Essai scooter électrique Vespa Elettrica 125
Guêpe survoltée équivalente 125
100 km d'autonomie, 4h de charge complète, 4 kW, 200 Nm de couple
J'adore les Vespa ! Çà commence mal l'essai ! Pourrais-je être objectif ! J'aime la ligne de ces guêpes et ce, presque dans toutes les déclinaisons et tous les coloris. C'est peut-être à cause de la Dolce Vita mais surtout pour les lignes. Indémodables, elles sont un voyage dans le temps à elles-seules. Mais là on parle du passé. Le futur c'est l'électrique ! Dites ce que vous voulez, on va finir par y passer ou alors il faut se presser d'acheter les modèles thermiques quand il en est encore temps. Et bien cela tombe bien, la Vespa est désormais électrique !
Le concept de la Vespa électrique date d'il y a déjà quatre ans. Et on a naturellement essayé le premier modèle dans sa version équivalente 50 cm3 l'année dernière. Mais là, Vespa revient cette année, non pas avec une évolution, mais avec l'aboutissement ultime : la Vespa Elettrica mais dans une version équivalente 125 et pour un prix quasiment identique. De quoi aller affronter le BMW C-Evolution mais avec le look en plus pour deux fois moins cher ? Le graal électrique en quelque sorte ? Essai...
Découverte
Il est où le loup ? La version 125 ressemble en tous points extérieurement à la version 50 cm3. Bref, c'est une Vespa, dans la plus pure tradition et mon coeur cogne dans la poitrine devant sa ligne. Je me demande juste toujours pourquoi de nombreux scooters électriques ont besoin d'utiliser des couleurs fluo pour se démarquer. Des lignes jaunes presque fluo dessinent en effet la robe de la Vespa. Seuls les connaisseurs avertis remarqueront le ressort d'amortisseur avant rouge qui le distingue du bleu de la version 50, un rouge que l'on retrouve discrètement sur le bloc moteur. Pour le reste, tout est presque identique, y compris le poids, de 130 kilos (incluant les 25 kilos de batteries).
Pas de plastique ici ! On retrouve une coque en tôle traditionnelle, avec ces galbes si caractéristiques, encore plus soulignés par cette selle biplace longue.
Sous le capot, on retrouve un moteur électrique Piaggio sans balai avec un système de récupération d'énergie au freinage KERS (Kinetic Energy Recovery System), alimenté par une batterie lithium de 4,2 kWh avec une capacité de 86 Ah intégrant des cellules LG Chem. Le chargeur est ici intégré, permettant une recharge sur le secteur en 4 heures. En fait, il s'agit d'une batterie de même taille et poids que la version 50 mais avec de nouveaux composant associés à une gestion et des réglages différents, qui permettent d'augmenter la puissance avec une vitesse de pointe supérieure.
On notera l'absence de béquille latérale, pour des raisons de sécurité. Comme tout deux-roues électrique, on n'entend aucun bruit quand le moteur est démarré. Par contre la rotation de la poignée entraîne un départ automatique. Sur béquille latérale, le deux-roues aurait vite fait de partir à la moindre sollicitation; allez, un gamin qui veut s'amuser avec la poignée pendant que vous parlez... Au moins, sur béquille centrale, la roue est décollée du sol et le scooter ne risque pas de partir tout seul. Cela oblige par contre à béquiller et débéquiller systématiquement sur centrale, y compris quand vous voulez rentrer dans votre garage mais qu'il faut ouvrir la porte à la main.
Heureusement, le scooter est léger et la mise sur béquille centrale est facile.
En selle
Même en selle, rien ne distingue le 50 du 125, l'écran étant identique. Les deux pieds se posent presque entièrement sur le sol, avec cette selle à 790 mm. Une jolie animation sur l'écran TFT de 4"3 signe le démarrage, sans bruit. L'écran est très lisible est se met sur fond blanc ou fond noir en fonction de la luminosité ambiante (jour ou nuit, ou surtout jour ou tunnel). Autonomie restante en kilomètres, jauge d'énergie restante, puissance instantanée, trip et trip partiel, vitesse (en gros au centre), horloge et température extérieure, tout y est, y compris le mode de conduite choisi.
