Conduire sa moto par grand vent

Attention aux conditions qui deviennent difficiles à partir de force 7

Tous nos conseils pour affronter Eole, Mistral et Tramontane avec brio

Vous connaissez Beaufort ? Non, pas le fromage ! L'amiral. En effet, on doit à l'amiral britannique Francis Beaufort (1774 - 1857) d'avoir mis en place, en 1805, une échelle de mesure de la force du vent, comportant 13 degrés (de 0 à 12, donc). Sachez que jusque 6, on considère que ça va à peu près ; encore que, à 6, déjà, on entend siffler le vent, les grandes branches des arbres s'agitent et les parapluies peuvent se retourner.

A partir de 7, par contre, ça devient sérieux, puisque l'on considère que tous les arbres se balancent et que la marche contre le vent peut commencer à devenir difficile. Si le marin kiffe l'amiral, le motard le craint et à juste titre. Voici donc quelques conseils utiles pour tailler sa route dans la bourrasque !

Panneaux A24

Dans les endroits où le vent est fréquent, des panneaux de signalisation A24 signalent le vent latéral à environ 150 mètres en campagne et 50 mètres en agglomération. Des manches à air complètent le dispositif afin de signaler l'intensité du vent latéral.

Gouverner, c'est prévoir

Le mieux, c'est déjà de savoir à quoi s'attendre : regardez donc la météo avant un trajet important et n'hésitez pas à le reporter si vous sentez que les conditions vont être dantesques. Si c'est impossible, alors il va falloir vous préparer.

D'abord, la tenue : vêtements chauds et bien taillés (pas de vêtements trop bouffants, ni blouson taillé trop court et qui vous dégage le bas du dos), c'est essentiel. Ne négligez pas les effets du vent sur le refroidissement du corps et l'accentuation de la fatigue. De même, on prendra soin de porter des bouchons d'oreille car le vent va rendre votre casque plus bruyant que d'habitude. Puisque l'on parle de casque, on apportera aussi de l'attention à sa vision. Se protéger les yeux des poussières est essentiel.

Eviter tout ce qui fait prise au vent

Ensuite, il y a la question de la moto. Si vous avez plusieurs motos dans le garage, prenez celle qui a le centre de gravité le plus bas et le moins de prise au vent. Top case, valises latérales, tablier, grosses bulles ou bulles adaptables posées sur le guidon sont autant de sources de perturbations aérodynamiques. Du coup, si vous n'en avez pas réellement besoin, il peut être judicieux de les démonter.

Lire le paysage

La malice du vent réside dans ses bourrasques : ce n'est pas un phénomène linéaire et les saccades des masses d'air peuvent représenter 40 % de force supplémentaire. Du coup, il est nécessaire de bien comprendre son environnement afin d'anticiper du mieux possible les changements de force du vent, qui peuvent donner l'impression de vous déstabiliser.

Ainsi, il est préférable de savoir comprendre ce qui va vous secouer : un camion croisé, qui va vous provoquer un gigantesque appel d'air. Une trouée dans la végétation, dans une forêt, un terrain vague après un immeuble, un gros talus, un pont qui va temporairement vous protéger avant de vous renvoyer d'autant plus brutalement dans la tourmente. Du coup, toujours dans une même logique d'anticipation des mouvements de la moto, on roulera de préférence au milieu de sa voie, ce qui permet à la moto d'éventuellement faire des écarts avec moins de conséquences. Bien entendu, on pensera aussi à réduire sa vitesse, encore plus si la route est mouillée.

Naturellement, lors de grands vents, il est possible de retrouver sur la route, des branches, des objets voire des arbres. Il encore plus important d'adapter son allure afin de rester maître de sa moto et pouvoir freiner à temps, notamment en abordant un virage sans visibilité, qui peut cacher un obstacle au milieu de la route.

Comment lutter ?

Que votre moto se mette à bouger, à s'incliner, il va falloir s'y habituer. Le cas de figure le plus impressionnant, c'est un vent de travers constant, qui va vous obliger à rouler avec de l'angle en ligne droite. Sans grandes bourrasques, c'est plutôt facile, finalement.

Il ne faut pas s'accrocher à sa machine comme un pendu, à s'en faire blanchir les phalanges tellement on est crispé. Au contraire : on la tient fermement avec les genoux, mais le haut du corps est plus souple. On gagnera même à se "compacter" un peu sur la moto, à s'abaisser et se pencher un peu vers l'avant pour réduire la prise au vent ; le passager éventuel veillera à vous "coller" un peu, pour ne pas laisser de prise au vent entre vous deux.

Coudes un peu pliés, comme en tout-terrain, on laisse la moto osciller un peu, tout en la tenant aux gaz et en contrebraquant si nécessaire. Aux gaz, disions-nous : le fait de l'asseoir un peu sur l'arrière va la stabiliser, notamment quand vous aurez anticipé des rafales (croisement d'un poids lourd ou autre). De fait, plutôt que de rester à bas régime sur le dernier rapport, on peut rétrograder, prendre un peu plus de tours et compter sur une machine plus réactive.

Attention à la fatigue

Enfin, ne sous estimez pas la fatigue que représente le roulage dans ces conditions. Des pauses régulières et une alimentation chaude sont alors nécessaires. Dernier cas de figure, certes peu courant mais à ne pas négliger : attention en cas de roulage sur circuit, le vent peut vous déporter voire vous "balayer" lors de la prise d'angle maxi (c'est le cas en Moto3, avec des petites machines très légères posées sur des pneus très fins).

Alors, vous vous sentez prêt ? Sinon, abandonnez la moto et mettez-vous au bateau. Le catamaran par force 10, c'est vraiment le pied ! Allez, bon vent...

Tableau des forces du vent

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