Essai motard Daytona 600
Essais motards : Emmanuel
Il était une fois la 600 Dayto .
Privilège des privilèges, ce week-end je sors en Dayto. Non, pas celle que tout le monde connaît, sur qui on a tout dit, ou presque, sur qui les choses à découvrir ne seraient que confirmation de sentiments déjà éprouvés.Non, ce week-end je suis pionnier de la nouveauté de notre marque adorée: La DAYTONA 600!
Pour une fois, je vais abandonner mon fougueux pur-sang (600TT), l'infidélité frappe et mon regard est obnubilé par l'étalon jaune (mais non c'est pas moi !) qui me tend ses lignes nerveuses en appâts ! Contrairement aux êtres vivants, les motos sont discrètes aux premiers abords et réservent leurs surprises une fois qu'on pense les avoir domestiquées…
Première approche : Le poste de pilotage ne me surprend pas, aux normes actuelles il emprunte le tableau de bord à la TT en prenant soin de dessiner les chiffres du compte tour en italique pour une touche de classe. La progression des Tr/mn se lit par chiffres pairs, c'est tout de suite plus lisible et… c'est un peu pour nous préparer à la foudre : Pas de demi-mesure, ça doit chauffer, petits joueurs s'abstenir. Ici pas de temps pour la lecture !
Economie de poids oblige, le té supérieur affiche une découpe au-plus-juste qui lui donne une finesse « horlogère » il a été dessiné pour abaisser les demi guidons, eux aussi revus pour faire plonger la position du pilote ne sont pourtant pas positionnés sous le fameux té, heu-reu-se-ment car la position est beaucoup plus radicale que sur la TT600 : ça sent l'attaque !
Je resterais amoureux de l'écrou de serrage de la colonne de direction, finition Titane et ajouré, qui donne une touche de luxe à faire craquer les plus néophytes. (quand je pense à Fernande…) Le traitement anodisé bleu des réglages de fourche ne laisse pas indifférents non plus les frimeurs de terrasse que nous sommes, moi je l'avoue au moins !Autant de petites attentions qui flattent le proprio sont bonnes à prendre non ?
Le gabarit de la bête impressionne, aujourd'hui les grosses cylindrées se taillent des formes sylphides et la belle Dayto va jouer dans la cour d'émile (des mille, ooohhh). C'est plus haut que sur l'ancienne et le réservoir paraît bien plus large !
Ce samedi, direction Bretagne. Par les départementales pour commencer.On reprochait au petit quatre patte anglais de fainéanter à bas régime et il est vrai que les promenades bucoliques n'étaient pas son fort, il se sentait bien mieux pour la franche attaque, hors de quoi il affichait sa désapprobation par quelques creux à l'accélération voire des soubresauts à vitesses lentes et soutenues. Ce côté on/off lui a valu mon appellation de pur-sang : pour qui le compromis est désagréable.
Le moteur de la Dayto a mangé du chewing-gum… au piment !
Il se laisse conduire dans les plus bas régimes avec une élasticité digne d'une cylindrée supérieure, mais ne s'empâte pas pour autant. Dés que la poignée droite en actionne la demande, la sauvagerie débarque et l'envolée vers les hauts régimes se fait des plus démonstratives. Là où une 955 envoie musclé, la 600 répond brutal , violent et nerveux ! Les paliers de puissance se font moins sentir mais la route défile si vite qu'on n'a pas le temps de s'attarder à analyser la chose : on regarde droit devant en ouvrant bien grand les yeux : Vous avez demandé du sport, vous êtes servis !
Je ne me laisse pas dévergonder pour autant, la police a eu des ordres de vigilance extrême, je ne tomberais pas dans le piège tendu de la vitesse meurtrière… pour mon budget.
Et MA moto me surprend par un comportement docile dans ce genre de registre pour lequel elle n'a pas été initialement conçue. Ok, face au confort proposé, sa devancière fait hôtel 4 étoiles NN, mais bien rapproché du réservoir, plus près des guidons , la position est acceptable… pour ceux qui ont les fesses aguerries à la route !
Au jeu de « je-ne-tourne-pas- la-poignée-de-plus-d'un millimètre » le moteur lui, joue les enfant-modèles. J'en oublie même de changer les rapports et me surprend à traverser les bourgades à, tenez vous bien, 2000 tr/mn en 6ème ! Et je ré accélère et ça reprend sans cogner ! Pas maaaaaal ! !
