Interview du Directeur Général d'Harley Davidson France
Gérard Staedelin répond au Repaire des Motards
Une interview à coeur ouvert
Le Repaire des Motards: " Que pensez-vous du salon par rapport aux années précédentes et surtout depuis 2007? A-t-il un symbole particulier?"
Gérard Staedelin, Directeur Général d'Harley Davidson France: " C'est le symbole du retour de la moto sur le territoire français, parce qu'après quatre années sans salon il était important que nous soyons de nouveau tous présents. La moto c'est avant tout un loisir et il est important que les gens qui ont un goût pour le loisir pensent à nous. Nous pensons à eux, nous avons des propositions importantes à leur faire.
Donc toute l'industrie moto est présente au salon cette année. Il y a trois halls différents qui regroupent bien les marques par thèmes et il y a de très nombreux participants en termes d'exposants. Tout le monde est présent et je pense que tous les gens qui viendront ici vont passer un bon moment."
Le Repaire: "Quelle est l'image pour vous d'Harley par rapport à tout ce qui se fait ailleurs? Qu'elle est votre différenciation majeure et ce que vous aimez porter comme message?"
Nous offrons à ces gens la possibilité d'intégrer un art de vivre qui se reflète par des événements qu'Harley Davidson sait maîtriser à la perfection. Au mois de juillet à Morzine, au mois de mai à Grimaud, à côté du Gold de Saint Tropez. C'est cette émotion, cette chaleur que les gens arrivent à mettre ensemble qui est matérialisée par une belle peinture sur un réservoir et ce que notre marque sait faire le mieux. Gérard Staedelin: "Vous savez ça peut paraître simple, mais on a un nombre incalculable de couleurs à présenter à nos clients. Je dis ça en souriant parce que la couleur c'est du bonheur. On est dans une société à l'heure actuelle qui souffre quand même énormément et je ne parle pas seulement de la société du monde de la moto, mais plutôt de tout ce qui nous entoure. Et quand on voit aujourd'hui des réservoirs oranges pailletés ou jaunes pailletés, personnellement ça me met du baume au cœur et je suis sûr que beaucoup de gens en voyant ça auront le même sourire que moi sur le visage.
Le Repaire: "Donc ça veut dire qu'au-delà des 29 modèles, si je ne me trompe pas, d'Harley Davidson, pour vous l'important, c'est toute la déclinaison de couleurs? Arrivera-t-on bientôt à un choix de peinture encore plus important pour les Harley, comme pour les voitures ?"
Dans le futur nous continuerons à travailler sur cet avantage concurrentiel, puisque c'en est un. Parce que nos motos sont belles, ce sont des objets d'art, ce sont des produits que nos clients aiment considérer comme des jouets. Vous savez, nous avons l'habitude de dire que nous vendons des grands jouets pour des grands enfants et ça fait du bien de se sentir comme un grand enfant. Je ne sais pas quand est-ce que vous avez l'occasion de vous sentir être un enfant à nouveau, moi ça m'arrive de temps à autre à certains endroits et je pense qu'il n'y a rien de plus sympathique que ça.
Gérard Staedelin: "Je dirais non seulement 29 modèles, mais nous avons aussi deux modèles à destinations des forces de l'ordre. Donc en tout aujourd'hui nous proposons 31 modèles sur le marché français avec de très nombreuses couleurs. Et d'ailleurs, je ne suis pas certain que l'automobile propose autant de couleurs que nous.
Le Repaire: "Depuis la V-Road il y a eu des améliorations technologiques notamment avec les derniers modèles de moteurs, mais pas de révolution telle qu'on a pu le voir auparavant. Est-ce que vous pensez qu'on pourra voir un V-Road 2 avec un nouveau modèle bientôt?"
Ce sont des motos qui correspondent aux normes d'émissions sonores et polluantes. Donc ce sont des motos considérablement évoluées avec des cadres qui ont été refaits et des amortisseurs de nouvelle génération. Et tout ça dans un emballage qui est finalement rétro. Le meilleur exemple, c'est celui de l'ABS, qui sur nos motos, ne se voit pas. On n’en fait pas un cheval de bataille. Cela dit, il existe sur la plupart de nos motos aujourd'hui. Le V-Road, à l'époque, il y a 10 ans, apportait effectivement une révolution avec l'apport d'un moteur à refroidissement liquide. Est-ce que nous allons refaire quelque chose comme ça dans les années à venir? Peut-être.
Gérard Staedelin: Ce serait une opportunité. Je voudrais juste revenir sur les évolutions pour les personnes qui ne nous connaissent pas trop. Lorsque l'on regarde une Harley Davidson, on a l'impression que c'est une Harley Davidson d'il y a 20 ans. Hors, sur les 10 dernières années, ce sont des motos qui ont considérablement évoluées au niveau moteur, avec l'apport de l'injection, mais également dans le moteur, l'ABS est aussi sur la plupart de nos motos aujourd'hui.
