24 heures Motos : le circuit Bugatti, théâtre d’endurance
Premier coup d’envoi en 1978 pour concurrencer le Bol d’Or
Moto Revue a le Bol d’Or, Moto Journal mise alors, dès 1978, sur une nouvelle épreuve, les 24 heures du Mans moto. Suite à cette décision, le Bol migre vers le sud et laisse la place à la nouvelle épreuve mancelle, qui préfère le circuit Bugatti au long circuit des 24 heures auto, une épreuve bien ancrée dans la culture des sports mécaniques.
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Comment l’épreuve moto, elle aussi organisée par l’Automobile Club de l’Ouest (ACO) à l’instar des 24 heures auto, a-t-elle fait pour se faire une place face à ces deux autres piliers de l’endurance ?
Les Français démarrent sur des chapeaux de roues
La première édition des 24 heures du Mans moto débute le 22 avril 1978, distinguant deux catégories, les prototypes et les silhouettes – désignation de machines de série, sous un soleil de plomb. Pour cette première édition et quelques suivantes, les équipages sont composés de deux pilotes. C’est le cas jusqu’en 1982 et en 1984.
Dans les médias, le rêve de voir un outsider titiller la Honda d’usine se manifeste, l’adage du « tout peut arriver en endurance » leur venant d’entrée de jeu à l’esprit. A l’époque, TF1 diffuse l’arrivée de la course dans Sports Première et les motards sont au rendez-vous sur place. Au fil des années, ils prennent même le contrôle de la piste à certains instants, ne laissant pas les motos franchir la ligne d’arrivée au bout des 24 heures de course !
Malgré cette volonté de voir la Ducati 860 du duo Salvador Cañellas et Benjamin Grau, première de la catégorie silhouette et cinquième au général, ce sont deux Français qui s’imposent au guidon de la Honda 997 RCB officielle, Jean-Claude Chemarin et Christian Léon. Ils s’imposent à nouveau l’année suivante et Honda glane un troisième succès en 1980, avec au guidon cette fois Hervé Moineau et Marc Fontan.
En 1981, Jean-Claude Chemarin se dote d’une nouvelle machine et d’un nouveau bras droit : Christian Huguet et la Kawasaki 1000J l’accompagnent vers la victoire. L’année suivante, Suzuki remporte sa première victoire en GS 1000 R avec Pierre-Etienne Samin et Dominique Pernet.
Le palmarès des 24 heures a quasiment toujours vu au moins un Français triompher dans les équipages. Les deux exceptions remontent à 1984 avec la victoire de la Suzuki GSX-R des Néerlandais Dirk Brand et Henk Van der Mark et 1992 avec les deux Britanniques Terry Rymer et Carl Fogarty, accompagnés du Belge Michel Simul.
Les constructeurs japonais ont la cote
Aux 24 heures du Mans, toutes les victoires reviennent aux constructeurs japonais. En 2018, Kawasaki a 13 victoires, Suzuki 12, Honda 11 et Yamaha 4.. Suzuki peut également recoller, mais Yamaha, victorieuse pour la troisième fois en 2009 avec le trio Gwen Giabbani, Steve Martin et Igor Jerman, est loin derrière malgré deux succès dans les années 2000 avec la victoire en 2005 de David Checa, William Costes et Sébastien Gimbert.
Si Suzuki est le constructeur qui s’est le plus imposé dans cette décennie 2000, Kawasaki est fort de plusieurs victoires consécutives depuis 2010 avec la ZX-10R. A chaque fois, Julien da Costa et Grégory Leblanc sont au rendez-vous, escortés jusqu’en 2011 par Olivier Four et en 2012 par Freddy Foray. Gregory Leblanc a depuis rejoint Honda.
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Cette déferlante japonaise au niveau des motos ne s’est pas ressentie dans le palmarès des pilotes vainqueurs. En 2004, le Japonais Keiichi Kitagawa s'est imposé au guidon d’une Suzuki GSX-R avec à ses côtés le Français Stéphane Chambon et l’Australien Warwick Nowland. A l’heure actuelle, il est le seul représentant nippon du côté des pilotes à avoir décroché ce Graal.
