Se préparer avant un long voyage
Au moment des vacances, les vérifications à faire sur la moto, les bagages, l'itinéraire...
Qui veut voyager loin ménage sa monture... et son pilote
Vacances pendant l'été... ou durant l'été indien qui se profile. On a toujours une bonne raison d'aller tailler la route à moto et comme le mentionnait avec une délicatesse extrême une enseigne de hamburgers franco-belge il y a une vingtaine d'années à propos d'un truc bourratif aussi riche en cholestérol qu'en sous-entendus : "plus c'est long, plus c'est bon". Car n'oublions pas mes frères (et mes sœurs), au Royaume de la Motardie, seule la Route reconnaîtra les siens.
Mais pour en profiter pleinement et ne pas finir en dépanneuse, voici quelques conseils qu'il pourrait être judicieux de suivre.
En premier lieu, la moto !
Parce que Lucky Luke n'aurait jamais pensé traverser le Far West à la recherche des Dalton sans prendre le plus grand soin de Jolly Jumper, vous ne partirez pas sans une vérification intensive de votre moto. On sait que la plupart des motards sont amoureux de leur machine, avec laquelle ils entretiennent une relation fusionnelle à base de petits mots d'amour, d'essence à fort taux d'octane et de nettoyage au coton-tige, mais il faut aussi savoir laver son linge sale en famille et reconnaître que certains d'entre-nous ne consacrent à leur machine qu'un lointain et fort désintéressé coup d'œil annuel.
Notre éminent collaborateur, le bon Docteur Robert, vous a déjà proposé une ordonnance fort complète à propos de ce qu'il faut vérifier sur sa moto avant de partir. En synthèse, voici les points principaux :
- Les pneus : ils doivent être encore loin de leur témoin d'usure situé sur la bande de roulement. Vous veillerez à ce qu'ils soient à la bonne pression (au besoin ajustez à la charge d'un passager et de bagages). Estimez la durée de vie restante de vos pneus en croisant cette donnée avec le fait que chaleur et charge (plus, souvent, des revêtements plus granuleux et abrasifs et des températures de bitume plus élevées dans les départements du Sud que du Nord de la France) et posez vous la question de savoir si vous ne devriez pas plutôt partir avec des pneus neufs. Parce que de trouver un pneu arrière de (au hasard) une Triumph Rocket III le 20 août au fond de la Corrèze sera plus compliquer que de choper un Pokemon Go sur les Grands Boulevards parisiens.
- La transmission : tension, réglage et graissage doivent être au top au moment du départ. Là aussi, prohibez le kit chaîne en fin de vie en vous disant que, "bah, ça tiendra bien le coup..."
- Les freins : une moto chargée sollicite beaucoup plus son système de freinage et si vous attaquez des cols avec 70 kilos de passager et 30 kilos de bagages, le comportement de la machine sera différent de ce que vous connaissez. Les plaquettes doivent être en bon état et souvenez-vous qu'un liquide de frein se purge tous les deux ans.
- Les suspensions : si elles ont réglables, adaptez la précharge à la masse supplémentaire que vous allez transporter. Freinez également un peu la détente, sous peine d'être au guidon d'un vrai cheval à bascule.
- Le moteur : états des dernières vidanges et révisions font partie des données fondamentales... et non négociables, sauf à aimer l'aventure et maltraiter de la mécanique. Sachez que sur un moteur refroidi par air, une légère surconsommation d'huile est à prévoir par forte chaleur ; même phénomène pour des mécaniques un peu âgées soumises à de longs trajets autoroutiers.
Ensuite, les bagages !
Quand on a un break Volvo, les vacances, c'est facile : on jette tout dans la soute et hop ! Mais le break Volvo manquera toujours de sex appeal par rapport à une moto qui, en contrepartie, devra caser ses bagages avec parcimonie : 20 litres dans la sacoche de réservoir, 30 litres dans le top case, 20 litres dans les sacoches latérales : on parle bien entendu dans le meilleur des cas.
Et comme on ne peut pas tout emporter, on doit faire des choix sans pour autant oublier quoi que ce soit, d'où l'importance de la checklist de voyage qui inclut la trousse à pharmacie.
Les deux mamelles du bon chargement sont les suivantes : centrer les masses, limiter les porte à faux et sécuriser les arrimages. Tous les objets lourds devront être placés le plus près possible du centre de gravité de la moto : la sacoche de réservoir est donc idéale pour partir avec votre machine à écrire ou votre collection de bronzes médiévaux. Les objets légers (vêtements...) dans le top case. Le matériel souple (genre camping) devra être solidement accroché...
Aller faire un petit tour avec la moto chargée, pour la prendre en main la veille du grand départ, est loin d'être une mauvaise idée...
Après : la route ou la Route ?
Il y a deux façons de vivre la route : la subir ou l'apprécier et dans ce cas elle prend une dimension mystique qui lui vaut, dans ce cas, une majuscule. Mais la vivre en grand n'est pas donné à tout le monde : il faut pour cela une âme d'épicurien et savoir ouvrir ses chakras. Péage ou virage, à vous de choisir, en sachant que le Repaire est aussi là pour vous aider avec ses 1200 road-books. Savoir planifier son itinéraire en fonction de la météo est un art ; ne pas négliger les arrêts essence est une nécessité, savoir contourner les grandes agglomérations est une élégance. GPS ou carte routière, à chacun sa religion...
N'oublions pas l'essentiel : vous !
Fatigue, bruit, éléments météo... voire même ennui du long ruban monotone ou stress de conditions de route inhabituelles : la longue route met le motard rude épreuve. Il va donc falloir l'aborder dans les meilleures conditions, avec un équipement étanche et respirant et, sous prétexte de chaleur éventuelle, ne pas négliger les fondamentaux (bottes, gants renforcés) : le coût de la pizza est toujours plus élevé quand on ne l'a pas commandée. Contre la chaleur : une seule solution, l'hydratation régulière (de l'eau, jamais d'alcool et pas trop de café) ; contre l'ennui, les pauses. Contre le bruit : les bouchons d'oreille. Le port d'une ceinture lombaire est un plus.
Ne négligez pas non plus votre passager : sauf sur quelques rares machines, il sera en général moins bien installé que vous. Il faut aussi prévoir les pauses en fonction de son état de fatigue, car lui aussi subit le vent, la fatigue, le bruit, les vibrations et les mouvements de la moto et tout cela de manière passive.
Lors des longs relais autoroutiers, n'hésitez pas à bouger un peu sur la moto pour lutter contre l'ankylose : s'avancer ou se reculer sur la selle, déplier les bras ou les jambes permettront à vos muscles de se dégourdir.
Rares sont les motos qui ont plus de deux heures de route d'autonomie : il est prévoyant de s'arrêter régulièrement pour se reposer et regagner de la concentration.
Dans les régions montagneuses, soyez attentifs aux changements brutaux de météo. Passer de l'adret à l'ubac peut vous faire perdre 15 degrés en deux minutes. Ayez toujours un tour de cou ou un coupe-vent à portée de main.
Avant le voyage, soyez sûr de partir reposé ! Se taper 800 kilomètres de petite route en ayant dormi 3 heures la veille multiplie de manière exponentielle votre accidentologie.
Le détail qui tue
Certains motards prévoyants n'hésitent pas à planquer un double de clés (un oubli, une perte, un vol, ça arrive...) dans un endroit bien caché, genre renfort de cadre... Une bombe anti-crevaison dans le top case est un plus.
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