Le reportage du mois
Interview de Jean-Philippe Tournois,
Monsieur Moto Suzuki France
31 mars 2000
BanditMania : Que pensez-vous des sites web qui parlent de Suzuki et
de ses modèles motos ?
Jean-Philippe Tournois : Suzuki a une philosophie de non-intervention et
laisse donc toute liberté aux créateurs de sites.
BanditMania : Quel est le modèle moto principal de Suzuki ?
JPT : Suzuki dispose de la gamme la plus étendue avec 60 modèles. En
termes d'image, il s'agit de la GSX-R 750, le modèle hyper-sport de la marque. En termes
de modèle le plus vendu, il s'agit de la DR650. Quant à la Bandit, elle a clairement
relancé la grosse cylindrée en France en 1994-95, et surtout lancé le roadster, à un
moment où le monde moto était au creux de la vague. Suzuki n'échappait pas à la
règle. Ceci dit, en Europe, la Bandit marche surtout très fort en France, puis en
Allemagne et en Grande-Bretagne. Par contre, si on prend l'Italie, la Bandit s'y vend
très peu.
BanditMania : Pourquoi ne trouve-t-on pas d'importation parallèle en
France; je pense notamment à la Bandit 750 ?
JPT : Les importations parallèles vont à l'encontre des règles et de
nos efforts pour protéger le réseau. Sans compter que les importations parallèles ne
profitent pas au client. Prenons par exemple les modèles Full Power que l'on trouve à
l'étranger. Il va se poser un premier problème au niveau de la documentation. En effet,
Suzuki France ne dispose plus des documents administratifs nécessaires à l'homologation
individuelle par le particulier. L'homologation s'effectue maintenant au niveau européen,
puis par pays. Deuxième anecdote, s'il y a un problème au niveau pièce détachée, il y
a de fortes chances qu'il n'y en ait pas pour cette moto. En effet, en fonction du nombre
de motos importées, les concessionnaires disposent d'un nombre adapté de pièces
détachées et ne peuvent donc répondre aux besoins supplémentaires entraînés par ces
importations parallèles. Le dernier point concerne le concessionnaire et on touche là un
problème humain : pourquoi assurerait-il une machine qui n'a pas été achetée chez
lui ? Le jeu n'en vaut pas la chandelle.
La Bandit 750 ? Qu'elle valeur ajoutée a-t-elle ? Les différences ne sont pas flagrantes
et elle est mal placée au niveau prix entre une Bandit 600 et une Bandit 1200.
BanditMania : Comment expliquez-vous le succès de la Bandit ?
JPT : C'était le bon produit au bon moment. Les équipes de Suzuki ont
eu alors le nez creux pour créer une moto qui répondait parfaitement aux attentes. On
voit aujourd'hui le succès qu'elle a eu et comment la Bandit a lancé le concept même du
roadster.
BanditMania : Y-a-t-il un profil type du propriétaire de Bandit ?
JPT : Non, il n'y a pas de profil spécifique. C'est essentiellement un
homme, avec une moyenne d'age autour de 35 ans. Nous pensions même en sortant la SV que
les ventes de Bandit fléchiraient. Et cela n'a pas du tout été le cas. La SV a
simplement attiré une nouvelle clientèle, davantage constituée de femmes.
BanditMania : Quelle est la répartition des ventes de Bandit S et N ?
JPT : Avant le modèle 2000, c'était surtout le modèle N qui se vendait
avec une répartition de 70% pour les N et 30% pour les S. Avec la nouvelle Bandit, la
répartition des ventes est maintenant équilibrée à 50/50.
BanditMania : Combien de modèles de Bandit 600 allez-vous importer ?
Peut-on craindre des ruptures comme dans le passé ? on a déjà vu des délais de 1 à 2
mois dans le passé pour livrer la Bandit.
JPT : Nous avons prévu d'importer 6000 unités. Les importations
s'échelonnent toujours au fur et à mesure de l'année. Nous avons fait une exception
avec l'ancien modèle de Bandit 600 que nous avons arrété d'importer à la fin octobre
1999. Nous n'avons pas prévu de rupture de stock cette année.
BanditMania : Combien de motos avez-vous mis en essai chez les
concessionnaires ?
JPT : Nous avons livré 220 Bandit N rouges chez les concessionnaires, en
essai jusqu'au 31 mai.
BanditMania : Pouvez-vous me parler de l'évolution de la nouvelle
Bandit 1200?
JPT : Il est trop tôt pour en parler.
BanditMania : On a vu plusieurs publicités dans la presse depuis le
Mondial. Il y a eu un voyage de presse au Maroc pour les journalistes moto. Il y a une
publicité télé sur EuroSport. Quel a été votre budget pour lancer la nouvelle Bandit
600 ?
JPT : Le chiffre n'est pas très intéressant. Les publicités vues dans
la presse sont en fait des publicités décidées par l'usine sur lesquelles nous
n'intervenons pas. Nous nous contentons de les passer. Par contre, la Campagne
Médicaments était une initiative de la France. La publicité sur EuroSport rentre
également dans ces budgets décidés à l'échelle européenne sur laquelle la France
n'intervient pas.
BanditMania : Kawasaki a ses journées K ! A quand des journées
Suzuki ?
JPT : Nous avions prévu une journée d'essai pour tous les
propriétaires de Suzuki afin de leur faire essayer la gamme. Nous avons été bloqué par
les assureurs. Cette journée a donc été ajournée, mais elle reste en projet.
BanditMania : Avez-vous prévu un Club Suzuki, comme il y en a un chez
Honda par exemple ?
JPT : Non. Ce n'est pas prévu. Le Club Honda est plutôt commercial.
Suzuki n'a pas pour vocation de créer ou supporter des clubs. Nous préférons
privilégier et mettre en valeur le réseau et si aide il y a, ce sera à travers le
concessionnaire. Ceci permet au concessionnaire d'être l'interface unique avec le client.
Commentaires