Comparo Moto Guzzi Audace et Eldorado
Moto d'Or : l'Audace à la conquête de l'Eldorado
Après avoir présenté son 1400 California en version Aquira Nera puis Custom et enfin Touring, Moto Guzzi continue à décliner sa gamme autour du même moteur mais avec des univers différents entre l'Audace et l'Eldorado. Alors simples différences cosmétiques ou vrais modèles pour ce modèle historique qui s'est déjà vendu depuis le début de son histoire à plus de 20.000 exemplaires ?
Découverte
Si la base moteur des deux modèles est identique, l'Audace et l'Eldorado se distinguent immédiatement visuellement. Gros custom touring avec ses chromes et un guidon corne de vache, l'Eldorado renvoie à l'histoire de la marque et à la V7 GT 850 de 1971. A contrario, l'Audace avec son guidon droit et ses vraies pièces en carbone du garde boue avant à l'arrière fait entrer le motard dans le monde des muscle bikes.
Et pourtant, malgré des lignes traditionnelles, les nouveaux modèles intègrent les dernières technologies depuis les LEDs du phare avant de l'Eldorado aux LEDs du phare arrière pour l'Audace. L'énorme compteur sous un aspect lointain traditionnel abrite derrière l'écran majoritairement digital une énorme batterie de technologie avec un ordinateur de bord et même une connectivité multimédia permettant de récupérer sur une application mobile toutes les informations moteur, plus des informations de navigation, incluant le lieu où la moto a été garée en dernier.
Échappement long chromé pour l'Eldorado, échappement court presque racing pour l'Audace, chaque détail confirme une identité bien spécifique aux deux modèles.
Et quand on parle de détail, on parle également de qualité, car les deux modèles justifient pleinement leur 18.499 euros avec une finition impeccable, depuis le haut moteur peint en rouge pour l'Audace avec sa selle aux surpiqûres rouges aux freins signés brembo ou aux durites aviation avec des pièces embossées avec la marque moto Guzzi ou à l'aigle en relief présent sur le réservoir.
Mais ce qui impressionne toujours, c'est l'énorme bicylindre en V à 90° de 1380 cm3 avec son bloc central dont s'extraient les deux cylindres massifs, qui sont autant la marque de fabrique. Qui dit même moteur, dit mêmes caractéristiques normalement, ce qui est le cas jusqu'aux rapports de boîtes, identiques. Seule l'audace a un couple maximal de 121 Nm atteint plus tôt à 2750 tr/mn contre 3000 tr/mn pour l'Eldorado. Les deux modèles affichent ensuite une puissance de 96 chevaux à 6500 tr/mn.
En selle
Les pieds se posent presque à terre pour le pilote d'1,70 avec une selle basse à 740mm mais relativement large. Ceci compensant cela. Et pour ceux qui veulent vraiment avoir les pieds à plat, il existe une option à 720 mm, souvent les deux centimètres qui manquent pour être à l'aise. Sur une route plane, la béquille bien positionnée permet de redresser la moto sans effort particulier. En dévers, l'exercice est un peu plus sensible.
Sous les yeux, Audace et Eldorado présentent un compteur rond identique, avec un centre digital encadré par un compte tours analogique et tous les témoins de contrôle. Le tout est particulièrement lisible... Et surtout complet avec témoin de rapport engagé, jauge à essence précise, totalisateur, consommation moyenne et instantanée, horloge, vitesse moyenne, voltage batterie et un menu permettant non seulement d'accéder aux informations de service et de maintenance, mais de régler le niveau de rétro éclairage, la langue ou le type d'affichage de la consommation (l/100km, km/l, ou encore la même chose en notation anglo-saxonne saxonne).
Les petits et esthétiques rétroviseurs se règlent facilement, mais offrent une vision arrière réduite avec d'énormes angles morts, nécessitant de bien faire les contrôles latéraux.
Contact
Audace et Eldorado s'ébrouent avec violence, balançant de gauche à droite. Ce ne sont pas des vibrations, bien atténuées avec le montage du moteur élastiquement indépendant du cadre mais une vraie sensation de balancier liée aux énormes cylindres latéraux. Ceux qui aiment le caractère apprécieront 'the good vibes' (les bonnes vibrations).
