La route côtière 17 Kystriksveien
Kystriksveien, la route touristique aux six ferries entre fjords et montagnes
Quand il s'agit de monter vers le Nord, on a le choix entre la route de l'Arctique telle que suivie depuis Tronheim ou la route 17 qui serpente entre les îles de la côte. Tout dépend du temps dont le voyageur dispose (prévoir aussi le coût supplémentaire des ferries). S'il n'a que quelques heures, il continue la E6, rapide, directe, qui trace entre les forêts. S'il a une journée, la question ne se pose pas et il faut s'engager sur la route 17 ou tout au moins une partie. Car la route 17 suivie de bout en bout fait 650 kilomètres au total. Nul besoin de la faire en entier pour l'apprécier. Et notamment, une bonne option est de l'emprunter entre Mosjøean et Bodø sur un tiers de sa distance.
Cette dernière se glisse entre chaque interstice de la côte découpée au laser. La route n'en est que plus viroleuse et surtout les paysages sont splendides. Il faut voir les montagnes aux sommets enneigés plonger dans la mer tandis que le bitume ondule à la fois en hauteur et en largeur pour suivre totalement le relief. On est rarement habitué à voir la montagne et la mer réunies dans un écrin de verdure. Et la route s'enfonce à chaque instant entre ces deux paysages souvent antinomiques.
Et puis, l'on passe au milieu des 14.000 îles de la région, qui semblent flotter au milieu de nulle part. Pas des petites îles toutes plates telles que l'on est habitué à les voir, mais des îles hautes comme des volcans subis de la mer tendant leurs sommets vers le ciel. Et si le ciel se fait gris, leurs ombres se font menaçantes, contrastant avec le mélange de vert et de noir de leurs parois abruptes.
Un rayon de soleil éclaire alors une petite plage au sable grossier. La mer se fait ici lac, calme, tranquille, dormante. Tout au plus un oiseau migrateur s'envole-t-il en claquant la surface de l'eau de ses ailes... créant des ondulations jusque là rive.
Et quand la route ne trouve plus de place à l'extérieur, elle s'enfonce dans la terre pour un ou plusieurs kilomètres. Le sec de l'extérieur fait place à l'humidité à l'intérieur rendant glissante le nouveau bandeau souterrain. Les phares peinent à percer la pénombre tandis que quelques poteaux réfléchissent du mieux possible les rayons électriques. Les murs sont de pierre, rugueux, pointant, renfonçant, irréguliers comme si la roche s'était disloquée pour laisser passer le voyageur sur deux-roues. Le jour revient enfin au bout, avant parfois de replonger à nouveau comme un serpent ondulant.
Et puis la route s'arrête dans la mer à Kilboghamn via une embouchure où un bateau de pêche a élu domicile. Le goémon a recouvert les berges. Quelques maisons rouges aux bords blancs sur pilotis sortent de l'eau et ajoutent une touche de couleur à la mer translucide.
Il est temps de prendre le ferry pour passer de l'autre coté. Le voyageur imprudent qui n'aura pas vérifié les horaires pourra attendre là tranquillement trois bonnes heures. L'autre embarquera pour longer la côte pour une heure de traversée. De toute manière, il n'est pas ici question de rebrousser chemin, perdu au fond de cette impasse isolée du monde. Il n'y a pas de route hormis celle qui l'a amenée ici. Tout retour en arrière serait donc plus long que l'attente du passeur. Sans souci.
La traversée longe la côte... Puis traverse le cercle polaire. Ce dernier se croise par une route ou par la mer, à chaque fois matérialisé par une pancarte ou ici un globe.
Une petite heure... Et dix minutes à attendre au port qu'un autre bateau en sorte. Du coup, il reste moins d'une demi -heure pour rejoindre l'autre ferry et ils partent a l'heure, sans correspondance. Et le manquer signifie une heure d'attente au milieu de nulle part. A quai, c'est donc poignée -presque - au taquet que la presqu'île est traversée de part en part. Et quel dommage de rouler vite ici ! Il faut au contraire prendre son temps pour enrouler sur les petites virolos qui s,enchaînent entre les montagnes encaissées.et alors qu'on descend dans une crique, la pluie tombe tandis qu'un arc en ciel illumine le ciel. Continuer dans cette direction annonce une drache diluvienne avec l'horizon qui s'obscurcit. Mais la route zigzague et tourne pour longer à nouveau la côte, suffisamment pour retrouver une route sèche. Aucun village, pas une maison. Juste la route qui monte et descend dans une nature farouche. Le ferry pointe enfin son museau. 19 minutes. Arrivé avec de l'avance et heureusement, car il part à l'heure. Un rythme moins rapide et une pause photo et il était parti.
