Comment franchir un gué ou une rivière
Profondeur, courant, obstacles, pression des pneus, gestion de l'accélérateur...
Tous nos conseils pour passer dans l'eau, les pierres et les trous sans vous titaniquer
L'être humain a ceci de génial (et de nettement supérieur aux autres espèces) qu'il est capable de détruire ce qu'il a auparavant construit. Prenez le pont, par exemple : c'est super compliqué à construire si l'on veut que ce soit solide et durable et l'invention moderne des ponts remonte aux Romains. On peut classer les ponts en 5 familles : voûtés, à poutre, en arc, suspendus et haubanés. Voilà, c'était la rubrique "étend ta culture générale grâce au Repaire des Motards".
Et puis, avec l'invention de la dynamite, l'Homme, en fonction des aléas géopolitiques a consacré une partie importante de son énergie à faire sauter des ponts. C'est toujours spectaculaire, un pont qui saute. Il y en a plein dans les films de guerre, c'est encore plus chouette quand un train passe dessus à ce moment-là.
Sans aller jusqu'à ces extrémités, les ponts existent pour franchir des vallées, des obstacles et surtout, des cours d'eau. Ce sont à ces derniers que nous allons nous intéresser. Car comment faire si le pont a sauté ou disparu ? Et s'il n'y en a jamais eu ? Hein, comment le traverser, ce cours d'eau ?
En approche : sonder le terrain
Donc, vous vous baladez tranquille, peinard, l'âme bucolique et l'humeur joyeuse, sur un petit chemin ou une petite route goudronnée et là, paf, plus de pont ! Mais une belle rivière à traverser. Ne rigolez pas, cela arrive plus souvent qu'on ne le pense. Oh, certes, pas en île-de France, mais en Islande, au Maroc ou au Mozambique et dans bien d'autres pays, vous y serez confronté si vous sortez un peu des sentiers battus.
Un cours d'eau n'est pas une frontière naturelle infranchissable, mais avant de s'engager, il va falloir quand même sérieusement étudier le terrain. Quelle est la force du courant ? La profondeur ? Est-ce que celle-ci est régulière, ou risque-t-on de tomber sur un trou ou une déclivité une fois au milieu ? Quelle est la nature du sol ? Pierres ? Cailloux ? Mousses ? Branches d'arbres enchevêtrées ? Il faut savoir lire la rivière : si un tourbillon ou des remous apparaissent en surface, sachez qu'en profondeur, il y aura forcément un obstacle.
De deux choses l'une : soit la rivière est étroite et peu profonde et, de visu, vous sentez que c'est possible. Soit ce n'est pas le cas et là, il va falloir construire un plan.
Ce plan passe par un repérage pédestre à l'issue duquel vous aurez identifié la profondeur et les obstacles et d'où vous serez revenu avec une trajectoire incluant la force du courant. Pour le point de sortie, visez un peu plus en amont que l'objectif de sortie : si le courant vous pousse, vous arriverez pile au bon endroit. Oui, ça mouille un peu les orteils, mais vaut mieux ça qu'une moto qui se titanique.
Il faut savoir aussi qu'à l'impossible, nul n'est tenu et que si le gué est un peu compliqué (jusqu'à 20 à 30 cm de profondeur, un gué reste relativement facile, de 50 à 60 cm, c'est plus technique et au-delà, c'est vraiment compliqué), il est préférable de ne pas se lancer tout seul et d'avoir des collègues à proximité pour vous secourir au cas où...
Une fois que c'est en ordre et que vous êtes certain que le niveau d'eau restera en-dessous des orifices d'admission et d'échappement, vous pouvez vous préparer. En tenant compte de ce dernier détail : pour gagner en adhérence, vous aurez tout intérêt à dégonfler vous pneumatiques, à environ 1,5 bar.
En action : de la constance et de la détermination
Quand faut y aller, ben, faut y aller. Car s'il est bien un endroit où il est difficile de faire demi-tour au milieu, c'est bien le cours d'eau. Il faut donc de la détermination. Mais pas de précipitation. On entre dans l'eau doucement, afin de limiter le choc thermique avec les parties chaudes de la moto.
Une fois dans l'eau, il faut y aller. Les grandes règles de la conduite en tout-terrain s'appliquent alors : il faut regarder loin et pas devant sa roue, accélérer légèrement mais avec constance permet de garder du pouvoir directionnel (couper les gaz est le meilleur moyen de planter l'avant de la moto) et les obstacles se franchissent mieux grâce à l'accélération. Si vous avez bien préparé votre coup, ça doit passer tout seul.
Attention, si vous accélérez trop fort, çà se cabre et là, tout dépend de votre maitrise du wheeling.
Et si ça se passe mal ?
Vous hésitez, vous calez, vous tombez : que faire si ça se passe mal ?
Le courant est plus fort et les cailloux et racines sont moins franchissables que prévu ? Dans ce cas, le pragmatisme doit l'emporter sur le style et l'élégance. Aidez-vous avec vos pieds pour vous relancer en conservant l'équilibre. Au pire, descendez de votre moto en vous mettant en aval de votre moto par rapport au courant et en la calant contre votre bassin pour lui offrir la prise la plus solide. Là, en première et en jouant de l'embrayage, visez la sortie au pas à pas...
Si vous calez, attention à vérifier que les orifices d'échappement et d'admission sont nettement au-dessus du niveau d'eau, car il y a alors un risque que de l'eau s'introduise dans le moteur en cas de redémarrage. Et si la moto chute, il faut immédiatement couper le contact au coupe-circuit et la trainer ensuite sur la berge pour constater l'étendue des dégâts. Si de l'eau est entrée dans le moteur, il faut l'évacuer en retirant les bougies et en la faisant sortir par des petits coups de démarreur.
Sur l'autre berge
Si vous êtes sur l'autre berge, c'est que la mission a été réussie. Vous allez pouvoir attendre vos collègues en prenant des photos : car c'est joli, un passage de gué. Ça fait de belles photos, avec des éclaboussures partout ! Vous serez aussi disponible, prêt à leur porter assistance au besoin.
Et au moment de repartir, ne pas oublier de remettre les pneus à la bonne pression. Ni que des freins, mouillés, demanderont quelques pressions sur les leviers pour fonctionner efficacement.
Commentaires
C'est article est d'actualité dans beaucoup région en ce moment, ca tombe à pic
01-06-2016 18:00un article de saison
01-06-2016 21:01ce n'est pas la peine de monter aux sommets des Andes ou des Indes, Est-ce que cela est aussi efficace à Nemours ou à Montargis? Sinon ça vaut la peine d'essayer sur un passage que l'on connait avant.
Tuto sympa et utile. Le conseil le plus important me paraît « s'assurer que l'on n'est pas seul » (sauf si l'on est un aventurier formidable qui fait des raouts de 45000 km).
01-06-2016 21:33