Comment franchir une intersection

Priorité ou pas ? Comment se comporter en toute sécurité

Les règles à connaître, les risques à éviter

À la fac, mon prof de géographie définissait ainsi les carrefours (accrochez-vous) : "géotype de substance sociétale minimisant les distances et favorisant les interactions". En clair : peu d'espace, beaucoup de monde, des intentions différentes, des probabilités de rencontres. Le bordel, quoi.

Heureusement, il y a différents types de configurations, tout autant de règles et quelques exceptions. On vous explique.

On pourrait donc commencer par définir un carrefour comme la rencontre de deux (voire plusieurs) axes de circulation. A partir de là, deux scenarii se posent, qui mettent en scène la priorité des uns par rapport aux autres. Le cas particulier, bien que répandu, des carrefours giratoires et autre rond points a fait l'objet d'un article spécifique.

Cas numéro 1 : vous avez la priorité

Priorité ponctuelle

Tous les axes routiers ne se valent pas : certains sont prioritaires par rapport à d'autres et cette indication est portée par le panneau de priorité ponctuelle, assez phallique dans l'esprit. Le trait vertical plus épais représentent la voie prioritaire, les petits traits horizontaux, plus fins, celle qui ne l'est pas. Attention : ce panneau a une simple fonction d'avertissement concernant les règles de l'intersection à venir. Il ne définit pas le statut d'une voie de circulation sur toute la longueur de celle-ci.

Il n'y a pas vraiment de logique dans ce qui définit la priorité d'une voie. Une route nationale peut perdre son caractère prioritaire dans un petit village ; une petite ruelle débouchant sur un boulevard à trois voies peut être prioritaire sur celui-ci. La seule voie de circulation toujours prioritaire est l'autoroute.

Priorité

Le caractère prioritaire et définitif d'une route est matérialisé par le panneau "route prioritaire", codifié AB6 (carré jaune dans carré blanc, tous deux inclinés de 45°). Il doit être répété tous les kilomètres en agglomération et tous les 5 kilomètres hors agglomération.

Bien que vous soyez prioritaire, il peut être assez opportun de vérifier que les véhicules provenant des voies annexes aient bien pris conscience de votre présence

Cas numéro 2 : vous n'avez pas la priorité

Sauf indication contraire, tout conducteur doit laisser la priorité à un véhicule venant d'un axe de circulation situé sur sa droite. Ville ou campagne, c'est là une configuration très courante du réseau routier français. Cette règle est également indiquée par le panneau triangulaire avec une croix noire (dite "Croix de Saint-André") et référencée dans le petit monde des panneaux sous le code AB1.

Le refus de priorité est défini par l'article R. 415-5 du Code de la Route : lorsque deux conducteurs abordent une intersection, celui venant de la gauche est tenu de céder le passage à l'autre conducteur. Le non respect de la priorité à droite est passible d'une amende de 4ème classe (135 €) et du retrait de 4 points de permis.

Il y a différentes façons de laisser la priorité.

Cédez le passage : le Code de la Route précise que si aucun véhicule ne vient sur l'autre voie, le ralentissement est suffisant mais l'arrêt n'est pas obligatoire.

Ce n'est pas le cas du stop : pour les forces de l'ordre, la définition de l'arrêt au stop est que les roues soient immobiles. En moto, il faut que le conducteur mette un pied par terre. Et un temps d'arrêt doit être marqué (et donc attention au stop glissant; il ne suffit pas de frôler le sol du pied mais sans marquer un arrêt suivi d'un vrai redémarrage).

Cas numéro 3 : carrefours à "l'indonésienne", bizarreries et autres joyeusetés

Ah la France, reine des règles... et des exceptions ! Ainsi, quasiment tous les échangeurs ne donnent pas la priorité à la voie entrante : c'est logique, en somme, que l'axe de circulation qui a les voies où la vitesse est la plus élevée soit prioritaire et que la voie entrante, où la vitesse est plus faible, ne le soit pas. Aux usagers, alors, de s'insérer dans le trafic en fonction des espaces dans la circulation.

