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Essai Buell XB 9 S

Essai motard : R-One

Buell XB9STout le monde rêve de trouver un jour LA moto. Celle qui change la vie à défaut du monde, qui retrace les routes, qui refait vivre. La moto parfaite existe au fond de chacun de nous. Nous savons tous comment elle est mais sans jamais être capable d'y mettre des mots. Nous avons tous rêvé de la chevaucher sans être en mesure d'imaginer exactement ce que cela donnerait. Nous sommes tous un peu fou avec des souhaits impossibles ou inavouables. Et pourtant…

Je suis comme tout le monde, il y a celles que je n'aiment pas, celles que j'aimerai aimer, etc…
Et dans tout ce flot de machines qui ne me concernent pas, il y en avait une qui m'interpellait. Mais juste un peu. Juste un peu parce que je la trouvais… moche. Mais alors moche, comme ce n'est pas permis : la XB9S.

Comment vous dire…. Ce cadre énorme (forcément, il sert de réservoir d'essence) ! ! Je ne pouvais pas. Le reste était intéressant : la selle limite monoplace (ou alors pour passager(e) maso), la double optique style Speed Triple, l'allure générale trapue, ramassée. Mais la couleur ! ! ! Mon dieu que ce jaune m'était vilain !

Et pi, et pi….

Et puis je suis passé il n'y a pas longtemps devant un concess' Harley. J'avais du temps devant moi, mon casque à la main… et l'envie de ne pas mourir idiot.

Je suis entré.

Buell XB9SQuelques minutes après la Buell XB9S était devant la boutique, moteur tournant.

Ce genre d'instant vous dit quelque chose ? Moi, j'aurais du mal à l'oublier. Parce que j'ai changé de planète.

Ok, ce genre de vocabulaire est habituel de la part de ceux qui veulent faire croire que leur vieux machin est une vrai moto. Rassurez-vous, je le pense encore aujourd'hui, tout comme je le pensais en enfilant mon casque pour enfiler ce que j'était à deux doigts de qualifier de vieux tréteau poussif (pensez donc ! : un moulbif d'origine Harley ! !).

C'est quand je me suis assis aux commandes que j'ai commencé à déchanter.

Buell XB9SMa première réflexions ? « lls ont piqués la roue avant ! ! ! »

Ah oui. Je descendais de mon VFR, et sur mon VFR, entre la selle et les guidons, il doit bien y avoir 40 cm, et après les guidons, il y a encore facilement 20 à 30 cm de carénage. Là, sur la Buell, changement de programme : on est assis droit (ça me change), les coudes nonchalamment pliés. Le « réservoir » (ou du moins ce qui le remplace) doit faire dans les 30 cms de longueur (et je suis large). Mais après le guidon… RIEN ! ! Juste les 8 cms du bloc compteur ! (A coté de ça, une CB 500 fait figure de custom à fourche rallongé !)

Le compteur est clair, très lisible. Il est juste un poil regrettable qu'il n'y ait qu'un seul (tout petit) écran pour les infos d'usage : l'heure, le kilométrage, les deux trips… Les commodos sont fonctionnels…. Et moches. A l'heure du bio design ergonomique, ils sont carrés, rationnels. Mais on ne leur demande pas non plus de décrocher un prix dans un festival d'art. Pas de commande de feux de positions, c'est d'office allumé en croisement avec le contact. Contact qui se trouve sur le coté gauche du compteur, avec neimann à gauche, et feux de parking (à bin il est là le feu de position ! ).

Contact

Il a bien fallu passer la première. Rien de spécial (désolé). Ca viendra au fur et à mesure. Et on embraye. Et là de nouveau, surprise ! ! Ce truc ne demande qu'à vous exploser dans les mains ! C'est vif (pour le moins !), c'est nerveux, c'est direct ! Sur le compteur, le ralentit est à 1000 trs/mn (zone rouge à 7500trs/mn). Mais dés 1500trs/mn ça tracte. Et pas gentiment !

Buell XB9SIl m'a bien fallu 20 mn pour me faire à cet embrayage par câble, raide comme la mort et violent comme un beigne.
Mais rapidement on se prend au jeu. Pourquoi risquer la prison à vie sur autoroute pour avoir des sensations ? Ici, elles sont à porté de mains. Elles sont le quotidien ! Un filet de gaz, et ça décolle, ça pousse, ça grogne. Le pot d'origine n'est certes pas le meilleur trombone de la production, mais il suffit à se faire serrer (j'ai testé pour vous), mais c'est sans risque ! Par ailleurs, même si vous n'aimez pas le bruit (qui fait un peu cafetière congestionnée, je vous l'accorde), il est suffisamment puissant pour rappeler votre présence dans les bouchons.

En ville

Au roulage, c'est du bonheur. La position est tranquille, je vous le disais (cales-pieds bien posés, assise excellente). On peu donc rouler calmement sans attendre, la bave aux lèvres, le premier bout droit un peu dégagé. Quoique...

