Histoires de motardes
Une balade de l'amitié
Vie de motards - témoignage... et APPEL DE PHARE...
Octobre de l'année dernière, l'ER5, permis de 2 mois et phase de toute puissance.
Je reçois une carte postale de mes meilleurs amis de Thonon en train de faire le Chemin de Compostelle à pied. Oh ! Ils ne sont pas loin, 200, 300 km et si j'allais les voir ce week-end ?
J'avais déjà fait de longues distances mais pendant les vacances, à 2. Mes notions de géographie sont très précaires ainsi que celles de moto et je ne me rends pas compte de la distance. Juste peur de la panne. J'ai bien toujours avec moi le "truc" pour les crevaisons, joliment rangé dans ma jolie moto mais suis bien persuadée que si j'ai besoin de m'en servir, je serai incapable de comprendre le mode d'emploi :))
Rouler, leur montrer ma superbe moto, passer une soirée avec eux, quel bonheur en
perspective. Je le propose à fiston qui lui aussi a des liens plus que profonds avec eux.
- Ah, m'man, j'peux pas, j'ai chaipluskoi à changer et je ne peux pas me payer le
week-end.
- Mais fiston, je t'invite.
- Non, non, c'est trop.
J'ai un fils qui ne demande jamais jamais rien. Je sais comme il aura plaisir à les voir,
comme eux seront heureux de le voir, il faut que j'arrive à le décider.
Deux, trois jours après, "bon, je viens". La balade prend un autre sens, je sais que tout le monde sera heureux de ces retrouvailles, que l'on vivra un moment très fort et j'aurai l'honneur de rouler avec mon fils. Il prend son amie que je ne connais encore que très peu, peut-être aurai-je le temps de la découvrir aussi.
L'arrivée sur Millau.
Il y a une magnifique descente que j'ai faite plusieurs fois avec des pros et compte bien la descendre au mieux de mes possibilités. Si mes souvenirs sont exacts, ils avaient déjà mis les plots limitant la chaussée à 1 voie, tant pis. Embouteillage à Millau comme il se doit et voilà mon fiston qui remonte les files en faisant le zouave. Politiquement incorrect mais trop drôle de voir son gamin à l'aise comme ça et heureux, croulé de rire sur sa moto. Il respire le bonheur et la joie de vivre. On décide de s'arrêter manger un peu mais pas en ville, non, assez déprimant, pas dans un McDo à la sortie, encore pire, bof, on trouvera bien quelque chose sur la route. Allez trouver un petit quelque chose d'ouvert dans ces villages ! On la joue touriste complet en allant voir sur la place de l'église en pensant trouver le café du coin, rien, rien. L'heure avance. On fait un détour par Micropolis, je ne sais plus pourquoi on n'a pas pu y manger -trop tard peut-être-, trop peu de temps pour le visiter, on se promet d'y revenir. Enfin une boulangerie allumée. On salive, on se dit qu'enfin, ça y est, ben non, la boulangerie n'était allumée que parce qu'ils faisaient des travaux ! Bon, on a bien dû finir par trouver quelque chose mais je ne m'en souviens pas :))
Etre là sur ces routes avec fiston, c'est apprendre, rire, courir à ses vannes -et je
cours très vite-, le regarder à l'aise sur sa moto, les pauses où j'entends "mais
m'man, je te l'ai déjà dit" ! Ah bon, parce que tu crois que je m'en souviens ? Lui
aussi a fini par comprendre qu'il faut me répéter souvent, longtemps pour que ça
finisse par rentrer. Petite route pour rejoindre Cahors. Tiens, je suis passée là avec
la Pan quand je savais que la moto m'était devenue indispensable. Et le ciel, noir, noir
noir. Une petite pluie fine au début. Non, mes vêtements sont imperméables,
contrairement aux vôtres -gniak, gniak, :))- non, je ne me couvrirai pas, non, je n'ai
pas besoin de sortir le plastique pour recouvrir ma sacoche. J'étais là, capable de
braver ces routes et ces virages, ce n'est quand même pas une petite pluie qui va me
faire peur, non ? Quand même, très désagréable, les gouttes passent par les oeillets
de mes chaussures, et ça, c'est pas top du tout !
Un peu plus loin :
- Bon, m'man, maintenant, t'arrête, t'as vu ce qui va nous tomber dessus, tu me suis
exactement et surtout pas d'angle, fais exactement comme moi.
Les gouttes rebondissaient sur la chaussée, les flaques d'eau restaient, je n'y voyais rien, buée, lunettes, ma première pluie. Un orage ? Non, une belle pluie jusqu'à notre arrivée, si je me rappelle bien, 80 km. Pas beaucoup diront certains mais long pour moi à m'appliquer à faire exactement ce que fiston m'avait dit.
On arrive enfin, Montcuq. A-t-on idée de s'arrêter dans un endroit pareil ? Sûr
qu'il l'a fait exprès ! Silence de mort dans ce village à la nuit tombée, on trouve
l'hôtel, on sait qu'il y a un garage mais on pose les motos à l'entrée sur du gravier,
le long d'une haie. Les seuls, pas un bruit, j'ai l'impression d'un film de
science-fiction et je suis bien fatiguée. On s'annonce, nos amis les seuls clients de
l'hôtel, vieille belle bâtisse imposante, une pluie diluvienne, on va ranger les motos.
Bon, dessus, avec les graviers, je ne peux pas la reculer. Pas grave, je vais descendre
pour la reculer et........naaaaaaaan ! Pas ça !........ oublié de mettre la béquille.
Je tombe tout en douceur dans la haie, sur le tapis de graviers, ne pense pas à couper le
coupe-circuit et ma sacoche qui bloque le klaxon dans cette nuit où l'on n'entendait pas
un bruit !!
- Ben, elle est où la p'tite dame ?
- Dessouuuuuuuuuus !
J'entends fiston revenir du garage avec sa moto, il avait compris, lui, où j'étais :))
Fous Rires de partout, honte mais fous rires quand même, je sais que les vannes vont
fuser, quelle belle entrée en matière ! Le reste ? Les yeux émerveillés des enfants
devant ce superbe logis de pierre et de boiseries, écouter les récits de nos amis sur le
Chemin de Compostelle, se rappeler quelques souvenirs, remettre les affaires trempées,
les voir partir le lendemain avec leur sac et bâton de pèlerin.
Arvi, nous dit-il toujours.
Démarrer sous la pluie mais la soirée fut tellement pleine que l'on repart heureux avec ces images de gens que l'on aime et que l'on a pu retrouver dans de telles conditions. Et rouler tout le retour avec les enfants... fatiguée mais comblée en sachant que eux aussi ont vécu un moment très fort.
Vous avez aussi une aventure à raconter ? Ecrivez la moi et je la publierai :-)
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