Le CNSR milite pour des infrastructures adaptées aux 2-roues
Neuf recommandations du Conseil National de Sécurité Routière à l'attention du gouvernement
Infrastructures inadaptées, lutte contre alcool / drogues / médicaments / smartphones, reconnaissance des blessés graves et blessures psychologiques ...
Instance regroupant l'ensemble des acteurs intervenant dans la sécurité routière, le Conseil National de la Sécurité Routière (CNSR) s'est réuni cette semaine en séance plénière pour présenter une nouvelle série de neuf recommandations à l'attention du Gouvernement.
Avec ces différentes recommandations, le CNSR appuie un peu plus sur différents sujets souvent abordés ces dernières années à commencer par la lutte contre le téléphone au volant, la conduite sous influence ou la prise de médicament ou encore la mobilisation des acteurs professionnels sur le risque routier.
Pour sensibiliser le grand public à la sécurité, il est également proposé d'accentuer la communication autour des blessés graves. La notion de blessure psychologique est également introduite. Le CNSR entend aussi davantage informer les conducteurs sur la bonne utilisation des assistances.
Enfin et l'on peut s'en féliciter, le CNSR a également mis l'accent sur les problèmes liés aux infrastructures routières, réclamant des aménagements plus adaptés aux usagers vulnérables ainsi que des infrastructures urbaines propices à l'ensemble des usagers.
Les neuf recommandations du Conseil National de la Sécurité Routière
1 - Médicaments et conduite
Parce que la prise de certains médicaments comporte des risques élevés sur la conduite, plusieurs pistes ont été proposées pour un meilleur encadrement, par exemple avec une formation ciblée à destination des praticiens, une communication renforcée sur les mises en garde auprès des patients, le développement de la recherche sur les effets des médicaments sur l'accidentalité et une limite des prescriptions pour certaines molécules (notamment la benzodiazépine).
2 - Reconnaissance des blessés
Aujourd'hui, la DSR communique essentiellement sur le nombre de tués sur les routes (moins de 3000 morts par an), or on dénombre 65.000 blessés graves chaque année qui ne sont pas ou peu pris en compte auprès du grand public. Le CNSR propose ainsi d'élargir les indicateurs relatifs aux blessés pour rendre de compte de l'impact sur chacun (durée d'hospitalisation, perte de revenu, handicaps, stress post-traumatique...) et pour la société (coût des soins, perte de productivité, réponses pénales...). Le conseil souhaite également que les blessés soient intégrés de manière plus soutenue dans la communication institutionnelle, en rendant par exemple leurs paroles et témoignages plus médiatiques.
3 - Mobilisation des branches professionnelles sur le risque routier
Entamé depuis quelques années, le travail de prévention du risque routier au travail (1re cause d'accident du travail) doit s'intensifier avec une prévention plus ciblée pour chaque branche professionnelle concernée. Un plan d'action serait également établi pour inciter les entreprises à agir plus concrètement.
4 - Infrastructures et usagers vulnérables
Piétons, cyclistes et usagers de deux-roues motorisés étant plus exposés aux défauts de conception et d'entretien des infrastructures, une série de mesures a été proposée pour inciter les collectivités territoriales à aménager leurs infrastructures selon les règles édictées par le CEREMA. Collectivités et prestataires devront également pouvoir suivre des formations en matière d'aménagements adaptés aux usagers vulnérables et des observatoires locaux devront être mis en place pour assurer un meilleur suivi des causes d'accidents.
5 - Prévention, dépistage et intervention contre la conduite sous influence
On retrouve aujourd'hui plus de 30% de conducteurs alcoolisés dans les accidents mortels, 20% d'entre eux étant également sous l'emprise de stupéfiants. Le CNSR recommande un développement de la recherche sur la détection des drogues, mais aussi une systématisation des éthylotests antidémarrage en cas de récidive.
