english

Essai Moto Guzzi Bellagio Aquila Nera

La belle inconnue

Amateurs de roadsters originaux et de customs forts en caractère, la Moto Guzzi Bellagio a tous les atouts pour vous séduire. Une machine qui remonte le temps sans en perdre, tant son châssis et son moteur sont efficaces. Découverte d’une séductrice méconnue.

Moto Guzzi Bellagio Aquila Nera

Découverte

Baptisée du nom d’un joli village voisin du lac de Côme, fief historique de Moto Guzzi, la Bellagio est au catalogue du constructeur depuis 2007. Cet aigle à deux têtes se la joue tantôt custom tantôt roadster, avec un style bien particulier. Campée sur ses superbes jantes alu à rayons, elle surfe aussi sur la mode rétro, comme ses concurrentes potentielles que sont le sporster Harley et la Triumph Speedmaster. La belle aime les contrastes et n’accepte pas d’être cataloguée dans une seule case.

Moto Guzzi Bellagio Aquila Nera

Plutôt jolis, les deux silencieux d’échappement superposés masquent la magnifique roue AR à rayons remarquable avec son monobras. Vraiment dommage ! Pour originale qu’elle est, la Bellagio conserve l’architecture Moto Guzzi conventionnelle : un V2 refroidi par air en position longitudinale et une transmission secondaire par arbre et cardans. Si toutes les Guzzi sont ainsi équipées, les solutions proposées sur la gamme sont différentes. La plus rustique est présente sur les 750 et sur la California qui disposent d’un pont arrière rigide. Plus récente, la Bellagio profite du « CARC » (Cardan Réactif Compact) un système de parallélogramme à 4 points d’articulations et double cardans (donc homocinétique). C’est le même principe que sur le Paralever BMW, ou la Kawasaki 1400 GTR.

Moto Guzzi Bellagio Aquila Nera

A l’usage, la transmission de la Bellagio s’avère beaucoup plus discrète qu’une California et surtout plus douce et rapide grâce à une boîte 6 vitesses qui bénéficie d’une réduction primaire.

En Selle

Avec seulement 730 mm de hauteur, la selle offre une assise accueillante et large au pilote qui pose facilement les deux pieds au sol quelle que soit sa taille. Le guidon « T-bar » tombe bien sous les mains alors que les pieds doivent aller chercher les repose-pieds légèrement en arrière. Le buste est droit. Bien calé sur les reposes-pieds vous voilà prêt à abattre un 400 départ arrêté. Les plus grands auront sans doute un peu de mal à loger leur genoux derrière les couvre culasses. L’assise surélevée de la selle passager vous empêche de reculer. Vous pouvez mettre gaz.

Sous vos yeux l’asphalte et un très joli tableau de bord à fond blanc qui mêle lui aussi adroitement les styles anciens et modernes. L’aiguille orange fluo indique la vitesse, alors qu’un cadran numérique situé en bas à droite regroupe une multitude d’informations que l’on fait défiler du guidon : horloge de bord, double trip, réserve, jauge, température ambiante, tension de batterie et conso moyenne sont au menu. C’est très complet, même s’il manque un compte tours qui n’aurait toutefois pas été d’une grande utilité avec ce moteur…

Moto Guzzi Bellagio Aquila Nera

Contact

Un coup de pouce sur le démarreur et le twin deux soupapes se met à gronder dans les deux échappements superposés. Le bruit est sympa et le petit déhanchement de la moto à chaque coup de gaz vous rappelle que vous avez bien un twin longitudinal entre les jambes. Très nettement supercarré (95 X 66), il ne rechigne pas à prendre un peu de tours malgré sa distribution par tiges et culbuteurs. C’est rustique, mais surtout très vivant.

Moto Guzzi Bellagio Aquila Nera

En ville

Clac on passe la première. La sélection est un peu ferme mais en net progrès par rapport à ce que l’on connaissait de moto Guzzi jadis. Ce n’est pas encore les standards japonais, mais pas loin. Assis bas sur une moto à l’empattement long avec une fourche inclinée de 28°, on évolue à faible vitesse avec une grande stabilité dès les premiers mètres. La mécanique est souple et vivante à la fois. On glisse tranquillement au milieu des Fiat et autres Alfa Romeo agglutinées sur les voies Romaines. Le rayon de braquage, n’est certes pas génial, mais dans les encombrements, cette Guzzi n’a rien d’un camion.

Moto Guzzi Bellagio Aquila Nera

Autoroute

Aller, on enclenche la 6 et on regarde comment ça se passe. Les reprises sont très vigoureuses, le moteur plein de caractère ne laisse pas soupçonner qu’il ne fait « que » 75 chevaux tant il est « pêchu ». On se dit pour l’occasion qu’on se fiche complètement de la loi des 100 cv et que ce vaillant deux soupapes offre toutes les sensations nécessaires pour rouler sur la route. La position ne pose aucun problème et la prise au vent est dans les standards des roadsters. Le constructeur annonce une vitesse maxi de 200 km/h. Mieux que la plupart des customs et largement suffisant pour un roadster.

Moto Guzzi Bellagio Aquila Nera

Nationales

Terrain agréable pour un roadster, la nationale permet de rouler sereinement le nez au vent. La Bellagio s’y prête bien car elle est moins pousse au crime qu’un roadster classique 4 cylindres. Son moteur coupleux facilite les dépassements et si l’envie vous en prend, dans les courbes à haute vitesse vous apprécierez sa stabilité, la rigidité de son châssis et sa garde au sol généreuse.