Avec l'Eldorado, la positon est de type custom, sans excès, presque naturelle même si elle force à avoir le dos un peu plus rond que d'habitude. Les manœuvres à basse vitesse sont facilitées avec un guidon offrant une bonne prise en main avec un excellent bras de levier. On en oublierait presque les 314 kilos à sec de l'Eldorado (299 kilos pour l'Audace) grâce à un excellent équilibre global. Le rayon de braquage étant malgré tout limité, il faut quand même prévoir un peu d'espace et une route un peu large pour le faire en une fois, mais sans autant d'effort qu'on pourrait l'imaginer.
L'Audace vous plonge dans un monde plus viril. Il faut pencher le buste vers l'avant pour s'agripper à un large guidon droit et large. Du coup, les bras sont physiquement plus tendus et la facilité à prendre une courbe rendue plus difficile.
En ville
Le 1400 est un exemple de bonne volonté... capable même d'enrouler sur le sixième et dernier rapport à 50 km/h à 1500 tr/mn sans cogner ! La première permet tout autant de rester sur un filet de gaz ou même au ralenti à 12 km/h sans hoqueter et sans jouer de l'embrayage.
Pour autant, c'est le deuxième rapport qui reste le rapport idéal en ville, surtout sous la pluie, ni trop violent comme la première ni trop doux. Et comme dans l'absolu la seconde accepte de grimper à 110 km/h (sur nationale), en fait on ne touche quasiment pas aux rapports sur aucun des deux modèles.
Après un moteur à la facilité presque déconcertante, il reste un rayon de braquage limité, qui rend le gymkhana difficile entre les voitures. Le guidon large nécessite de faire attention pour les interfiles serrés et le slalom entre plusieurs files entre des véhicules à l'arrêt entraîne une fatigue notable quand il faut quand même manœuvrer les 320 kilos moyens (en fonction du plein et du modèle). Eldorado et Audace sont alors très proches de la maniabilité d'un très gros custom, quelle que soit la marque.
Sur autoroute
Une simple rotation de la poignée droite propulse virilement Audace et Eldorado à 110 km/h sur le deuxième rapport, seul rapport nécessaire sur nationale. La troisième prend alors le relais pour permettre de dépasser déjà les vitesses légales. Sans bulle, on s'accroche alors au guidon de l'Audace. Avec une position moins typée, l'Eldorado permet de proposer une bonne vingtaine de kilomètres heure de mieux au niveau confort même s'il est possible de titiller les 200 km/h au taquet. Stables, les deux modèles s'inscrivent naturellement en grande courbe, sans dévier ni élargir. C'est alors le moment d'actionner le régulateur de vitesse du commodo droit et de profiter du paysage.
Sur départementale
De retour sur départementale, l'Eldorado retrouve son aisance sur petites routes. Elle trouvera ses limites uniquement dans les petites routes de montagne lorsqu'il faut enchaîner les virages en épingle, avec un vrai travail pour ne pas se laisser emmener par les 320 kilos et serrer une trajectoire sans déborder du mauvais côté de la route. L'Audace trouve ses limites beaucoup plus tôt et n'a pas besoin des épingles pour demander du travail et des efforts pour l'emmener. C'est alors que l'on prend conscience que ce n'est pas une moto instinctive pardonnant tout et se dirigeant presque uniquement au regard. Il faut anticiper, se préparer, travailler une trajectoire et s'y tenir... Tout en arrivant assez vite aux limites du motard lambda (moi) pour ne plus pouvoir accélérer le rythme.
L'Eldorado s'en sort malgré une apparence plus massive beaucoup plus facilement et permet un rythme plus soutenu en acceptant d'être davantage malmenée pour finalement mieux s'inscrire en courbe, abordant y compris les épingles plus rapidement.
Il reste enfin à choisir son mode de conduite, l'électronique s'adaptant à l'humeur de son pilote ou tout simplement à la météo. Car Eldorado et Audace partagent le même système de "Ride by Wire", avec trois réglages depuis le traditionnel mode pluie ici appelé "pioggia" aux modes Turismo et Véloce, ce dernier étant le plus sportif.
On notera que le mode Veloce correspond mieux à l'Audace d'autant plus que le modèle atteint déjà son couple maximal plus tôt que l'Eldorado. Au final, les sensations sont bien au rendez-vous avec des accélérations puissantes et viriles. La philosophie de l'Eldorado s'accommodera mieux du profil "tourisme" offrant un excellent équilibre entre puissance, reprises et agrément de conduite au quotidien.