6 - Évaluation, prévention et réduction des blessures psychologiques
Un accident induit souvent des blessures physiques, mais il peut aussi être source de blessures psychologiques aussi bien pour la personne touchée que pour ses proches. Selon le CNSR, ces blessures "invisibles" ne sont aujourd'hui ni évaluées, ni prises en charge ni traitées à la hauteur des enjeux. Il est donc recommandé un meilleur accompagnement des blessés et de leurs proches. Une charte d'accueil des victimes serait diffusée auprès des forces de l'ordre et des établissements de santé, accompagnée de la nomination d'un référent pour coordonner et organiser la gestion de l'accompagnement dans chaque département, ainsi que de mettre en place un guide à destination des victimes leur précisant leurs droits et les structures auprès desquelles elles peuvent recevoir de l'aide.
7 - Infrastructures urbaines adaptées à tous les usagers
Dans la lignée de l'adaptation des infrastructures aux usagers vulnérables, le CNSR recommande la promotion de chartes d'aménagement de la voirie au niveau des villes et agglomérations afin d'assurer des infrastructures sures et cohérentes avec le caractère multimodal des déplacements urbains. En échange de la mise en place de programmes d'actions, de travaux et autres audits d'inspection des réseaux, les collectivités seraient récompensées financièrement par l'État.
8 - Aides à la conduite
Les aides à la conduite sont de plus en plus perfectionnées et de plus en plus nombreuses, mais leur objectif est d'assister le conducteur, pas de se substituer à sa vigilance. Or ce n'est pas évident pour tout le monde, pas plus que le fonctionnement de ces aides qui varie d'une marque à l'autre. Pour éviter les pertes de vigilance et le sentiment de sur-confiance, le CNSR préconise des campagnes de sensibilisation sur les précautions d'usage, mais aussi une meilleure formation des conducteurs que ce soit lors du passage du permis, de formations post-permis ou lors de la prise en main d'un nouveau véhicule, aussi bien au niveau personnel que professionnel.
9 - Lutte contre le téléphone au volant
Enfin, on termine avec un problème récurrent sur les routes : celui de la distraction provoquée par les smartphones, impliqués dans 10% des accidents corporels en France. Dans un premier temps, il est question de renforcer encore davantage les messages de sensibilisation et d'inciter les usagers à s'auto-réguler. Le CNSR évoque également le recours à la technologie pour proposer des déconnexions automatiques ou volontaires pendant la conduite. Enfin, de nouveaux moyens de "contrôle-sanction" (NDLR radars automatiques) doivent être développés.
Commentaires
Je suis presque aussi surpris que content de lire des recommandations cohérentes et réellement basées sur des risques.
30-11-2022 09:52J'espère que la politique va suivre les recommandations des experts...
Neuf recommandations qui tiennent la route (sans jeu de mots), émanant de personnes qui connaissent les dangers inhérents de la conduite, quelle qu'elle soit.
30-11-2022 15:41Mais là où le bât blesse, c'est au niveau de nos politiques, trop occupés pour les cadeaux de Noël 😡
"de nouveaux moyens de "contrôle-sanction"" : tant que ce n'est pas des radars de vitesse, mais pourquoi pas des moyens de détecter le téléphone au volant, je suis preneur !
30-11-2022 17:22Il suffit de photographier tous ceux qui passent, et un agent assermenté valide les clichés où le conducteur se sert d'un téléphone en main. Imparable et efficace !
Mouais ... la noble institution se caresse encore et encore, tout en enfonçant quelques portes déjà ouvertes depuis des lustres, une spécialité redondante des commissions-conseils de ceci cela …
30-11-2022 19:09Bon, une fois enlevées les traditionnelles pistes relatives à la répression sur l'alcool-drogues, que reste-t-il ? Brèves esssplications :
Les infrastructures ? Commencer déjà par boucher les nids d'autruche, enlever les rails coupeurs de tête, signaler les gravillons, ça paraît une évidence depuis des années... ouais sauf que pour eux, ça demande encore au préalable réflexion-formation des zacteurs dans les territoires ! Langue de bois et éléments de langage pour légitimer que pas grand-chose n’est fait jusqu’alors…
Les médocs ? Depuis les années 70, les benzodiazépines sont connues pour altérer notablement les capacités à pouvoir rouler normalement. Alors on s'attaque comment aux fabuleux pouvoirs pharmaceutiques et médicaux ? Comment on prend enfin en compte ces traitements dans l'accidentologie, afin d'en analyser mieux la réalité des causes, pour envisager des perspectives.