Car oui, il y a le mode Power pour profiter de toute la puissance du moteur et le mode Eco, qui permet de limiter la consommation et puis un mode Reverse, plus anecdotique, qui permet d'enclencher une marche arrière.
Comme la très grande majorité des modèles électriques, on peut se connecter à l'application mobile, ici Piaggio Mia, pour avoir le plein d'informations sur son smartphone. C'est surtout la géolocalisation GPS qui pourra vous servir si vous avez oublié où vous l'avez laissé la dernière fois. Mais l'application vous indique aussi la durée et la distance du dernier trajet, le pourcentage de charge de la batterie, la puissance utilisée instantanée, les statistiques sur les 30 derniers parcours, les notifications push liées à l’état de charge de la batterie ou encore le nombre de cycles de recharge effectués mais aussi l'affichage des appels reçus sur votre smartphone sur l'écran central.
Les mains tombent naturellement sur le guidon, comme tous les modèles Vespa et/ou Piaggio avec cette ergonomie vraiment naturelle qui fait que l'on s'y sent bien, d'autant plus avec la place pour les jambes, loin du tablier. Les plus grands apprécieront. Le poids semble bas et en tout cas, la Vespa ne semble pas lourde, faisant exactement le même poids que la version équivalente 50 cm3.
Contact
Aucun bruit. Mais il faut un appui long en fait pour mettre en route, sans bruit, afin de voir le mot 'ready' s'afficher sur le tableau de bord. Çà y est. Vous pouvez accélérer ! Et c'est instantané.
Il y a très peu de deux-roues thermiques de petite cylindrée avec autant de réactivité ! On touche à peine la poignée d'accélérateur et çà part instantanément avec tout le couple disponible immédiatement. 200 Nm de couple à la roue ! Çà parle quand même non ?
Ce couple disponible immédiatement est d'ailleurs l'un des intérêts majeurs de l'électrique. Il n'y a pas besoin de monter dans les tours pour avoir du couple. Du coup, au feu vert, on peut souvent s'élancer devant tout le monde... sans bruit ! Sur de nombreux moteurs électriques, il y a un espèce de ronronnement. Rien de tel ici. On ne peut guère faire plus silencieux et c'est bien agréable.
En ville
C'est un Vespa et un scooter à petites roues. Autant dire, que la maniabilité est au rendez-vous. On se faufile naturellement, d'autant plus que la Vespa a un peu de peps au démarrage. On est tout de suite à 50 km/h, ce qui démarque immédiatement cette version de son équivalent 50, qui culminait à 45 km/h. Les rétroviseurs sont bien placés et ne gênent pas. Du coup, on se faufile partout, rapidement, mais avec une douceur d'accélérations et de progression dans la circulation. La Vespa se révèle vraiment agréable en ville.
L'agilité est tellement au rendez-vous que la béquille centrale pourra toucher en virage, y compris en solo.
Par contre, on reste en permanence sur le mode Power, le mode Eco réduisant la vitesse à 30 km/h, ce qui est juste horripilant en deux-roues, même en ville (à moins d'être dans une zone 30). Et puis, si on veut rester à 25 km/h, on achète plutôt un vélo électrique.
Sur le périphérique
Vespa nous annonce une équivalence 125 et on s'engouffre donc avec volupté sur le périphérique pour atteindre les 70 km/h, voire même les 72 km/h compteur ! Et on est alors à toc ! Oui, Vespa annonce une équivalence 125, mais la Vespa ne vas plus vite que 72 km/h ! Zut !
En attendant, la stabilité est là, la maniabilité aussi si nécessaire, avec des accélérations douces mais nettes. Le ronronnement du moteur s'entend à peine sous le casque à moins de tendre l'oreille, mais il est au taquet. Vous êtes à la vitesse maximale, qui vous permet de prendre le périphérique, mais pas plus. Vous ne vous risquerez pas à prendre l'autoroute avec. On a vu des trottinettes électriques à 90 km/h sur l'autoroute A86, on n'y verra pas cette Vespa.
