La meilleure moto du monde, c'est la mienne

Le bonheur et la meilleure moto du monde

Les deux questions existentielles liées du motard

Il y a des questions existentielles dans la vie, pour certaines remontant à l'antiquité grecque d'Epicure à Platon voire plus, comme le bonheur : définition, qu'est-ce que c'est, la voie pour l'atteindre et le trouver. Des générations de philosophes se sont affrontés jusqu'à nos jours en passant par Camus, Hegel, Kant, Nietzsche, Sartre, Schopenhauer...

Pour Leibniz, "Notre bonheur ne consistera jamais dans une pleine jouissance, où il n'y aurait plus rien à désirer; mais dans un progrès perpétuel à de nouveaux plaisirs et de nouvelles perfections"... ce qui conduit à une insatisfaction permanente, l'objectif étant toujours repoussé... ce qui nous amène aux 4 nobles vérités.

L'autre question existentielle est identique, rapportée à la moto. Qu'elle est la meilleure moto du monde. La question revient tout le temps sur les forums, à la recherche de la moto perdue, comme Proust l'a si bien écrit. Car il n'y a pas un jour sans qu'un motard demande un conseil pour choisir la meilleure moto pour lui, en fonction de son caractère, ses besoins, ce qu'il va en faire... mais aussi ce qu'il aime. Car l'une des contraintes, c'est que pour untel, il faut que ce soit une sportive, un autre un cruiser, un autre un scrambler ou un roadster.

Et c'est la même chose pour l'essayeur et son paradoxe. Il doit essayer toutes les motos, reconnaître ses qualités et ses défauts de façon relative et absolue, à la fois par rapport à son expérience et par rapport à toutes les motos existantes mais en toute relativité par rapport aux autres motos de la catégorie. Une note de 16/20 sur une 125 n'est absolument pas égale à un 16/20 pour une routière. Et une note de 14/20 pour une routière ne veut pas dire qu'elle est moins confortable que la même 125.

L'autre paradoxe a été clairement démontré par Zef lors de son dernier essai de l'Aprilia Tuareg 660. La Tuareg, c'était la moto de ses rêves. Quand il l'a vue, cela a été le coup de foudre. Il le savait, c'était celle-là. Et quand elle est arrivée en concession, il était le premier à l'essayer et a été le premier à l'acheter. Et pourtant, dans son essai de la Tuareg, il a énoncé une série de défauts. A l'entendre, on pourrait imaginer qu'il ne faut pas l'acheter. Et après son crash et ses 8.500 euros de dégâts sur sa moto perso, on pourrait tout aussi bien en déduire qu'il en achèterait une autre. Il n'en est rien. C'est sa moto, celle qu'il trouve la meilleure, il n'y en aura pas d'autre. C'est juste la meilleure moto du monde... pour lui.

La thèse platonicienne sur le bonheur c'est qu'une vie passée à courir après ce dernier est épuisante. Pour vivre heureux, il faut absolument maîtriser la force de notre désir. Le bonheur n'est pas dans le plaisir à répétition, mais dans la quête des plaisirs durables.

Ou alors est-ce au final la meilleure des mauvaises motos ? à la manière de Schopenhauer qui disait que "Le bonheur positif et parfait est impossible ; il faut seulement s’attendre à un état comparativement moins douloureux".

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