion d’autoroute pour finir.
Commentaires
elle est vraiment superbe!!!!le prix aussi dommage.en duo sa donne quoi pour le passager?
18-07-2012 18:56