Le déroulement d’un long week-end
Le mercredi, les vérifications techniques sont à l’épreuve. L’administration, en quelque sorte une tradition française, bénéficie elle aussi de ses vérifications : le pilote et sa moto doivent être autorisés à courir avec les bons équipements et éléments. Un gage de qualité et de sécurité essentiel, même s’il s’agit évidemment d’un aspect un peu rébarbatif pour les acteurs.
La journée du jeudi, la tension monte d’un cran avec les essais libres et les premiers essais qualificatifs. Les photographes peuvent se régaler à réaliser des photos de nuit avec les premiers essais nocturnes. La fête foraine en arrière-plan ajoute un cachet supplémentaire aux clichés et à l’expérience des spectateurs présents.
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Pour les pilotes, la journée du vendredi en piste n’est pas fournie. Elle se limite en effet à la deuxième séance de qualifications, qu’il ne faut pas négliger – au même titre que la première – car la grille se détermine selon une moyenne des meilleurs temps des deux séances. En soirée, les animations sont nombreuses et les spectateurs bénéficient de la découverte des stands. L’ACO sait y faire et dispose de l’expérience des 24 heures auto pour offrir une expérience inédite, au plus près des acteurs…
Le samedi, c’est l’effervescence. Le warm up fait monter les machines et les cœurs dans les tours avant le départ des 24 heures, donné à 15 heures, un moment toujours phare. Tous les départs de course sont spéciaux, les passionnés le savent. C’est le moment à ne pas manquer, les moins passionnés le regardant avec enthousiaste avant de tomber dans les bras de Morphée, au grand dam de ceux qui ne jurent que par le spectacle en piste. La soirée et la tombée de la nuit approchent vite, plus vite qu’en juin pour l’épreuve auto. Les concerts battent leur plein et le spectacle se prolonge jusqu’au bout de la nuit et au petit matin, le moment idéal pour vérifier que les concurrents sont toujours fidèles au poste.
Le dimanche, au lever du jour, on n’a certes pas encore retrouvé les braves endormis de la veille mais les passionnés ont les paupières lourdes mais n’en ratent toujours pas une miette. On retrouvera les endormis pour l’arrivée, enclins à poser des questions sur les vainqueurs et à observer l’arrivée, un temps tout aussi fort que le départ où le dénouement est enfin connu… avant l’année prochaine !
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Si l’épreuve fait figure de clôture du championnat du monde d’endurance et que le titre est encore en jeu, le spectacle fait coup double à cette occasion ! Entre 2002 et 2005, l’épreuve est toutefois sortie du championnat du monde avec la création du Master of Endurance, qui regroupe alors le Bol d’Or, les 24 heures du Mans et les 24 heures de Liège.
Les 24h du Mans deviennent ensuite 24h motos pour mieux se distinguer des 24h voitures. Et après être passé en fin de saison en septembre, l'épreuve mancelle revient au début du printemps et regrimpe en termes de fréquentation avec plus de 70.000 spectateurs chaque année et notamment depuis 2016.
Après quelques années de désaffection, l'épreuve est redevenue une épreuve internationale d'un championnat mondial, avec 32 motos qui font l'ensemble du Championnat et 12 nationalités différentes en 2018, puis 35 motos qui font l'ensemble du Championnat en 2019 avec 16 nationalités différentes. Du coup, le niveau sportif est monté d'un cran, notamment en autorisant moins d'écarts de performances entre les premiers et des derniers, qui ne peuvent désormais plus être supérieurs à 107% contre officiellement 110% avant officiellement, mais souvent plus dans la réalité. Les demandes de participations affluent et l'édition 2018 a reçu 76 demandes, pour 60 places, commençant une véritable sélection en dehors des tests pré-Mans.
Les 24h motos 2020, ce sera les 18 et 19 avril.
