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Handy Race : quand la moto fait oublier le handicap

Première mondiale : 30 pilotes handicapés physiquement bouclent une course de 8 tours

Des tribunes pleines à craquer pour soutenir les pilotes

Handy Race : quand la moto fait oublier le handicapBeaucoup d'émotion, en ce samedi après-midi, sur le circuit Bugatti du Mans. Non pas parce que Johann Zarco s'est classé troisième quelques heures auparavant, mais bien pour cette course exceptionnelle organisée pour la première fois : la Bridgestone Handy Race. Des pilotes ayant un handicap, qui se tirent la bourre à des vitesses folles pendant 8 tours. Leurs motos ne sont pas des petites cylindrées : Suzuki GSXR-1000, Kawasaki ZX-10R. Jusqu'à 1000 cm3 sous le coude. Les choses sont claires : ces 30 pilotes ne sont pas là pour faire de la figuration. Être sur la grille pour eux est déjà une victoire. Pendant des mois, ils se sont préparés pour cette course, ont appris à rouler, sur des motos adaptées, avec pour certains, des boites de vitesses automatiques et des cales pieds spéciaux.

Une grille de départ inédite

17H00. La pitlane s'ouvre, des pilotes commencent à apparaître. Ils sont en fauteuil roulant, amputés pour certains, paraplégiques pour d'autres. Mais ils ont tous un point commun : vêtus de combinaisons de cuir, d'un casque, ce sont des motards qui ont décidé de montrer que leur handicap n'était pas un frein. A ce moment là, il est visible, mais cela ne va pas durer.

Les pieds de Alex Innocenti, paraplégiques, sont posés sur les cales pieds

Les minutes passent, la tension commence à monter sur les visages. Les participants se saluent, prennent leurs mécanos et leurs proches dans les bras. Ils n'ont jamais été aussi proche de l'exploit : montrer que sur une moto, leur handicap peut presque disparaître. Car oui, au moment de monter en selle, difficile de savoir qui peut marcher et qui ne peut pas. Tout le monde roule ! Alors que le starter annonce un départ imminent, dans les tribunes, les encouragements montent. On crie, on appelle les pilotes, qui répondent par des signes de la main. Un moment de gloire plus que mérité pour ceux qui repoussent toujours plus les limites. Puis vient le silence. Un moment d'ultime concentration avant le départ.

Handy Race : concentration avant le départ pour Talan Skeels Piggins

Dernier coup de main : monter sur la moto

Pour pouvoir grimper sur leur motos, les motards se font aider par des membres de leur équipe : première étape, se hisser sur la selle. Ensuite, poser ses pieds sur les cales-pieds. Comme ils ne peuvent pas toucher terre, la moto est tenue pour éviter de tomber. Le départ est lancé, avec deux tours de formation derrière une voiture de sécurité. Petit côté sympa de la part de l'organisation : il est en type Le Mans, en épi !

A fond pendant 8 tours !

17H45, les visières se baissent, la voiture de sécurité s'écarte. Le grand départ est donné. Les motos s'élancent pour 8 tours historiques. Sur les écrans, on voit les pilotes se dépasser, faire un intérieur. Il prennent les virages en étant plus ou moins inclinés, avec le genou sorti, ou rentré : tout dépendant du handicap. Il suffit cependant de regarder les vitesses maximales enregistrées pour se rendre compte que les 30 n'ont pas fait semblant : 257,9 km/h pour Stéphane Paulus, sur une Suzuki GSXR 1000.

Vous voyez des personnes à mobilité réduite, vous ?

A l'arrivée, c'est un pilote italien qui s'impose : Daniele Barbero. Le pilote Suzuki a bouclé ses 8 tours en 14 minutes et 38 secondes. Il est suivi de Stéphane Paulus, qui finit à 23 secondes derrière. Le podium est complété par Maurizio Castelli, sur une Yamaha R6 de 600cm3. Avec leur handicap, leur temps sont difficilement comparables à ceux des pilotes valides. Le meilleur tour a été bouclé en 1'48.994 par le vainqueur du jour, Daniele Barbero. Mais l'ensemble du paddock s'accordera à dire que d'une certaine façon, tous les pilotes qui ont pris par à la course ont remporté une belle victoire, celle de la passion sur le handicap !

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