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Essai pneu Metzeler Tourance Next 2

Des routiers qui n’ont pas peur des chemins

Des pneumatiques de 2e génération entre les Roadtec et les Karoo

Le pneu Tourance Next équipe de nombreux trails de série depuis 2012. Le voici dans sa nouvelle version, sobrement parée du suffixe 2. Comme toujours, il se veut meilleur que son aîné, qu’il devrait surpasser sur le mouillé et au freinage. Alors, le Tourance Next 2, toujours au top ?

Pour le savoir, nous avons parcouru les routes lombardes, aux alentours du site de l’Enduro Republic, club house select dédié à l’univers de l’enduro et à ceux qui le pratiquent de manière plus ou moins intensive. Après le Karoo 4, nous voici donc à mettre à l’épreuve le nouveau Tourance Next 2. Et comme il est de coutume, on commence par ce qui change. Nous aurions dû commencer par ce qui est commun, ce serait allé plus vite…

Essai pneu Metzeler Tourance Next 2
Essai pneu Metzeler Tourance Next 2

Une gamme pour trail très complète.

Au sein de la gamme Metzeler, les trails disposent d’une place importante. En témoignent les lignes complètes de pneumatiques adoptant les dimensions de 18, 19 et 21 pouces souvent spécifiques à ce type de moto. Du plus sportif M9RR pour une pratique sur le circuit au plus adapté au Rally Raid : les Karoo Extreme, on passe par les routiers Roadtec 01 SE, les pneus mixtes endurants Karoo Street, les aventuriers Karoo 4. Les Tourance Next 2 s’intercalent entre les Roadtec et les Karoo. Ils succèdent au Tourance Next, tandis que l’on retrouve quelques nouveautés dans leurs caractéristiques.

Caractéristiques des pneus Tourance Next 2

Commençons par la principale : lorsqu’ils sont en 90/90-21, donc à l’avant, les Tourance Next 2 sont spécifiques. Ils adoptent une structure en plis croisés, dite X-Ply. Toutes les autres dimensions sont de type radial et de construction classique pour des pneumatiques Metzeler, à commencer par la fameuse Ceinture 0° chère à la marque.

Les rainures longitudinales discontinues permettent stabilité et évacuation efficace de l'eau
Les rainures longitudinales discontinues permettent stabilité et évacuation efficace de l'eau

Les autres techniques employées sont

High Silica

La teneur en silice du pneu est supérieure à 80 %. 85 % à l’avant pour être précis. Ceci afin de mieux répartir la chaleur, mais aussi et surtout d’améliorer le comportement sur sol mouillé. Le grip est également pris en charge par ce composé, permettant d’améliorer la distance de freinage. Metzeler revendique une distance d’arrêt inférieure de 2,33 m sur sol sec pour le Next 2 par rapport au Next, le tout à partir d’une vitesse de 85 km/h.

SBR liquid Polymer

Le nouveau composé de gomme adopte un polymère liquide SBR. En gros ? Un caoutchouc synthétique composé de styrène butadiène offrant les mêmes propriétés, à savoir une bonne résistance à l’abrasion et aux chocs, ainsi qu’à la traction. Très « résilient », il bénéficie d’une grande plage de température d’utilisation, y compris à basse température, tout en acceptant de monter haut en température.

Motif Hyperbase 3D et Hyperbase

Une base en noir de carbone pur soutient les épaules et la bande de roulement, qui sont cette fois indépendantes et uniquement reliées au niveau de la zone de contact entre les deux gommes. Ce principe peut être remplacé par le Cap&Base en fonction de la taille des pneumatiques et du type de moto. Plus elle est sportive et puissante, plus l’hyperbase est privilégié.

Cape&Base:

Nous l’avons déjà vue sur les Roadtec 01 SE, cette technologie est à relier à la composition bi-gomme du pneumatique (Dual Compound Layout). Sur les épaules du pneu, une gomme plus tendre recouvre la gomme plus dure, qui affleure uniquement sur la bande de roulement. De quoi répartir la chaleur, les efforts mécaniques et apporter une certaine rigidité au pneumatique sur la bande centrale, plus dure donc, qui apporte également davantage de longévité si l’on roule souvent en ligne droite. Elle résiste mieux au traitement autoroutier et offre une meilleure endurance. La gomme tendre, pour sa part, prend en charge l’adhérence en courbe, aussi bien que la stabilité.

