Essai Kawasaki Versys 650
Le renouveau du trail
Découverte
La Versys – pour Versatile System - est la vraie nouveauté Kawasaki 2007, évolution « traillesque » de l'ER-6, dévoilée en 2006. Avec un maître mot « polyvalence », elle ambitionne ni plus ni moins d'être à elle seule une nouvelle catégorie de moto (entre l'ER-6 et la KLE) et un nouveau style : « le street surfing ».
La Versys repose sur une base ER-6. On reconnaît rapidement le châssis – renforcé – le moteur, le pot sous le moteur. Après tout est différent : grandes roues de 17 pouces, suspensions à grand débattement, semi-carénage avec bulle réglable (sur 3 positions par tranche de 20 mm) et double optique frontale proéminente, selle à deux étages, bâti rajouté à l'arrière. Au chapitre des détails, on notera le bras oscillant en « banane », le mono-amortisseur décalé, le sabot, le tube d'équilibrage au niveau de l'échappement, des renforts au niveau du cadre et moteur, ainsi qu'au niveau de la partie arrière du cadre, et des freins à pétales.
Si les coloris « noir » et « argent » feront l'unanimité, le « orange candy » offre une touche d'originalité sans tomber dans le fluorescent de certains millésimes. Au final, les couleurs devraient satisfaire le plus grand nombre. On imagine volontiers un bleu soutenu ou un vert métallisé pour 2008.
En selle
La Versys est haute. Sur le plat, un seul bout de pied touche terre pour le pilote d'1,70m. Ce cap passé, la selle est moelleuse, le large guidon tombe naturellement sous les mains. Le pilote découvre alors un large compte-tours avec une zone rouge à 10,500 tr/mn, et un compteur digital, pourvu en même temps d'une jauge à essence précise (6 bâtons), d'un totalisateur, d'un double trip partiel et d'une horloge. La bulle ne gêne pas la vision. Les rétroviseurs se règlent facilement tout en offrant un large champ de vision.
Le cadre étroit laisse se positionner parfaitement les jambes autour du réservoir. Et comme il y a vraiment de la place, même les plus grands devraient pouvoir placer leurs jambes de façon agréable.
Contact
La Versys s'ébroue dans un son profond, valorisant, presque chaleureux. Le compteur se réinitialise, et le phare s'allume automatiquement. Première, seconde, les vitesses se passent facilement et naturellement. La moto enroule aussitôt sur le couple, sans à coup, dès 2.000 tr/min, faisant presque oublier qu'il s'agit d'un bycilindre.
Autant l'ER-6 était immédiatement prise en main, presque de façon instinctive, la Versys demande une petite acclimatation. La position est naturelle et facile, la moto souple, mais elle demande au pilote de trouver ses marques. Est-ce la raison pour laquelle Kawasaki la positionne comme une moto pour pilote expérimenté ? Non, parce qu'objectivement elle se prend en main facilement et donne tout de suite d'elle même pour rouler, enrouler sur la route. Il s'agit plus du sentiment immédiat qu'elle donne, qu'elle en a dans le ventre, mais qu'elle n'est pas prête à tout dévoiler d'un coup. Il faut donc juste un peu de temps pour trouver ses marques, et arriver à enfiler les pif-paf des petites départementales avec un rythme soutenu qu'elle soutient sans problème. Et quand le déclic se réalise, on découvre une nouvelle machine. Le trail tel qu'on en a l'habitude disparaît pour laisser la place à une moto agile, terriblement efficace, mêlant aspect trail et comportement supermotard.
En ville
Le large guidon permet de tout faire et notamment de se faufiler dans le moindre trou de souris à basse vitesse avec facilité. La première se monte sans problème jusqu'à 60 km/h, et la seconde jusqu'à 90 km/h, sans faire hurler le moteur… vitesses déjà largement prohibées en ville. Elle se pose tranquillement en troisième, et permet à la fois un rythme tranquille ou une conduite plus dynamique au grès de l'humeur de son pilote. Et c'est sa différence par rapport aux trails habituels qui n'incitent pas vraiment à l'attaque. Avec la Versys, la tentation est souvent présente, sans avoir le degré de présence permanente de l'ER-6.
La puissance maximale de 64 chevaux est obtenue à 8,000 tr/min et le couple de 61 Nm à 6,800 tr/min. Inutile d'aller chercher plus loin.
Départementales
La Versys joue littéralement sur départementales, enchaînant virage sur virage avec une facilité déconcertante, à condition de ne pas hésiter à la jeter d'un virage à l'autre. Elle pardonne tout et surprend par sa facilité à prendre de l'angle et à changer d'angle en un clin d'œil sans forcer. Et c'est là qu'elle devient une moto à ne pas mettre entre toutes les mains. Car elle peut alors être d'une redoutable efficacité, renforcée par un couple présent très tôt, et autorisant donc des reprises musclées dès 4.000, avec une montée en puissance jusqu'à 7.000, voire 8.000 tr/mn. Rien ne sert d'essayer de la cravacher au-delà… même si le moteur dispose de l'allonge nécessaire pour tenir un régime plus élevé, il ne donnera rien de plus. C'est tout le contraire d'un moteur pointu, demandant à être cravaché et maintenu haut dans les tours. Au contraire, elle donne tout de suite, mais continue à donner après… ce qui pourrait éventuellement surprendre un débutant.