Sur petites routes
Mais 70 km/h, c'est souvent suffisant pour rouler sur les petites routes et ainsi faire du péri-urbain si nécessaire, d'autant plus que la Vespa a un peu d'autonomie, autorisant jusqu'à 100 km. La machine se balance alors volontiers d'un virage à l'autre, sans effort, avec docilité et même plaisir pour apprécier la douce vie et son environnement. Allez dans les routes forestières et vous entendrez les oiseaux pépier.
Par contre, si l'on peut atteindre les 72 km/h... sur le plat, la vitesse descend sensiblement dès qu'une côte arrive et encore plus en duo. J'ai pas loin de chez moi, deux cotes, l'une où il est difficile d'être à 90 km/h avec un scooter 125 thermique et une autre où il est difficile d'être à 70 km/h avec ce même 125. Avec la Vespa, la vitesse tombe respectivement dans ces deux configurations à 60 km/h et 40 km/h en solo et un peu moins encore en duo !
Freinage
Certes, la Vespa a du peps au démarrage, mais à 70 km/h maximum, ce n'est pas non plus une foudre de guerre. A ce jeu, la machine est presque surdimensionnée au niveau freinage malgré un simple disque de 200 mm à l'avant et de 140 mm à l'arrière. Cela freine très bien et même fort si nécessaire, sans avoir besoin de prendre les leviers de façon exagérée. Je préfère même son freinage à celui plus mou du Medley 125 chez Piaggio.
Confort/duo
La Vespa est confortable, que ce soit en solo ou duo, notamment grâce à l'épaisse selle, bien rembourrée. Le passager a des barres de maintien pratiques. Et comme la gestion de l'accélération reste douce, la balade est possible avec tout le confort nécessaire. Les repose-pieds passager sont par contre un peu loin et amènent le bout des pieds du passager à toucher naturellement les mollets du conducteur.
Mais si la Vespa n'est déjà pas très rapide en solo, notamment en cote, la vitesse s'écroule vite en duo, capable de descendre à 46 km/h en cote en duo là où on passe à 60 km/h en solo ! Et là, on trouve cela vraiment lent à moins de vouloir rallonger le temps de trajet avec une jolie autostoppeuse.
Pratique
Il y un vrai coffre sous la selle, mais moindre que sur bon nombre de Vespa ou Piaggio qui acceptent deux casques. Ici, on place un sac (le sac photo passe avec le boitier réflex, le zoom 200mm et le grand angle) ou un casque intégral mais pas plus. Par contre, le plancher - presque - plat peur servir à placer un gros sac, même en duo.
Le tablier abrite une prise USB dans le vide-poche gauche à l'avant, qui permet de recharger son smartphone.
Le scooter se place sans effort sur béquille centrale et heureusement, puisqu'il n'y a pas de béquille latérale.
Autonomie
Quand la version 50 autorisait plus de 70 km d'autonomie, la version 125 autorise 100 km. Bon, dans les faits, ce sont 100 km en mode Eco et 70 km en mode Power, ce que l'ordinateur de bord indique une fois le scooter chargé à 100%. Mais cela correspond à peu près à la réalité. La Vespa perd en effet environ 15% de batterie tous les 10 km en mode Power (si le terrain grimpe un peu) et un peu moins si on est plutôt en pente. Ce qui est bien c'est que l'estimation du nombre de kilomètres restants indiquée au tableau de bord est réaliste jusqu'à ce que le témoin de batterie jaune s'affiche quand il reste moins de 10 kilomètres d'autonomie (et 15% de charge). Et il est toujours possible d'utiliser le mode Power, alors que certains scooters électriques passent automatiquement en mode "dégradé" (comprenez Eco) sur les derniers kilomètres.
Mais, ce surplus d'autonomie suffit au jour le jour pour faire plusieurs aller-retour chez soi dans la semaine, sans avoir peur de la panne; à moins d'être en duo et si le coup de la panne se justifie.
Le point important réside dans la possibilité de recharger sur une prise murale normale. Vespa annonce 4h, mais hésitant à laisser décharger la batterie complètement, j'ai rechargé en 3h, alors qu'il y avait encore 15% d'autonomie. Il suffit de tirer le câble placé sous la selle et de brancher. Le câble est un peu court et dans la majorité des cas, il faudra une rallonge, surtout si vous voulez recharger depuis le premier étage, comme on l'a fait à la rédaction.