Anniversaire : 40 ans
Pour ses 40 ans, l'épreuve mancelle met ses pilotes à l'honneur avec une rétrospective sur 12 d'entre eux, dont Gérard Jolivet avec son record de participations : 25, jusqu'à sa dernière course en 2006 à... 49 ans ! Mais on retrouve les pilotes qui ont remporté 5 fois l'épreuve comme Alex Vieira ou Gregory Leblanc.
Les 24 Heures Motos en chiffres
- Record du tour : 1'35.730 - Randy de Puniet - Kawasaki ZX-10R - 2017
- Record de distance : 3.599,1 km - GMT94 Yamaha - Yamaha YZF-R1 - 2017
- Meilleur team : Suzuki Endurance Racing Team - 9 victoires
- Meilleurs pilotes : Alex Vieira et Grégory Leblanc - 5 victoires chacun
- Meilleur constructeur : Kawasaki - 13 victoires
Palmarès des 24 Heures Motos
Année | Equipage | Moto |
---|---|---|
1978 | Léon - Chemarin | Honda RCB |
1979 | Léon - Chemarin | Honda RCB |
1980 | Fontan - Moineau | Honda RCB |
1981 | Huguet - Chemarin | Kawasaki 1000 J |
1982 | Samin - Pernet | Suzuki |
1983 | Cornu - Coudray - Pellandini | Kawasaki 1000 S |
1984 | Van der Mark - Brand | Suzuki GSX |
1985 | Bertin - Millet - Guichon | Suzuki GSX |
1986 | Coudray - Igoa - Vieira | Honda RVF |
1987 | Sarron - Battistini - Mattioli | Honda RVF |
1988 | Vieira - Bouheben - Mattioli | Honda RC 30 |
1989 | Vieira - Mattioli - Burnett | Honda RC 30 |
1990 | Vieira - Mattioli - Mertens | Honda RC 30 |
1991 | Monneret - Bonhuil - Nicotte | Yamaha FZR |
1992 | Fogarty - Rymer - Simul | Kawasaki ZXR |
1993 | Veille - Morillas - Morrison | Kawasaki ZXR |
1994 | Rymer - Morillas - Battistini | Kawasaki ZXR |
1995 | Vieira - Nicotte - Morrison | Honda RC 45 |
1996 | Bontempi - D'Orgeix - Morrison | Kawasaki ZXR |
1997 | Gomez - Polen - Goddard | Suzuki GSX-R |
1998 | Sebileau - Paillot - Jerman | Kawasaki ZX7 RR |
1999 | Sebileau - Hislop - Walker | Kawasaki ZX7 RR |
2000 | Costes - Charpentier - Gimbert | Honda VTR SP1 |
2001 | Guyot - Scarnato - Dusseauge | Suzuki GSX-R |
2002 | Bayle - Dusseauge - Gimbert | Suzuki GSX-R |
2003 | Morrison - Dobe - Philippe | Suzuki GSX-R |
2004 | Chambon - Kitagawa - Nowland | Suzuki GSX-R |
2005 | Gimbert - Costes - Checa | Yamaha YZF-R1 |
2006 | Protat - Four - Ribalta Bosch | Honda CBR1000RR |
2007 | Costes - Dietrich - Neukirchner | Suzuki GSX-R |
2008 | Costes - Dietrich - Veneman | Suzuki GSX-R |
2009 | Giabbani - Jerman - Martin | Yamaha YZF-R1 |
2010 | Da Costa - Four - Leblanc | Kawasaki ZX-10R |
2011 | Da Costa - Four - Leblanc | Kawasaki ZX-10R |
2012 | Da Costa - Foray - Leblanc | Kawasaki ZX-10R |
2013 | Leblanc - Foret - Salchaud | Kawasaki ZX-10R |
2014 | Philippe - Delhalle - Nigon | Suzuki GSX-R |
2015 | Philippe - Delhalle - Masson | Suzuki GSX-R |
2016 | Leblanc - Lagrive - Foret | Kawasaki ZX-10R |
2017 | Checa - Canepa - Di Meglio | Yamaha YZF-R1 |
2018 | Foray - Hook - Techer | Honda CBR1000RR |
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