Moto et motoneige, même combat !

2-temps, 4-temps, avec ou sans turbo, des gammes aussi variées que celles de la moto

Un univers spécifique mais où l'on "vit la neige" de manière tout aussi intense que la route

Certes, dans "motoneige" il y a moto. Mais pour certains, ce préfixe commun tient de la supercherie tant ces deux véhicules n'ont rien à voir. C'est un tort et cet article a pour but de combattre quelques préjugés. Car, au fond, qu'est-ce qui unit tous les motards, que ce soient ceux qui roulent en Harley-Davidson V-Rod, en Ducati 959 Panigale, en KTM RC 390, ou en Suzuki VL 800 Intruder ? Hein, quoi ? Un art de vivre, une philosophie de l'instant présent et surtout, la double communion avec la nature et avec la chose mécanique. Dans ce cas, on peut presque dire qu'au fond, ce n'est pas la moto qui définit le motard. D'ailleurs, un type qui irait braver le froid et l'hiver au guidon d'un Tmax ou d'une 125 chinoise est-il moins méritant que celui qui a une machine dont le pedigree est reconnu par la communauté ? Chacun en pensera ce qu'il voudra, mais l'ouverture est toujours préférable au sectarisme. Et d'ailleurs, en élargissant le scope, on pourrait presque (admirez la rigueur de la démonstration et la force du chemin didactique) incorporer la motoneige. CQFD.

Si elle n'est réservée qu'aux professionnels en France et que son usage est fortement encadré, la motoneige fait figure d'engin de loisirs dans les pays nordiques (Amérique du Nord, Canada et Québec, Pays Scandinaves - Norvège, Danemark, Finlande, Suède, Groenland, Russie et Sibérie...) et les points communs avec notre loisir préféré et l'objet de notre passion commune sont plus nombreux qu'on ne le pense. Démonstration ci-dessous.

La technologie

Snowmobile ou scooter des neiges... Tout comme sur les motos, la motoneige dispose de technologies marquées en fonction du créneau et de l'utilisation. Que ce soit pour un usage utilitaire, pour du tourisme, pour des sensations sportives, pour les débutants comme pour les pilotes confirmés, la technologie des motoneiges est à même de répondre à cette variété de demandes et de besoins. Il y a, en fait, peu de marques de motoneige sur le marché : d'abord Bombardier, le précurseur, qui crée la marque Ski-Doo et dépose la couleur jaune sur les motoneiges (à tel point que par autonomase, Skidoo est synonyme de scooter des neiges), puis le groupe Polaris, un acteur majeur du monde des loisirs, connu chez nous pour avoir relancé Indian et coulé Victory. N'oublions pas non plus Arctic Cat, basé dans le Minnesota, Lynx, constructeur finlandais qui a été racheté par Bombardier, pas plus que Alpina (non, pas les montres ni les BMW tunées), mais un constructeur italien qui fait des motoneiges à double chenille pour usage professionnel. Seul constructeur à ne pas être issu d'un milieu géographique propice : Yamaha.

Les moteurs vont, en général, de un à quatre cylindres et de 120 à plus de 1000 cm3. Certaines motoneige ont même emprunté le moteur de la R1 ! Particularité : on y trouve encore du 2-temps, mais aussi des machines à turbocompresseur. Certains modèles laissent même le choix de la motorisation et on peut les choisir avec du 2-temps ou du 4-temps. Certes, une motoneige consomme beaucoup (souvent plus de 15 litres aux 100 pour les 2-temps), mais cette motorisation garde l'avantage de la simplicité et de la facilité de démarrage même par des températures extrêmes. On regrettera juste l'odeur si caractéristique du deux temps en pleine nature.

Chez Yamaha, par exemple, on trouve du petit mono 123 cm3 pour les enfants au 3 cylindres 998 cm3 turbo pour les amateurs de sensations fortes. Bref, tout comme pour la moto, il y en a pour tous les goûts et tous les styles.