Quand au mode pluie, il enlève environ 25% de puissance, ce qui associé à l'antipatinage, permet de rester en ligne sans avoir besoin de doser en permanence. Car sinon, même en mode tourisme et sur les fortes accélérations, sur le mouillé, on arrive à faire chasser sensiblement l'arrière quand la cavalerie arrive et il y en a réellement sous la poignée droite.
Freinage
Freins brembo, dual Abs, antipatinage avec le système de traction moto Guzzi, le freinage offre feeling et puissance, à tel point qu'il faut doser le freinage notamment du frein avant même si l'ABS veille au grain. Car sur le mouillé, avec la puissance et le couple disponibles très tôt, combinés avec un poids non négligeable, amènent facilement à des amorces de glisse, toujours en douceur, mais demandant un minimum de maîtrise. Par contre, fourche avant et amortisseurs arrières fonctionnent excellent bien de concert, n'entraînant aucun déjaugeage particulier, même en cas de freinage musclé.
Confort
Les suspensions associées à une selle confortable assurent un excellent confort, quelle que soit la qualité de la route, gommant très bien les irrégularités. Seule le strapontin du passager limitera dans la configuration initiale les possibilités de partir à deux très loin avec de longues distances.
Consommation
Lors de l'essai la consommation moyenne affichée par l'ordinateur de bord était de 8,4 litres au cent, avec une consommation instantanée pouvant monter à 16 litres sur les premiers rapports pour descendre aux environs de 5 litres au cent sur le dernier rapport, particulièrement souple. Avec un réservoir de 20,5 litres, le tout offre une autonomie variant ainsi entre 250 et 300 km, en fonction du rythme de conduite.
Attention lors du plein : le bouchon de réservoir se détache, car il n'est pas monté sur vérin.
Pratique
N'espérez aucune place sous la selle pour aucun des modèles. Par contre, Moto Guzzi vient de sortir un énorme catalogue d'accessoires, avec pas moins de 4 univers différents pour répondre à tous les goûts et aussi toutes les bourses. Des pièces de personnalisation pouvant aller jusqu'au cale pied, vous trouverez également des sacoches latérales ainsi que toute la collection de vêtements siglés de la marque allant jusqu'à une ligne complète de casques jet en fibre réellement bien dessinés.
Moto Guzzi l'assure, les accessoires ont été pensés en même temps que le développement des modèles et non pas une fois que le modèle était terminé. Ceci en fait des pièces comptant à part entière dans toutes les customisations possibles du 1400. Et ce ne sont pas les 230 pages du catalogue qui me contrediront !
Il reste ensuite l'application multimédia disponible pour mobile qui permet d'obtenir toutes les informations moteur, plus un GPS, plus le manuel, plus des informations comme le réglage du shift light ou un indicateur d'ecoride ou le plus utile le "cherche ma moto" car enregistrant automatiquement le dernier endroit où la moto a été arrêtée. Comptez quand même 160 euros pour le système auxquels il faudra rajouter 60 euros d'installation; pas très cher si l'on compare aux prix pratiqués dans l'auto.
Conclusion
Finition de qualité, look unique, Moto Guzzi embarque avec ses deux modèles dans deux univers aussi riches et variés, invitant à une autre manière de voyager. Ce n'est plus une simple moto, mais un art de vivre et des sensations, libre du choix et des envies du motard. Ceux qui veulent une machine utile, c'est à dire facile à conduire et capable d'emmener loin pour un voyage en duo choisiront l'Eldorado qui renoue avec la tradition de façon moderne. Ceux qui veulent autant un muscle Bike qu'un show Bike où l'important est de se faire plaisir le week end avec une moto qui délivre de vraies sensations et un art de vivre très loin de la bourre entre amis en montagne choisiront l'Audace. Et les deux modèles étant exactement au même prix à 18.499 euros, le choix reposera vraiment sur l'émotion suscitée en les voyant et à la manière de concevoir le ride idéal. Ou alors, à force d'hésiter, le motard désireux de voyager encore plus loin reviendra sur la California Touring entièrement équipée pour à peine 900 euros de plus, une autre alternative ailée pour l'aigle de Mandello pour un voyage vers les cités d'Or...
Points forts
- moteur avec 3 cartographies
- look
- partie cycle
- rapport qualité/prix
Points faibles
- aspects pratiques
- consommation
Commentaires
A essayer... et puis plus grosse diffusion pour la motorisation signifiera surement des pièces plus facilement disponibles...
26-05-2015 21:56