Parce que si on ne l'attend pas la bave aux lèvre, le bout droit, c'est parce qu'on le guette avec les yeux exorbités pour pourvoir se shooter encore une fois avec cette satané poussé qui vous arrache les bras, vous balance la tête en arrière !
La tenue de route est royale (vive les superlatifs). Les innovations techniques ne valent que si elles se retrouvent dans leur utilité. Et là, je dis oui. Ce cadre est moche au possible (mais c'est une affaire de goût, je veux bien le reconnaitre), mais il est superbe d'efficacité. Une maniabilité exemplaire, à faire pâlir une hypersport ! Un empattement léger, un poids placé bas, rien de tel pour frémir de plaisir au moindre panneau annonçant des virages.

Sur route

Buell XB9S Si sur autoroute les 150km/h tiennent du supplice (bin oui, c'est un roadster pur jus), l'attaque sur petites routes deviens une vraie jouissance. Ca patate sévère, ça arrache le bitume. Ce n'est pas une moto : c'est un jouet ! Un vélo avec un bâton de dynamite dans le cul !! Quand on pense que les fans de Buell la trouvent un peu « légère » en sensations face aux « vieilles » M1, M2 et autre Cyclones… ça laisse rêveur.

Quoi ça vibre ? ! Oui, c'est un twin. Et pas un petit. Mais je comprends ce que veulent dire les gars chez Harleys lorsqu'ils parlent de moteur vivant. Là dedans, il y a quelque chose. C'est une mécanique, et on la sent qui travaillent. Magique ! Si pour vous, conduite (ou pilotage, selon) rime avec écoute de la mécanique, vous serez ravis. Ce moulbif là cause. Et c'est un bonheur que de l'entendre et le sentir s'exprimer.

Mais une fois repus, la conduite peu redevenir calme, mais sans être un calvaire. Certes, la selle est en bois tendre (du tilleul, peut être du peuplier), mais l'assise excellente. Les commandes sont fermes, mais pas au point d'un 883 Sporster (dont je vous reparlerais à l'occasion).

Seule la boite rappelle que l'on n'est pas sur une machine pensée de ce coté si de l'atlantique. Ce n'est pas qu'elle soit dure. Disons que c'est pratique d'avoir un point mort entre chaque rapport.

Le frein arrière … (‘y en à un ? ah oui !) est un ralentisseur…., je crois. Mais le frein avant à disque périmétrique (sur le bord de la jante et non autour de l'axe de la roue) est plus que puissant. C'est mordant, endurant, efficace. Un coup à se mettre la casquette par terre si l'on y prend garde ! Car à chaque coup de trappeur un peu appuyé, on se prend pour Joss en plongeant sur une fourche inversée qui demandent quelques réglages pour être un peu plus ferme.

Pour le combiné arrière, c'est sous la selle. N'y cherchez rien d'autre. Il n'y a de la place que pour la batterie !

Buell XB9SJe vous ai dit que c'était une courroie ? Non ? C'était pourtant imaginable avec le pedigree de ce jouet. De même, autre héritage « harleyïque », le moteur est un modèle de sobriété esthétique : rien ne dépasse. Pas de câble, pas la plus petite Durit. C'est propre.

Propre aussi les révisions : rattrapage automatique du jeu aux soupapes par ressort (autant de moins à faire), pas de chaîne de distribution (ce sont des culbuteurs). Une grosse révision (12000kms) avoisine les 1500F. Seul le contrôle tout les 5000kms est contraignant. Mais vous avez bien entendus, il s'agit d'un contrôle.

Je ne sais pas ce que vaut l'éclairage (j'ai roulé de jour), mais la gueule des phares est à tomber. Une bouille crapuleuse à souhait. Le support de plaque ouvragé est superbe (ce serait un crime de le virer)

Au rayon des trucs pas bien, il n'y a aucune place pour un antivol (aucun rangement de quelque forme que ce soit, d'ailleurs), le pneu arrière chausse grand (180), et avec le style de conduite adopté, ça va coûter cher. Pas moyen de couper les feux de croisement autrement qu'en coupant le moteur, et la (seule) béquille latérale ne profite pas du systeme Harley anti-basculement.

Conclusion

Buell XB9SAlors ? Vendu ou pas ? Oh ! que oui vendu ! ! et comment !
Bleuffé, emballé, estomaqué !
Je ne connaissais pas ce type de machine, et ce fut une révélation. Je détestais ce cadre, depuis j'en rêve la nuit. Ma conception de la moto viens d'évoluer sérieusement.

Il reste cependant un dernier point qui coince, et il est de taille : le prix. Celui-ci viens de baisser : 71 000F / 11 000€... Une paille….

Points forts Points faibles
  • look ravageur / style
  • sensations moteur
  • maniabilité
  • freinage
  • le prix
  • les rangements inexistants
  • le confort
  • cadre-reservoir exposé en cas de chute

 

Merci à la Concession Harley/Buell Borie d'Ivry pour leur extraordinaire accueil (le meilleur que j'ai jamais reçus dans une concession), et pour les 3 heures de roulages qu'ils m'ont permis. Et le tout avec le sourire !

Un essai réalisé par R-One