Le juteux marché des radars automatiques
Favoritisme dans l'attribution des marchés publics, prise illégale d'intérêt, prestataire en situation de monopole...
Une enquête de Stéphanie Fontaine, Lizzie Treu, Jacques Duplessy et Antoine Champagne
Depuis leur installation sur les bords des routes au début des années 2000 à leur multiplication et leur diversification, les radars automatiques ne font pas l'unanimité auprès des usagers de la route, certains n'y voyant qu'une répression déshumanisée et un moyen pour l'Etat de remplir les caisses.
Mais la critique sur le système du contrôle-sanction automatisé ne devrait pas tant se faire sur la forme répressive que sur les coulisses de la naissance et de l'évolution des marchés publics des radars où les irrégularités sont récurrentes.
Dernièrement c'est l'attribution du marché des voitures radars privées, sans mise en concurrence, à la société Fareco en 2017 qui faisait grand bruit. L'association Anticor avait alors déposé plainte devant le Parquet National Financier pour délit de favoritisme.
L'histoire montre que c'est une véritable tendance pour les radars automatiques, Anticor ayant également déposé des plaintes pour prise illégale d'intérêt à l'encontre d'un ancien ministre ou encore pour favoritisme, déjà en 2014, suite à la publication d'un rapport de l'Inspection Générale de l'Administration, organe de surveillance du ministère de l'intérieur, mettant en évidence la relation de domination entre la société Atos et l'ANTAI. S'il avait poussé l'Intérieur à modifier l'attribution du marché, ce rapport était resté confidentiel quand tous ceux de ce type sont habituellement rendus publics...
Pendant plus d'un an, les journalistes de Reflets.info et du collectif Extra Muros ont enquêté sur ce très juteux marché qui fait non seulement le bonheur de l'Etat, mais aussi de certaines sociétés privées. L'enquête de Stéphanie Fontaine, Lizzie Treu, Jacques Duplessy et Antoine Champagne est retracée dans un long documentaire qui revient sur toutes les incohérences constatées, depuis l'attribution du premier marché à celle des voitures radars privées, avec les témoignages des élus, haut-fonctionnaires et anciens employés ou dirigeant des sociétés pointées du doigt.
Commentaires
Le gouvernement ne s'en cache même pas : la majorité de la rente des radars va dans la poche des sociétés privées.
14-01-2020 23:28L'entretien des routes, les blessés, la sécurité ? Mon brave monsieur, ça ne fait pas marcher "l'économie"...
Le souci c’est surtout... que l’article ne dit rien de concret, et qu’on n’arrive pas à avoir plus d’infos sur le site d’origine. Ce type d’information devrait être documenté, sinon ça n’apporte rien d’autre qu’une discussion de bistrot.
15-01-2020 01:25'enquête de Stéphanie Fontaine, Lizzie Treu, Jacques Duplessy et Antoine Champagne est retracée dans un long documentaire qui revient sur toutes les incohérences constatées, depuis l'attribution du premier marché à celle des voitures radars privées, avec les témoignages des élus, haut-fonctionnaires et anciens employés ou dirigeant des sociétés pointées du doigt......et????
15-01-2020 06:51Ben, faut regarder le reportage en lien de l'article [reflets.info] !
15-01-2020 10:27OK, c'est une vidéo de 1h10...
C'est pas restreint à la sécurité routière. Dès qu'une entreprise obtient un monopole sur un service, elle se gave ensuite. L'état est bien trop complaisant sur les conditions d'attribution de ces contrats. On a bien de besoins d'associations indépendantes comme Anticor.
15-01-2020 10:45Sérieusement vous découvrez quelque chose !
15-01-2020 11:02Qui peut encore penser que l'on vit dans un monde de bisounours ?
Je vous rassure, ça ne va pas aller en s'arrangeant avec la suppression, voulue par le Gouvernement, des fonctionnaires. Déjà que dans la haute fonction publique une partie des personnes font la navette entre le privé et le public ce qui peut expliquer ces dérapages mais comment ça va se passer lorsque des personnes de la société civile prendront des postes étatiques pour ensuite retourner dans le privé ?
Bien sûr on va nous promettre des garde-fous sous une forme ou une autre mais, alors qu'ils existent déjà, on a bien vu ce que cela donnait (dernier exemple M. Delevoye). Ceux qui se frottent les mains avec la réforme de la fonction publique ont bien peu réfléchi... comme toujours, le diable se niche dans les détails... mais penser que ceux qui font la loi pour eux puissent scier la branche sur laquelle ils sont assis est une des définitions de l'utopie.
Pour info, les seuils au-delà desquels il est obligatoire de passer par un appel d'offre.
En ayant une réflexion plus large, chaque fois que l'Etat de désengage d'une mission pour la confier, moyennant rétribution, au privé, cela lui revient plus cher. C'est tellement vrai que la cour des comptes à pointer cela pour les fameux "partenariat public privé" mis en place sous NS. Sous un autre angle, on voit la même chose pour les autoroutes ou dans d'autres domaines (assurance,...).
15-01-2020 11:27Pourquoi cela ? parce que la mission du service public n'est pas mercantile contrairement au privé... Et aussi parce que nos décideurs, passant du public au privé et vice-versa, ont un carnet d'adresse à entretenir et des ascenseurs à envoyer ou à renvoyer dans l'attente d'un retour intéressant pour eux. Il y a plusieurs termes pour désigner cela : collusion, conflit d'intérêt, corruption, connivence, petits arrangement entre amis,...
Pas besoin de chercher très loin.
Certains d'entre nous ont peut-être été concernés par un changement de gestionnaire de l'eau potable chez eux par exemple.
De compagnie privée à régie publique.
On a aussi l'exemple largement commenté du partenariat public-privé de l'hôpital de Paris. 15-01-2020 13:59