Le tel au volant ? Tu mets le contact, et ça désactive le truc ; tu le coupes et ça se réactive... et basta ! Un des rares aspect positifs possibles du progrès qui s'impose, paraît il ...
Les risques professionnels-routiers ? Petite parenthèse, à mon avis, ici il faudrait distinguer les accidents quand tu bosses réellement sur la route, de ceux qui arrivent quand tu te rends au boulot et qui sont comptabilisés comme accidents du travail.
Maintenant, que les entreprises entendent leurs responsabilités et œuvrent concrètement pour que les salariés soient moins exposés, ça paraît normal-évident, et les membres du CNSR ne méritent pas nos louanges pour ça.
La prise en compte des "blessures" psychologiques ... attendons simplement de voir par qui et comment concrètement seront accompagnées les victimes. On appréciera alors si l’intention est soutenue par des moyens véritables et suivie d’effets ! Comme disait l’aut’ on verra si tu fais ce que t’as dit !!
Amusante la réflexion sur l'éducation aux assistances trop nombreuses, susceptibles d’entrer enfin dans les facteurs aggravants... sans se demander si certaines ne sont pas carrément inutiles ! Combien de temps faudra-t-il avant d’en limiter carrément l’existence ?
Pour le copier-coller régulier sur les questions relatives à l'aménagement de la voirie et la prise en compte des différentes mobilités, ... disons que c'est pô nouveau, et que ça fait toujours deux propositions de plus dans un rapport à étoffer, c’est qu’on est essperts, hein !
La reconnaissance des blessés n’a pas été mise assez en avant … ? Qu’à cela ne tienne, on va les faire témoigner, et évoquer régulièrement leur nombre ! Un compteur mensuel de plus ? On peut s’inquiéterdouter de la pertinence d’une telle proposition dont le seul objectif serait, en faisant peur, d’avoir un effet sur les comportements … ?
De façon collatérale, ne ferait-on pas mieux de s’interroger sur le délabrement de l’Hôpital public, en difficulté pour prendre en charge tous les citoyens (dont les 65000 blessés consécutifs aux accidents, on est d’accord !) dont l’état de santé nécessite des soins adaptés.
Au total … bof, bof, un non événement !
Encore une montagne qui va accoucher d'une souris
30-11-2022 23:11Le "et en même temps" a encore frappé, CT pour tous ! Une mesure utile contre l'accidentologie, peut être que le contrôleur sera habilité à faire un dépistage alco/stups durant la visite ? Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît...
01-12-2022 08:04Wishful thinking à la française. La place est bonne il faut la conserver. Pour le concret il faudra patienter.
Reconnaissance des blessés?
C'est chiant les blessés. Ils pleurent, ils hurlent, ils ont peur, ils se débattent et gesticulent ou au contraire sont abattus, amorphes.. D'abord des victimes..
C'est couteux pour la société, quoi faire, les laisser mourir ? Navré quand je "déhotte" du lit à 2 ou 3 heures de la nuit pour foncer équiper un véhicule de secours c'est pas pour le plaisir. L'unique mission c'est sauver une, des vies.. pas moins.
Le métier n'attire plus, recrutement en berne, le CNSR peut se rassurer on comptera moins de blessés et plus de morts faute de secours..
Le CNSR ne préconise pas une baisse du nombre des radars et une augmentation de la présence humaine (MIB pas péripatéticienne) sur les bords de route pour lutter contre les fléaux dénoncés.
Sensibiliser et mobiliser tout le monde sauf l'Etat.
C'est vrai que la machine ça rapporte quand l'humain ça coûte...
Politiquement correct, la place est bonne, faut la garder.