Le casse-tête Euro5 des constructeurs motos
L'ACEM demande des précision à la Commission Européenne
Une tendance de fond qui s'oriente vers le tout électrique
La mise en place de la norme Euro4 a été quelque peu radicale pour le marché moto puisque tous les constructeurs ont dû renouveler leurs gamme fin 2016 pour respecter la législation. Et alors que la norme Euro5 est déjà dans les cartons, les constructeurs sont actuellement dans le flou le plus total puisque ni les critères techniques ni la date de mise en place ne sont clairement définis... sachant qu'au niveau voiture et poids lourds, tout le monde est déjà à Euro6 !
Lors de sa conférence annuelle, l'Association des Constructeurs Européens de Motocycles (ACEM) en a profité pour aborder ce sujet sensible. Il faut dire que s'il est facile de mettre en place des règlementations, le développement technique des motos et scooter prend quant à lui plusieurs années.
Stefan Pierer, PDG de KTM et actuel Président de l'ACEM :
Depuis 1999, notre secteur est passé de la norme Euro 0 à Euro 4. Les émissions de monoxydes de carbone ont été réduites de 91 %. Les émissions d’oxyde d’azote et carbone, à elles deux, ont diminué de 92 %. De plus, cette baisse des valeurs limites a eu lieu simultanément avec la mise en place de nouvelles procédures de test plus sophistiquées et fiables dans la législation européenne.
Dans les mois à venir, nous allons commencer à travailler sur l’implémentation de la future norme environnementale Euro 5. Cependant, la fabrication de véhicules demande une planification très complexe et il est urgent que la Commission européenne clarifie la chronologie de l’implémentation Euro 5.
Un point de vue que partage également le secrétaire générale de l'ACEM, Antonio Perlot :
Il est essentiel que les décideurs politiques créent un cadre juridique clair et prévisible pour que l’industrie puisse organiser ses opérations de fabrication.
Il rappelle également l'importance du deux-roues motorisé dans la mobilité moderne, notamment en tant que solution à la décongestion du trafic urbain :
Les motocycles font partie de la mobilité d’aujourd’hui et en feront toujours partie dans le futur. Ils sont une réponse aux besoins de mobilité des personnes, en particulier en milieu urbain, comme démontré par le fait qu’aujourd’hui il y ait plus de 35 millions de cyclomoteurs et motocycles dans les rues européennes
Mais parmi les 250 intervenants de la convention annuelle de l'ACEM, on ne retrouvait pas que des acteurs du secteur moto, mais aussi des institutions européennes et des associations. Pour ces derniers, le problème industriel soulevé n'est pas le principal puisque c'est la pollution qui doit avant tout être enrayée. Ces derniers ne cachent d'ailleurs pas leur volonté de généraliser les motorisations électriques au détriment des moteurs thermiques.
Greg Archer, Directeur pour Clean Vehicles à Transport and Environment (ONG) :
La technologie change plus vite que la politique. Pour que l’industrie des motocycles devienne une solution urbaine, les nouveaux véhicules ne doivent pas seulement être à faibles émissions, ils doivent être zéro émission.
Antti Peltomäki, Directeur général adjoint à la Direction générale du marché intérieur et de l’industrie de la Commission européenne (DG GROW) :
L’industrie des motocycles subit des changements structurels similaires à ceux observables dans d’autres industries européennes. Lors de notre récente communication sur la politique industrielle, nous avons examiné comment le secteur industriel européen pouvait devenir plus ingénieux, propre, durable et en même temps gagner un avantage concurrentiel. Il ne faut pas oublier que le transport routier toujours représente environ 25 % des émissions de gaz à effet de serre en Europe.
Les interrogations autour de la norme Euro 5 restent donc nombreuses, mais le secteur n'aura de toute façon pas le choix et devra un jour ou l'autre parvenir à réduire les émissions polluantes de ses véhicules car, comme l'a rappelé Antti Peltomäki, il s'agit là d'une tendance de fond qui n'est pas spécifique au deux-roues, mais bien à tous les secteurs d'activités.
Commentaires
Downsizing + Turbo = Euro5.
25-01-2018 18:08J'ai l'impression que les normes sont bien plus sévères avec le transport routier qu'avec le transport maritime ou aérien...
26-01-2018 10:44D'autant plus que l'électrique c'est mignon mais avec les technologies actuelles on ne fait que déplacer la pollution (de l'air avec les centrales et des sols et nappes avec les mines).
@Monsieur_C Déplacer et diluer la position c'est déjà une très bonne chose pour la santé publique à moyen terme.
26-01-2018 13:11Ça dépends la santé de qui. Quand une technologie moins polluante que l'électrique émergera, on se retrouvera tous comme des glands à avoir un véhicule surtaxé et interdit de passage ici ou là comme c'est le cas des véhicules diesels volontairement moins taxés pendant trois décennies et qui aujourd'hui sont refusés partout. 26-01-2018 14:04
Et quand nos chers politiques vont-ils s'occuper du transport maritime ? On emm... tout les intervenants sur les véhicules terrestres, alors que ces navires dont les 20 plus gros - avec leur pétrole bas de gamme - polluent plus que tout le parc automobile mondial (et il y en a des dizaines de milliers !!!) n'ont presque aucune contrainte. Alors le passage d'Euro4 à Euro5 pour nos petites motos ! Même si je suis bien sûr favorable à la lutte contre la pollution, mais toutes les pollutions.
02-02-2018 15:44