Dymatec: la plus grosse nouveauté du Tourance Next 2

Comme chaque génération se doit d’adopter une spécificité, d’être meilleure que la précédente, les angles variables du sillon apportent trois zones différentes en fonction de l’angle pris. Ceci afin de garantir un maintien du comportement du pneu au long de sa vie, mais aussi de chasser au mieux l’eau. La forme du sillon s’ouvre donc à mesure que l’on se rapproche du bord du pneu. Sur la bande de roulement et jusqu’au premier tiers de la prise d’angle, la forme du sillon est étroite et légèrement évasée dans la partie arrière. Le bénéfice théorique est d’assurer un bon vieillissement de la bande de roulement et une certaine « douceur », donc du confort, dans cette zone souvent sollicitée.

Le second tiers du pneu adopte un sillon plus large qui s’ouvre au fur et à mesure tout en inversant la forme précédente (pente à l’avant). Cette phase apporterait une confiance en virage et encaisserait mieux les accélérations. Cette zone de transition, très importante, assurerait également un meilleur grip.
La zone la plus externe, quant à elle, entend apporter une confiance absolue en courbe et mieux encaisser les freinages sur l’angle. De fait, la précision de la trajectoire serait ainsi conservée et ce durablement. La forme du sillon est régulière et elle est simplement légèrement adoucie au fond (pour l’écoulement et pour le jeu mécanique).

Autre avantage mesuré par Metzeler : une distance de freinage raccourcie de 2,2 m par rapport au précédent Tourance, à rapprocher du composé de gomme chargé en silice.

Interact

Le pneu bénéficie d’une carcasse acier à multiples tensions sous la bande de roulement lui apportant une stabilité plus importante et une fermeté renforcée permettant de limiter l’usure. Les tensions plus faibles que l’on retrouve sur l’extérieur du pneu apportent un peu plus de flexibilité et donc de stabilité et de grip. Notamment du fait d’une carcasse travaillant davantage.

Usure uniforme grâce à la disposition de la bande de roulement optimisée pour un usage trail
Usure uniforme grâce à la disposition de la bande de roulement optimisée pour un usage trail

La promesse des Metzeler Tourance Next 2

Le manufacturier annonce une hausse des performances lors des changements d’angle. Avec la même vitesse d’entrée en virage, il permet de garder les gaz ouverts plus grands, de passer plus vite et de moins couper, tout en bénéficiant d’une neutralité supérieure à inclinaison constante, tout en fournissant moins d’efforts dans le guidon au moment de tenir le cap. Les sorties de courbe seraient optimisées de manière significative, avec un gain de l’ordre de 3,6 km/h par rapport à la génération précédente. Une valeur moindre par rapport à l’entrée en courbe, qui se fait 5 % plus vite.

Le nouveau dessin du pneumatique n’est pas étranger à ce que revendique Metzeler, qui prétend révolutionner le grip mécanique. Pas moins. Les différentes formes de sillon et de « crampons » (très discrets, mais matérialisés) maximisent la surface de contact au sol, tandis que le toucher de route doux et le confort seraient optimisés. Enfin (entre autres, plutôt), le Dymatec offrirait une durée de vie importante et une bonne stabilité, notamment au lâcher de gaz, normalement prompt à déstabiliser sur les motos à grand débattement et au frein moteur prononcé ou aux pneumatiques « résistants ». Pour résumer, le Tourance Next 2 afficherait plus de confort, plus de sécurité, plus de performance et plus de plaisir à rouler.

Notre essai sur route

Nous avons pu tester les Tourance Next 2 sur trois motos différentes au guidon des Yamaha Ténéré 700 (pneu avant X Ply), KTM 890 Adventure R (pneu avant X Ply) et BMW R1250 GS. Ayant roulé il y a peu avec des Tourance Next développés pour la Triumph Tiger 1200, autant dire que le souvenir de la génération précédente est on ne peut plus frais. De là à faire une réelle différence entre les deux, disons que la première sautant aux yeux est d’ordre esthétique. Le dessin est différent, avec un pneu avant plus « lisse » et plus fluide dans son dessin et un pneu arrière reprenant le principe de « ligne brisée », mais à l’inverse de ce que l’on trouvait sur le Tourance. Les lignes « verticales » (celles allant dans le sens de la route), sont à présent coupées par les lignes horizontales, afin de former les différentes zones de gomme.