Des gammes variées

Le pic de production des motoneiges remonte à 1971, année où 495000 unités furent vendues de part le monde. Depuis, le marché est repassé sous la barre des 200 000 unités depuis les années 2000 et le réchauffement climatique n'arrange pas les choses.

Néanmoins, la motoneige, c'est un peu comme la moto : il y a de quoi satisfaire toutes les demandes dans les gammes des constructeurs. De la machine légère façon "enduro" au grand cruiser avec selle passager et poignées de maintien passager chauffantes, on trouve de quoi satisfaire tous les besoins. Et du coup, les prix vont de 2500 à plus de 16000 $ ; un peu comme la moto, en somme...

Et ça se conduit comment ?

Facilement ! En fait, la seule différence majeure avec la moto, c'est que ça ne prend pas d'angle. Mais on connait aussi des motos qui frottent tout par terre dès que l'on actionne la commande des clignotants, alors disons que ce n'est pas discriminant. En fait, la motoneige se conduit un peu comme un quad, mais qui serait difficile à faire glisser à l'accélération à cause du fort pouvoir de traction de la chenille. En gros : sacrifiez votre entrée de virage, car le truc est lourd et a de l'inertie. Ensuite, penchez votre corps à l'intérieur, mettez le châssis en tension (bras intérieur courbé vers l'intérieur du virage, bras extérieur tendu) et accélérez progressivement pour inscrire la motoneige dans la trace, puis redressez vous en fin de virage. Voilà, c"est simple !

Par contre et il faut l'avoir vécu pour le croire, les sensations mécaniques sont proches de celles de la moto : d'abord, les moteurs dépotent vraiment et pour avoir essayé des 600 bicylindre 2-T et un 1000 4-T turbo, je peux vous garantir que les reprises sont du genre copieux, avec en plus des sonorités mécaniques qui sont proches du monde de la moto. Certes, la transmission automatique lisse un peu les sensations, mais pas les accélérations ! Certaines motoneiges sont capables de taper le 200 chrono et sur un lac gelé, ça va carrément vite. Et faire du trail la nuit dans la forêt, avec l'éclairage qui magnifie le paysage et l'ambiance si particulière de cet univers de blanc, ça vous laisse des souvenirs pour la vie !

Autre point commun avec la moto : le rapport à la nature, l'intensité avec laquelle on vit les éléments, l'inscription totale dans le paysage.

Une culture à part entière...

Les motoneigistes pratiquent la moto avec quasiment les mêmes codes sociaux qui réunissent les motards sous d'autres latitudes. Il y a des sentiers balisés, des bistrots où les motoneigistes aiment à se retrouver entre eux, tout comme des bars de motards. Tout comme pour la pratique de l'enduro, il y a des bénévoles qui balisent les chemins... et tout comme sur la route (il y a 33 000 kilomètres de pistes balisées rien qu'au Québec), il y a aussi des contrôles de police et des radars... Les motoneiges vont vite, il y a parfois des accidents et des comportements irresponsables.

Selon une étude québécoise, 20 % des usages de la motoneige seraient professionnels et donc 80 % liés aux loisirs, au petit plaisir de la sortie du week-end ou du voyage au long cours. De fait, entre le réseau "routier", les points de restauration ou de logement, l'essence, tout est prévu pour que le motoneigiste puisse vivre pleinement sa passion.

Du sport, aussi...

Depuis les années 60, la motoneige est aussi un véhicule qui s'illustre en compétition. Cela a commencé avec le snowcross. La mode du freestyle a changé un peu la donne et désormais, les motoneiges volent dans tous les sens. Dernier record en date : un double backflip !

De fait, on peut vous le dire : la motoneige, ce n'est pas de la moto au rabais. Et vous inciter à tenter vous-même l'expérience. Expérience qui vous sera contée par David, cette semaine lors de son voyage en Norvège.

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