Bon, j'ai rejoins une bande copains Kawazakistes à qui je tiens à prendre une revanche de pourrissage de l'année passée.A la terrasse, les filles discutaillent (comme des filles…) sur l'esthétique tendue de la bête, n'y voyez aucun rapprochement fa…llacieux, mais le côté tendu a tendance a faire l'unanimité des considérations plastiques féminines. Si elle savaient le sort qui leur est réservé sur le paquet de cigarette qui sert de strapontin derrière…
Promenades musclées:Cette fois l'étalon se dévoile, il jubile. Devant, une zxr flambant neuve frime sur SON terrain d'entraînement. La Dayto ne s'en laisse pas compter et jamais, elle ne me donnera le sentiment de passer juste, au contraire, j'ai toujours cru garder une bonne marge de manœuvre.Derrière, une ancienne zxr 6 , une zxr7 et une gsxr7 sont à la ramasse : On peut imaginer que les progrès de la technologie donnent confiance aux conducteurs (pour ne pas dire pilotes !)
Pause comptoir : « t'attaquais toi ? » Les compliments abondent : le revêtement était plutôt mauvais (excuses pour les trétaux) et le pilote de la zxr de tête assez en forme.
D'accord je l'ai suivi en gardant une distance de sécurité, d'accord je l'ai pas doublé… parce que je sais pas le faire, sinon…
Mais il en ressort (de suspension) que les deux autres étaient grave à la ramasse, alors que la fois dernière c'était moi le der !Bonne moto ou progrès perso?Rendez vous est pris en Savoie pour la belle de la revanche ! l'automne sera chaud !
Je raconte pas le reste des festivités (censure oblige), mais je crois bien avoir démontré qu'une petite anglaise est capable de damner le pion a bien des préjugés (débridés) ! Toutes nos excuses aux poseurs de radars pour n'avoir (on l'espère) pas emprunté leurs itinéraires gardés.La Dayto 600 qu'on m'a prêtée étaient aux normes en vigueur 100cv (dixit triumph), et quelle vigueur !
Retour par l'autoroute à vitesse disons… rapide. La protection des jambes est bonne R.A.S.Position pilote bien droit: Le buste et la tête sont aussi bien lotis que... sur une speed. En revanche, la position limande adoptée, les coudes trouvant naturellement appuis sur les renflements (fait pour ?) de réservoir, on peut remarquer le travail fait sur l'aérodynamique .Là où les manches et le dos de mon blouson battaient au vent sur la TT, je ne ressens qu'un souffle diffus derrière le casque et sur les épaules.La vitesse et les réaccélérations n'en sont que meilleures.
La consommation s'en ressent aussi, cette bécane est un chameau, et bien heureusement puisque le réservoir annoncé pour 18 litres n'en accepte que 15 ! qui permettent à belle vitesse d'abattre quand même plus de 200 kilomètres, non compris une vingtaine en réserve ! Vous descendrez avant pour vous ramollir les fessiers, petits joueurs !
Les grandes courbes sont un régal, les pneus, la géométrie et la légèreté rendent la conduite d'une sécurité peu connue des routards classiques.La Dayto repousse encore les limites que sa devancière avait déjà chassées bien loin. Mais le confort en paye les frais !Je rentre, pas trop cassé pourtant malgré mon grand âge, les nouvelles sportives sont bien étudiées quand même, mais je regrette la selle moelleuse de mon pur-sang… Mais pas son mono-phare remplacé avantageusement par les deux optiques ach'ment efficaces.
J'ai vécu l'essai longue durée de ma carrière, j'ai la banane comme jamais. Je pense à quelques inconscients qui s'énervent à descendre leurs chronos avec des bécanes inadaptées, avec de tels outils ils feraient un de ces carton !
Demain j'irais raconter mes exploits et frimer en famille : on est plein de motards dans la tribu, jeunes et vieux, les copains des neveux viendront : ça va causer dur, et comme on est pas des chameaux les bécanes resteront parquées. Faut s'habituer, avec les nouvelles mesures gouvernementales, faire de la moto se limitera uniquement à les contempler!
Une expérience racontée par Emmanuel
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