Moto Guzzi Bellagio Aquila Nera

Départementales

C’est sans doute ici et à la terrasse des petits cafés de villages, que vous apprécierez le plus votre Bellagio. Dotée d’une partie cycle saine, bonne freineuse et pourvue d’une garde au sol d’un bon niveau, elle permet de se faire plaisir et de soutenir un rythme de conduite plus typé roadster que custom. Là encore les reprises vigoureuses de son moteur vous propulseront d’un virage à l’autre sans changer de vitesse, ce qui n’aurait pas vraiment posé de problème tant que vous ne vous faîtes pas des entrées de courbe en retrogradant 3 vitesses à la volée, ce que la boîte accepte encore difficilement.

Sinon, ça balance facilement, le centre de gravité bas compensant en partie l’empattement long et la fourche relativement inclinée. Pas d’inquiétude, la moto se manie avec une grande aisance et vous ne serez pas largué par les copains, sauf s’ils portent le N°46 sur leur moto.

Freinage

Une paire de Brembo 320 mm avec des étriers 2 pistons juxtaposés suffisent à stopper les 239 kg de la bête avec les pleins (plus ceux de son pilote). Certes on est loin des étriers radiaux dernier cri, mais la Bellagio n’a pas à rougir de son freinage face à un roadster. C’est puissant dosable et très largement adapté à ses performances. Rien n’a redire non plus sur le disque arrière de 282 mm (étrier 2 pistons). Tutto va bene !

Moto Guzzi Bellagio Aquila Nera

Confort

C’est un peu là que le bât blesse. Certes la fourche est souple et la selle accueillante pour le pilote, mais l’amortissement arrière est ferme. Malgré les 120 mm de course c’est un peu sec sur les petits chocs et l’absence de réglage en compression ne permet pas de réelle correction. La détente, seul réglage d’amortissement présent, agît aussi un peu sur la compression, mais un monoamortisseur plus progressifs genre Fournalès corrigerait sans doute mieux ce défaut relatif.

Quant au passager, il n’est pas à la noce juché sur une selle étroite sans barre de maintien. Ce n’est sans doute pas pire qu’un strapontin Harley ou celui d’une sportive, mais ça sent quand même le cas de divorce si vous espérez traverser la France en duo. A noter une selle « confort » disponible en accessoire contre 218 € qui semble faire plus cas du séant de votre compagnon de route.

Moto Guzzi Bellagio Aquila Nera

Consommation

Adepte des bas régimes (la puissance max. est à 7200 tr/mn) le vaillant twin n’est pas porté sur la boisson. Comptez une moyenne d’environ 6l/100 en roulant à un bon rythme, ce qui est raisonnable compte tenu du niveau de performances. Voilà qui nous donne une autonomie de 250 kilomètres avant de passer la réserve. Le réservoir identique à la California contient 19 litres dont 4 de réserve.

Pratique

Ça veut dire quoi ? Que les informations du compteur défilent au guidon, que la clé est codée et que la transmission secondaire par arbre se fait totalement oublier. Pour le reste, c’est à vous d’oublier. Si vous souhaitez transporter des bagages, une sacoche réservoir et une paire de sacoches arrières avec support sont disponibles respectivement contre 227 € et 744 € sur le site italien du constructeur.

Moto Guzzi Bellagio Aquila Nera

Conclusion

Avec la Bellagio, Moto Guzzi vous propose un cocktail réussi avec un zeste d’originalité, une pointe de clacissisme, des performances honnêtes, de vraies sensations, un moteur sympathique, une bonne tenue de route et un freinage efficace. Enfin tout aussi remarquable est son prix en baisse de 1200 € par rapport à son lancement. Voilà qui la rend désormais aussi concurrentielle qu’abordable. Un joujou pour se faire vraiment plaisir sans rouler à des vitesses dingues, c’est très appréciable aujourd’hui. Si vous n’avez pas les moyens de vous offrir une américaine customisée à grands frais, optez pour cette Bellagio que vous êtes sûr de ne pas croiser à tous les coins de rues… et en plus avec elle, vous pourrirez vos potes en Harley.

Points forts

  • moteur vraiment pêchu
  • polyvalence custom/roadster
  • comportement routier sain et efficace

Points faibles

  • duo
  • amortisseur AR un peu raide
  • rayon de braquage

 

 

La fiche technique

Conditions d’essais:

Itinéraire: petites routes variées + autoroutes interurbaines avec un peu de ville

Kilométrage de la moto : 300 km

Problème rencontré : a rajouter d’urgence dans la liste du père Noël, mais avec la crise j’ai peur qu’il me la refuse.

Commentaires

low_rideuse

Merci pour cet essai enthousiaste de cette belle machine.
S'agissant de la suspension arrière, effectivement un peu sèche, Fournalès vous a entendu et propose désormais un amortisseur adapté à ce modèle, disponible en 3 longueurs.
Salutations motardes

13-03-2013 15:16 
jlh72210

j'en ai une, une Luxury, le pied cette machine, 8 mois, 8.500 bornes

05-05-2014 20:31 
 

Connectez-vous pour réagirOu inscrivez-vous