Nationale
La Versys autorise à enrouler tranquillement sur le couple à 4.000 tr/mn, en 6e à 90 km/h, et sans descendre de rapport à prendre ses tours suffisamment rapidement pour autoriser des dépassements en toute sécurité. Elle montre une autre de ses qualités : la stabilité. Et effectivement, autant le grand guidon autorise une agilité bien agréable en ville, il y a également la stabilité nécessaire sur route. Le compromis est ici « idéal », notamment par rapport à l'ER-6, admirablement maniable et agile en ville mais qui souffre d'un manque de stabilité à vitesse soutenue sur grand axe routier. On regrettera juste les vibrations bien présentes dans les pieds autour des 5.000 tr/min.
Autoroute
La Versys s'engage sur autoroute avec entrain, vigueur, et énergie. A 130 km/h, elle n'est encore qu'à 6.000 tr/min, puis enchaine 20 km/h supplémentaires tous les 1.000 tr/min. Cette vigueur lui permet d'accrocher bien lancée un petit 200 km/h sur autoroute (allemande), en léger retrait par rapport à l'ER-6, mesurée à plus de 210 km/h compteur. Le confort de la selle, à la fois pour le pilote et le passager autorise de longs parcours autoroutiers. La bulle protège correctement jusqu'à 170 km/h.
Freinage
Le freinage de la Versys est techniquement strictement identique à celui de l'ER-6., y compris au niveau réglages.
Les trois disques à pétales sont plus que beaux : efficaces. Couplés à l'ABS (en option à 600€), le tout se révèle largement à la hauteur du potentiel de la machine. Le freinage offre un bon feeling, et une progression puissance permettant de doser avec précision la distance de freinage nécessaire. L'ABS est entré deux fois en action pendant l'essai, notamment suite à une erreur de distraction et m'a clairement permis de ne pas emplafonner la voiture située devant moi. La version ABS ne démérite pas, même si l'ABS procure un petit sentiment de sécurité supplémentaire, non négligeables si on se laisse dépasser par les possibilités de la machine.
Confort
La selle est particulièrement moelleuse, et ce, que ce soit pour le pilote ou le passager. L'épaisseur de mousse est là, et bien là, pour un confort maximum. Ceci explique aussi une hauteur de selle de 815mm, située dans les tranches hautes de hauteurs de selle.
Les suspensions sont réglables à la fois en précharge et en détente, aussi bien à l'avant (vis réglable sur 7 tours) qu'à l'arrière (9 crans de réglages avec la clef fournie dans la trousse à outil).
La suspension est d'origine réglée medium, ce qui chez Kawasaki se traduit généralement par une fermeté nette, transformant la moindre route défoncée en rodéo. Ici, c'est le confort Pullman, sans pour autant générer un seul mouvement flou lors de changements d'angle rapides et prononcés. Et si jamais l'amortisseur vieillissant fatiguait, il reste la possibilité de régler plur dur, à la fois à l'avant et à l'arrière. Mais la moto retrouve alors un comportement plus réactif sur route défoncée.
Consommation
Avec un réservoir de 19 litres, associée à un appétit d'oiseau, la Versys autorise une autonomie de 300 km avec une conduite souple. Son caractère incite à tirer davantage; mais même là l'autonomie se situe aux environs de 230 km. La jauge - à 6 batons - perd ainsi à peu prégulièrement un baton tous les 45 km.
Pratique
L'espace sous la selle permet de loger un antivol et c'est tout. Par contre, le bâti arrière permet autant d'accrochages pour les sangles.
La béquille latérale est relativement difficile à positionner : facile à enlever, mais malgré l'ergot, difficile à positionner. Sinon, elle permet une très bonne stabilité de la moto quel que soit le terrain.
Accessoires
La Versys est prévue avec des accessoires :
- selle creusée,
- bulle haute, réglable manuellement sur 3 positions,
- clignotants intégrés dans les rétroviseurs
- protections mains,
- top-case et support,
- sacoches 34 litres,
- roulettes de protection,
- support Tom Tom Rider,
- pontet.
Conclusion
La Versys est une petite révolution dans le monde du trail habituel, à la fois au niveau esthétique et comportement. Esthétiquement, le modèle est réussi ; le phare peut ne pas plaire à tout le monde, mais il est différent et novateur face aux standards habituels. Je donne un an pour que les détracteurs éventuels s'y soient habitués. Et sur le plan comportement, c'est une révolution. Le trail habituel - plutôt plan-plan, pratique et utilitaire – offre ici des possibilités de jeu sans fin et une redoutable efficacité sur route, petites routes et très petites routes, tout en autorisant de part son confort des voyages au long cours, reposant pour le pilote et le passager. Au final, la Versys risque de suivre le succès des dernières créations Kawasaki et réconcilier de nombreux motards avec le trail, si la Versys peut encore être mise dans cette catégorie. Trail-Supermot serait peut-être la meilleure définition, soit un peu éclectique mais beaucoup plus proche de la réalité. Avec un prix prévu – non définitif (prix de lancement?) – de 7.100€, elle se situera sensiblement sous le prix de la concurrence. Autant de raisons pour la choisir.
Points forts
- moteur
- partie cycle
- maniabilité
- prix
Points faibles
- vibrations dans les cale-pieds
Couleurs disponibles : noir, argent, orange candy
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