Ce qui est certain, c'est que la marque à l'heure actuelle se concentre sur ce qu'elle sait faire de mieux: c'est à dire des customs, des tourings et un petit peu de roadsters. Nous allons faire en sorte de faire des motos encore plus belles, encore plus fiables, que nous pourrons emmener encore plus vite sur les marchés et des motos qui collent le plus aux tendances d'aujourd'hui. Et pour coller à des tendances, il faut être très rapide au niveau du développement mais aussi très rapide et très flexible au niveau du développement. Et c'est ce sur quoi nous travaillons actuellement : déceler des tendances, les amener au sein de l'entreprise, les amener en production et en distribution le plus rapidement possible.
Le Repaire : Ceci explique-t-il l’abandon de Buell. En parler aujourd’hui pour vous, c’est une larme telle qu’on a pu le voir dans la vidéo d'Erik ? Où la page est tournée et vous en gardez un bon souvenir ?
Gérard Staedelin : C’est un petit peu des deux, j’ai deux Buell chez moi, je roule Buell, air et eau. Et avec du recul justement, on peut dire que c’est la meilleure décision qui a été prise à l’époque. On a recentré la société qui était dans un environnement économique très compliqué il faut le dire. Il faut quand même se rappeler qu’en deux ans, le marché de la moto aux Etats Unis a perdu 40% de son volume et Harley Davidson aussi. Donc on ne pouvait plus faire et du Harley Davidson et du MV Agusta et du Buell.
Il a fallu à l’époque se recentrer sur notre métier principal et aujourd’hui, la démonstration est faite. Ca a marché. L’entreprise est repartie de l’avant. Tout ce que je vous ai mentionné en termes de recherches et développement n’est possible que parce que tout le monde se lève le matin et rentre chez soi le soir en pensant à Harley Davidson. On n’est pas distrait par d’autres impératifs de business et vous savez, quand on se concentre sur une chose, on a beaucoup plus de chances de bien le faire. Donc une larme à l’œil, peut être au niveau passionnel, mais certainement pas au niveau business.
Le Repaire : Par rapport au business, comment s'est passé le rappel des 300 000 motos qui a eu lieu aux Etats Unis, à la fois en termes d’images et de coût financier qui est quand même très important ?
Gérard Staedelin : Il s'agit de 300 000 motos au niveau mondial. C’est géré comme tous les recall que l’on a pu faire dans le passé. On vend des motos depuis plus de 100 ans et ce genre de choses fait partie de la vie courante d’une société dans l’automobile ou la moto. Nous le gérons depuis les Etats Unis, mais aussi la France et l’Europe. Nous avons ce qu’il faut et nos concessionnaires savent ce qu’il y a à faire. Nos clients peuvent être pris en charge ainsi que leurs motos mises au goût du jour par une pièce qui est finalement très facile à changer.
Le Repaire : Vous parliez beaucoup de Life Style. C’est pour beaucoup de gens, éloigné du style du biker type. Est-ce pour vous un grand écart avec l’image Harley Davidson ou est-ce justement un effort pour changer ?
Gérard Staedelin : Je dirai qu’en fait c’est la même chose. Ce sont simplement deux Life Style différents, mais le point commun c’est qu’on parle bien de Life Style quel que soit le Life Style. Et encore une fois, cela évoque autant à l’esprit qu’au cœur ou au ventre. On n’est pas rationnel, certainement pas. On fait des grands jouets pour des grands enfants. Certains veulent avoir plus cette allure-là, d’autres cette allure-là, mais ce qui les rassemble c’est qu’ils veulent avoir une allure. Ils trouvent au sein de la marque des compagnons avec lesquels ils peuvent s’associer, avec lesquels ils peuvent s’amuser, avec lesquels ils peuvent fraterniser. Et encore une fois, c’est ce dont nous avons tous envie, avoir un peu de bon temps dans ce monde de grisaille qui nous entoure.
Le Repaire : Donc vos plus beaux ambassadeurs, ce sont les Chapters ?
Gérard Staedelin : On a bien sûr 48 Chapter en France. Ce sont très évidement nos plus beaux ambassadeurs. Ce sont des gens qui sont passionnés par la marque, par les produits, qui, il faut le rappeler, font tout ce qu’ils font de manière bénévole. Quand quelqu’un s’investit à titre personnel et de façon bénévole dans une cause, il faut la respecter. Et bien sûr ce sont des gens qui sans cesse nous poussent à être meilleurs dans les activités que nous proposons mais également dans les produits que nous développons. Il y a des gens qui font remonter beaucoup d’informations en interne parce qu’ils roulent énormément avec nos motos. Là aussi c’est une affaire familiale dans le sens où nous apprenons les uns des autres.
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