Et bien cette règle ne s'applique pas sur le périphérique parisien, par exemple et quelques autres rocades urbaines, où la priorité à droite reste vraie. Un fait particulièrement dangereux, qui fait que cette priorité à droite est rarement respectée et devant un camion qui ne la respecte pas, on doit aussi compter que la règle du plus fort et de l'intelligence en le laissant passer. Sur ces rocades, il n'y a pas de règle nationale. Méfiance, donc.

Dans le cas où deux véhicules arrivent d'un même axe de circulation différente, mais de directions différentes et veulent tous les deux tourner sur le gauche dans une intersection à 4 voies, la règle veut que chaque véhicule passe derrière l'autre. Sauf carrefour dit "à l'indonésienne", où des pointillés diagonaux signifient que les véhicules peuvent passer l'un devant l'autre. Ce type de carrefour a pour objet de faciliter la fluidité du trafic, mais il présente certains dangers : attention alors au champs de vision, car le trafic qui arrive est partiellement masqué par le véhicule en face de vous.

Il y a aussi le cas particulier des carrefours avec 4 stops : cette situation assez peu répandue en France, est mal codifiée par le Code de la Route. Dans ce cas, ce sont les règles de courtoisie qui valent : premier arrivé, premier à passer, les suivants passent dans l'ordre d'arrivée. Ce système est très répandu dans le monde anglo-saxon et l'application des règles de fonctionnement ne pose pas de problèmes particuliers. C'est moins le cas chez nous, allez savoir pourquoi...

Dans tous les cas : les règles et les risques

Dans son article R. 23, le Code de la Route précise qu'avoir la priorité ne dispense pas de se conformer aux autres prescriptions du susmentionné Code et notamment vérifier que la chaussée que l'on va croiser est bien libre. Oh, que ces paroles sont empreintes d'un message qui touche à la Vérité Absolue ! Dans la vie comme à moto, il y a les Grands Principes et les principes de réalité. Entre être dans ses droits et être par terre (ou pire : encastré dans le capot d'une Renault Kangoo dCi, ce qui n'a rien de glorieux), chacun se positionnera selon son niveau de sagesse.

On l'a vu, l'intersection met en relation dans un espace restreint différents types d'individus qui ont des intentions (ouvertes, parfois cachées) éventuellement différentes.

Pour minimiser les risques à moto, il convient alors d'observer un certain nombres de règles.

Adopter une conduite préventive : scanner du regard tous les véhicules présents, deviner leurs intentions et être capable d'agir en fonction
Toujours surveiller ses arrières : s'arrêter à un stop ou une priorité est une intention très louable. Mais est-ce que l'auto derrière vous va en faire autant ? De nombreuses collisions se produisent par l'arrière : il faut être capable de viser les bas-côtés ou de franchir l'intersection, après avoir vérifié que la voie est libre, pour éviter le véhicule suiveur menaçant et mal intentionné.
Attention aux bosses sur certains carrefours : le freinage répété des véhicules et des camions peut avoir "fripé" le bitume, avec des conséquences sur le freinage de votre moto (encore plus si elle est équipée d'un ABS bas de gamme peu performant).
Bien vérifier son angle de vision : certains casques, certaines motos à la position de conduite très engoncée (sportives et café racer extrêmes) ne facilitent pas les mouvements au guidon. Soyez surs que la voie est libre.
A l'approche d'un feu rouge et sous réserve que les véhicules derrière vous respectent les distances de sécurité, anticipez un arrêt rapide en minimisant le temps de réaction. Comment ? C'est très simple : positionnez-vous de manière préventives sur les commandes de frein, vous gagnerez alors 1 seconde et vous ne vous ferez pas flasher bêtement par un radar de feu.
Attention, les intersections sont des endroits où les trop pleins de gasoil aiment à se déverser. Elles peuvent donc être particulièrement glissantes et dangereuses...

Les infractions

Globalement, ne pas céder le passage, griller un stop ou un feu rouge, ou refuser une priorité coûte la même chose : 4 points sur le permis de conduire, une amende de 135€ et une suspension du permis pouvant aller jusqu’à 3 ans.

note : amende forfaitaire de 135€ = amende minorée de 90€ = amende majorée de 375€