Il faut se pencher sur les sillons pour découvrir le Dymatec dans sa concrétisation. On ne devine pas forcément à l’œil nu les différences de pente entre les pans du sillon, mais on observe une forme plus évasée encore.
Le reste étant essentiellement de l’ordre de la chimie, c’est en roulant que nous allons pouvoir évaluer la nouveauté.

Très rapidement en mesure d’être opérationnels, même neufs, les Tourance Next 2 semblent monter en température en l’espace de quelques centaines de mètres. Par la suite, ils font excellent ménage avec les assistances. Sur la Ténéré, pas de contrôle de traction, mais un ABS relativement performant, comme en témoigne un premier freinage puissant. Sans blocage, la roue arrière se soulève alors que se termine la phase de forte décélération. Le ton est donné.

Un grip constant et durable des pneus sur la route
Un grip constant et durable des pneus sur la route

A de multiples reprises, nous avons pu constater la capacité du Next 2 à offrir un grip constant et durable. Quelle que soit la moto, en cas de déclenchement de l’ABS, on entend crisser le pneu entre chaque reprise de l’assistance. La distance de freinage est courte et conforme aux attentes, voire inférieure. Il est possible de conserver longuement l’effort sur le levier droit en bénéficiant d’un bon retour d’informations et sans réaction parasite. La carcasse avant, quel que soit son type, absorbe très correctement les transferts de charge.

La carcasse avant, quel que soit son type, absorbe très correctement les transferts de charge.
La carcasse avant, quel que soit son type, absorbe très correctement les transferts de charge.

Quant à la motricité, deux cas de figure : soit on dispose d’un antipatinage, soit on profite d’une accélération sans filtre, comme c’est le cas sur la Yamaha. Dans les deux cas, le pneu arrière tient très bien sous la contrainte. Non seulement il ne semble pas se déformer, mais mieux encore, le grip offert est important. Au point de limiter grandement les décrochages, qui se montrent très courts et très progressifs lorsque l’on parvient à les déclencher gaz en grand et plein angle. Les Tourance de seconde génération maximisent efficacement la transmission de la puissance et raccourcissent l’intervention de l’anti patinage. Conséquence directe : on accélère plus fort, on remet du gaz plus tôt sur l’angle tout en profitant d’une stabilité exempte d’effort au guidon lorsque l’on souhaite maintenir le cap.

Sur les changements d’angle, les Tourance Next 2 se montrent naturels et il est assez difficile de savoir qu’ils sont de type enduro routier plutôt que purement routiers. Si la carcasse semble relativement ferme, la gomme joue un rôle de tampon appréciable. Elle apporte un confort relatif et une bonne lecture de la route et des conditions dans lesquelles on évolue. Même sur revêtement sale, on conserve un bon niveau de confiance dans l’adhérence, tandis que l’on est en mesure de venir chercher l’angle maximal, matérialisé par les limiteurs d’angle des repose-pieds. Même lorsque la garde au sol est importante, ça frotte sans vergogne. A tel point que sur la Ténéré, on en vient à jouer au Supermotard en cherchant à mettre volontairement l’arrière en glisse. C’est possible, c’est agréable et c’est dans les cordes de ce pneu résolument sportif malgré les apparences.

Sur la Ténéré, on en vient à jouer au Supermotard
Sur la Ténéré, on en vient à jouer au Supermotard

On ne demandera pas au Tourance Next 2 d’être parfait, mais il est en mesure de rendre très discrets ses sillons et le plein angle laisse peu deviner les saignées opérées pour chasser l’eau. Sur une moto disposant d’un contrôle de traction, on parvient à trouver d’autres repères. Le point de glisse est toujours retardé, tandis que l’intervention de l’assistance se montre rapide et ne dure qu’un instant. De quoi éviter bien des mouvements parasites et conserver là encore le cap fixé. Précis, les pneus trail routiers sont suffisamment rigides pour ne pas devoir se tasser sur leur carcasse, laissant la direction rester précise et suffisamment souples pour se révéler confortables. Ils absorbent bien les petits reliefs tout en secondant efficacement les freinages, par exemple.