Dix minutes de ferry... Au fond de la soute... Ou en tout cas sans aucune vue. Mais peu importe, on est déjà arrivé et il n'y a plus de ferry à prendre pour Bodø. C'est le moment que choisit le soleil pour enfin apparaître. Après autant de ciel gris et de lumière blanche, il est impressionnant de voir le paysage se métamorphoser complètement. On se prend alors à musarder et multiplier les arrêts. Chaque virage semble une autre occasion d'apprécier encore plus l'instant présent, comme une pause dans le temps. L'esprit se vide et apprécie simplement. La poignée se relâche alors. Le regard se détache de la route pour s'intégrer au paysage. Et quel paysage ? Éclairé par ce soleil couchant, toutes les couleurs rougeoient. Le moindre arbre, la moindre maison s'imprègne d'un rayonnement particulier. Est-ce les jours de gris précédents qui rendent ces instants aussi magiques ? Ou la lumière au-delà du cercle polaire est elle tellement différente qu'elle fait tout baigner d'une clarté spécifique ?
Fjord ou mer ? Encore une fois, il est difficile de se décider ou d'émettre une opinion, tellement la montagne plonge dans la mer et tellement l'horizon semblé fermé à ce qui ressemble à une mer intérieure. Quand la route plonge vers la mer, la plage de sable se dévoile, entre herbe et galets. On enlève alors le casque pour écouter le bruit du ressac.
C'est bien la mer et pas un lac. Une mouette crie au-dessus des têtes. On s'arrêterait définitivement pour goûter encore plus au moment. Mais la route continue et délivre kilomètre après kilomètre ses nouveaux charmes : un narval en bronze pointant son nez vers le ciel, des îles et îlots sortant de l'eau.
Étape importante mais non indispensable, il reste à admirer les Saltstraumen, ou au moment de la marée, les eaux des fjord rencontrent la mer. Les maelströms puissants dessinent dans l'eau des figures endiablées. Attention 4 fois par jour uniquement. Il faut donc se renseigner sur les horaires au préalable dans les offices de tourisme.
La nuit semble ne pas vouloir tomber. Il est 23h30 et le ciel est encore bleu, foncé, mais toujours éclairé... La magie du grand Nord.
On est alors arrivés à Bodø, un excellent point de départ vers l'archipel des îles Lofoten.
A faire, à voir sur la route
La Fylkesvei (de son nom norvégien) est une route touristique commençant à Steinkjer au nord de Trondheim et finissant à Bodø. Cette route au décor naturel digne d'un film, s'étend sur 650 kilomètres et a longtemps été considérée comme la seule manière d'atteindre le nord du pays.
La route abrite ausi des lieux où l'on peut faire des pauses et en profiter pour se cultiver et notamment le musée Egge à Steinkjer (avec son église), le musée du littoral Norveg (retraçant 10.000 ans d'histoire) ou encore le comptoir de Berggården.
Vers la côte du Helgeland, après le hameau de Berg, se trouvent également un atelier de céramique, ainsi qu'un atelier de textile.
Sur les environs de Torghatten, une pisciculture moderne est à visiter. Vous bénéficierez ainsi d'une vision réelle de ce qui permet aux zones côtières de vivre sur le plan économique.
A Tjøtta, on peut voir le cimetière militaire international de la seconde guerre mondiale tandis qu'à Alstahaug, non loin de là, se trouve le musée Petter Dass et l'église que l'on peut visiter.
Plusieurs autres églises habillent les points de chute voisins comme celle de Dønnes, entourée d'une ferme, ou bien la vieille église de Gildeskål.
Le pont de Helgeland, au nord de Sandnessjøen est une excellente zone de passage pour une micro-balade détente, entre deux coups de guidon. On trouve ensuite aux environs la forteresse de Grønsvik, à Stokkvågen d'origine allemande et datant de la seconde guerre mondiale.
Si vous atteignez Saltstraumen et si vous vous renseignez sur les horaires, vous tomberez sur le plus puissant maelström du monde (tourbillon prenant forme dans une mer ou dans un fleuve agité). On ne doit pas être tombé au bon moment pour être subjugué mais si vous passez par là, profitez en pour vous arrêter.
Dans le comté de Nordland, vous pourrez trouver des sculptures et des oeuvres d'art en plein air, près du portail Artscape Nordland.
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