La route E39
La grosse route qui longe le littoral norvégien, entre terres et mers
De Trondheim à Kristiansand - le tronçon à partir de Bergen
Pour le voyageur qui quitte Bergen vers le sud, plusieurs options s'offrent à lui, mais la route vers Stavanger en est une. Comme d'habitude, on se trouve sur un gruyère d'îles et de terre. La route serpente dans les terres tout autant qu'elle nécessite de prendre les ferries. La E39 est ici un bon compromis, ne serait ce que pour le porte-monnaie. Car deux routes possibles allant au même endroit peuvent signifier plus de deux cent euros d'écart de coût pour les voitures (et 20€ pour les motos)! Comment ?
Simplement par les obligations de prendre ou non des ferries et tunnels à péage. C'est dans ces cas là que la notion de "le temps c'est de l'argent" prend tout son sens.
Sortir de Bergen se fait en quelques minutes. La route est bien indiquée et pas de nécessité de GPS. avec une "E", on imagine plutôt une autoroute, voire une nationale, ou tout au moins une large route, rapide, mais il n'en est rien. Le bitume ondule encore puis serpente entre campagne et zone civilisée. Il n'y a jamais très longtemps sans une maison, voire une école, semblant perdue dans la nature. Et pourtant, ça tourne et la moto prend de l'angle facilement. C'est sympathique et ça donne envie d'aller plus vite.
Par contre, les zones civilisées ont un impact direct sur les limitations de vitesse. Et alors qu'en France, on se croirait sur une départementale, limitée à 90km/h, ici, la limite maximale est de 70 km/h, quand elle ne descend pas à 60 km/h et naturellement à 50km/h dans les patelins et même 40km/h à l'approche d'une école. Attention du coup, car c'est la qu'attendaient des jumelles et des policiers que l'on ne découvre qu'au dernier moment. Heureusement, les norvégiens roulent précautionneusement et du coup, on était également bien à la queue leu leu derrière, à la bonne vitesse. Mais autrement, un peu distrait par la nature, il était très facile d'être beaucoup plus vite.
Le premier ferry est là. 20 euros la traversée de 40mn pour la moto. Ce n'est pas grand chose mais leur multiplication peut encore une fois avoir un vrai impact sur le budget du voyage. Heureusement, c'est moins cher à moto.
On avait plutôt eu des horaires de ferry très précis jusqu'à présent. Arrivé à 12h10. Ferry prévu à 12h30. Comme d'habitude on a le droit à une ligne spéciale moto. Mais pas de ferry à 12h30 et 15mn de retard finalement. Attention, les GPS prévoient rarement les temps d'attente et en multipliant les ferries et les temps d'attente, votre temps d'arrivée peut être modifié de plusieurs heures.
Le ferry avance ensuite entre les îles. Pas de grandes îles comme les Lofoten, mais de petites îles voire des îlots. Comme il y en a fréquemment, on croise plusieurs de ses frères tandis que des éoliennes surplombent certaines montagnes au loin. Les falaises peuplées d'épineux se jettent dans la mer. Les exploitations de pisciculture s'étendent sur toutes les côtes. Le ferry s'engouffre parfois dans des passages étroits avec une côte semblant à quelques brasses seulement. On voit alors parfois quelques maisons apparaître derrière la verdure, isolées, comme perdues sur leur île, loin de toute route et de tout arrêt.
Car aucun ferry même ne semble avoir ici un endroit pour accoster. L'occasion de monter sur le pont en tout cas pour avaler le Polse, le hot dog local, véritable institution en Norvège. Ce n'est pas de la gastronomie mais ici, il faut bien le goûter, comme tous les norvégiens.
Premier débarquement... parce qu'un deuxième ferry suit et la route s'enfonce entre les sapins, très proches, donnant vraiment l'illusion de s'enfoncer dans la verdure après ses routes plus larges ouvertes sur la nature. Quand la route s'ouvre à nouveau, c'est pour se jeter au-dessus de la mer via un pont pour s'engouffrer à nouveau sous la mer via un très long tunnel.
Il faut vivre ces 9% de pente sur des kilomètres avant de remonter pour vraiment avoir l'impression de descendre sous terre. On remonte pour longer à nouveau les fjords, entre pierres et herbe. Puis un autre pont et un autre tunnel. La route ressemble à une montagne russe dont le paysage changerait à chaque virage. Les kilomètres s'enchaînent ainsi entre grandes courbes, courbes serrées et rares lignes droites et son lot de sensations, encore poussées par les rayons du soleil.
Le deuxième ferry arrive et la F6B côtoie la Lamborghini. Les deux moteurs vrombissent cote à cote, à l'unisson. Un petit run ? Pour le fun ?
La route E39 n'est pas une route touristique comme la E10 ou en tout cas, elle n'est pas classée officiellement comme telle. Mais les paysages valent le détour, comme la très grande majorité des routes de Norvège. Le mixte routes et ferries permet à nouveau de profiter des paysages de la terre à la mer. Le voyageur est ainsi plus que jamais un passager de la vie : la définition d'un voyage ?
Commentaires