La batterie est garantie jusqu’à 1.000 cycles de recharge complète, soit de 50.000 à 70.000 km, ou environ 10 ans d’utilisation du véhicule, sachant qu'au bout de ces mille cycles, le constructeur assure que la batterie conserve 80% de sa capacité. Le prix de l'Elettrica comme tous les électriques repose essentiellement sur le prix de sa batterie, ce qui peut expliquer une partie du différentiel existant avec d'autres modèles du marché bien moins cher.
Essai en vidéo
Conclusion
La Vespa Elettrica est dans la lignée des Vespa, jolie, plaisante, confortable, avec un excellent freinage pour en faire une machine idéale pour la ville. Si la version 50 est hors de prix, cette version tout juste 300 euros plus chère à 6.690 euros, est plus raisonnable, tout en étant encore "chère", sur un marché où on peut trouver nombre de machines plus performantes et moins chères... mais sans ce look inimitable. En fait, il lui faudrait 20 km/h de plus de vitesse de pointe et 100 km d'autonomie en mode power pour être "parfaite" à l'heure actuelle. Il reste à ajouter les aides pour l'achat d'un véhicule électrique qui font diminuer la facture de façon notable. Sinon, ce sera donc plutôt pour les amoureux de la marque, qui pourront se la payer à raison de 99 euros par mois. Si vous craquez, il vous reste à choisir parmi les 4 finitions possibles entre jaune éclair (finition de base visible sur notre modèle d'essai), bleu électrique, chrome ou noir et de prendre alors obligatoirement le casque associé en termes de coloris et intégrant surtout des écouteurs Bluetooth afin de se connecter à la Vespa via l'application.
Points forts
- look
- confort
- freinage
- temps de charge
Points faibles
- moteur
- autonomie
La fiche technique de la Vespa Elettrica
Conditions d’essais
- Itinéraire: petites routes variées + autoroutes interurbaines
- Kilométrage de la moto : 200 km
Commentaires
Petite réflexion et interrogation.
19-06-2020 16:35Je ne comprends pas trop le calcul (réel) du nombre d'années par rapport aux 1000 cycles de recharge. Vous dites que cela correspond à 10 ans d'utilisation. Mais comme tout véhicule vous rechargez tous les jours votre véhicule (voir plusieurs fois par jours) alors sachant qu'une année fait 365 jours (en admettant que les pluri-charges par jour compensent les charges d'un jour où on n'utilise pas le véhicule), je ne vois pas comment on peut arriver à 10 ans. J'aurai plutôt tendance à dire que les 1000 cycles seront largement dépassés en moins de 3 ans.
Après je sais bien que souvent un cycle est compté par rapport à un % d'énergie restante mais en utilisation normal (quotidienne) je ne vois pas comment on arrive à 10 ans ?!
Sachant qu'au fur et à mesure des années on perd en autonomie, donc cycles de charge rapprochés.
Si on fait de l'urbain comme on l'a fait pendant cet essai, on n'a pas besoin de recharger tous les jours. En fait, on a rechargé en moyenne tous les 3 jours (je ne l'utilisais pas le week-end aussi). Je pense qu'on a eu une utilisation standard dans ce cas, et qu'auquel cas, c'est une centaine de recharges par an. Enfin on parle de cycles de recharge complets.
19-06-2020 19:40Même dans ce cas très économe, quand on a un véhicule électrique on le branche tous les jours chez soi pour avoir un max d'autonomie au cas où on devrait faire plus de kilomètre que d'habitude.
19-06-2020 23:32C'est pas un portable ou un mobile où on peut s'en servir avec un fil à la patte si j'ose dire.
C'est pour ça que dans votre test il aurait primordial de le signaler. On cherche beaucoup d'objectivité dans tous ces chiffres constructeurs qui ne veulent finalement rien dire.
Sinon pour la béquille latéral, je ne comprends pas qu'il fasse comme les anciennes béquilles latérales des Ducati par exemple où il y avait un coupe circuit et donc impossible de démarrer si la béquille latérale est en service.
Autant sur une moto c'est chiant car on ne peut pas la faire chauffer sur la béquille, autant sur de l'électrique il n'y a pas ce problème. Comme quoi les paradoxes.