L’intervention de l’ABS se trouve très limitée, tandis que l’on entend crisser la gomme entre les relâchements du freinage. Pour autant, la distance d’arrêt observée est bonne et surtout inférieure à ce que l’on aurait imaginé, gage d’un grip performant et d’un travail coordonné.

Sur les changements d'angle, les Tourance Next 2 se montrent naturels
Sur les changements d'angle, les Tourance Next 2 se montrent naturels

Dernier point, constaté sur la R 1250 GS : le bruit issu du train avant et du pneumatique, remontant dans le tête de fourche et parvenant aux oreilles des plus attentifs au phénomène, est ici réduit. Un point que les amateurs de confort auditif apprécieront.

Le bruit issu du train avant, remontant dans le tête de fourche est réduit.
Le bruit issu du train avant, remontant dans le tête de fourche est réduit.

Notre prise de contact dans la « terre »

Nous n’avons pas testé les Tourance Next 2 dans les mêmes conditions que les Karoo 4. Mais quelques passages dans un terrain pierreux et poussiéreux, sur des routes fortement dégradées et gravillonneuses nous ont permis de constater leur fermeté et une pression à adapter aux conditions de terrain. Quelques rebonds, certes, mais toujours une aisance de guidage et un bon comportement, prévisible, même si perfectible au regard de ce que l’on obtient avec une monte spécialisée, au hasard, les Karoo.

Une aisance de guidage et un bon comportement, prévisible
Une aisance de guidage et un bon comportement, prévisible

On ne demandera pas trop, pas forcément plus aux Next 2, surtout lorsque nous n’avons pas pu tester l’essentiel : le comportement dans le gras mouillé. Sur les chemins glissants, la motricité s’est révélée bonne, tandis que le confort sur la BMW était de loin le plus important. La dimension du pneu avant se montrait plus avenante au regard des défauts de terrain, tandis que les pneus X-Ply en 90/90 – 21 affichent là encore un guidage précis et sans encombre. De fait, votre avis sur l’utilisation des Tourance de deuxième génération dans ce genre d’environnement sera le bienvenu !

Les Metzeler Tourance Next 2 sont très bons sur route et permettent aussi de s'aventurer
Les Metzeler Tourance Next 2 sont très bons sur route et permettent aussi de s'aventurer

Voir l'essai en vidéo des pneus Tourance Next 2

Conclusion

Si vous décidez de mettre davantage les roues dans la terre ou dans les chemins, si pour vous l’aventure se passe plus en enduro que sur le goudron ou bien de manière équitable entre les deux, il sera plus intéressant de considérer des Karoo, quels qu’ils soient. En effet, les Tourance Next 2 ne sont pas ridicules, mais ils n’apportent pas le même niveau de confort ni le même filtrage du terrain que des gommes spécialisées. Par contre, ils sont très bons sur route et ne rechignent pas à s’aventurer dans les sous-bois plus ou moins accidentés. Leur structure ferme ne ménage pas un niveau de confort élevé, mais ils compensent par un comportement transparent et un grand niveau de confiance dans leur grip. D’autre part, on apprécie leur capacité à rendre très aisé le changement d’angle et leur transparence lors d'évolutions citadines. Enfin, ils ont démontré leur bon fonctionnement avec ou sans assistance et surtout un grip appréciable et bien maîtrisé reculant les limites d’un pneu « trail » sur route. Dans la continuité des Next, les Next 2 font honneur à la lignée Metzeler, tout en s’adaptant au besoin de versatilité et de polyvalence. Voici un bon pneumatique pour tracer la route, enquiller de l’autoroute chargé et ne pas se poser de question au moment de prendre de l’angle. Leur usure nous ayant été promise régulière et leurs propriété durables, on peut donc raisonnablement tabler sur une longévité appréciable.

Points forts

  • Grip sur l’angle et aisance pour s’y caler
  • Performances sur le sec
  • Polyvalence importante
  • Adaptabilité au terrain
  • Accord avec les assistances

Prix moyen d'une monte: 300€

Points faibles

  • Ferme en hors piste
  • Moins « confort » de carcasse que les Karoo 4 (mais plus routiers)

Commentaires

pat po

Je ne peux pas accéder à la vidéo 😢

30-04-2022 16:10 
pat po

Je ne peux pas accéder à la vidéo 😢

01-05-2022 04:08 
pat po

Je ne peux pas accéder à la vidéo 😢

02-05-2022 17:55 
 

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Bering