CISR et Super Répression : II

Les décisions de répression prises par le Comité Interministériel à la Sécurité Routière

Quand la Sécurité Routière passe uniquement par la répression

La réunion du CISR, le Comité Interministériel à la Sécurité Routière vient de se terminer et les nouvelles pleuvent... en allant dans le sens de la répression accrue, alors qu'on pensait que l'ancien ministre avait déjà fait très fort... dans tous les sens du terme puisqu'en augmentant la répression, il avait réussi à battre un triste record de morts sur les routes :-(

Au programme :

automatisation du paiement des amendes (infraction constatée informatiquement, envoi direct de l'amende à payer et obligation de payer... contester après)
recours plus important à l'emprisonnement, avec des peines de prison pouvant aller jusqu'à dix ans,
un budget de 15 millions d'euros pour des radars automatiques à tire la rigo en ville, routes et surtout autoroutes,
surveillance aérienne,
permis probatoire pour les jeunes conducteurs, avec un nombre de points limités à six au départ (au lieu de 12 actuellement) et ce, pendant les trois premières années,
disparition du permis blanc pour les professionnels dans de nombreux cas,
visites médicales obligatoire pour les personnes agées de plus de 75 ans, avec certificat médical tous les deux ans,
mise en place de l'utilisation des tickets de péages pour calculer la vitesse moyenne sur autoroute...
augmentation du nombre de points enlevés pour la plupart des infractions et notamment le fait de téléphoner au volant = -2 points (très bien)

Etonnement, au sujet de l'alcool... Alors qu'un accident mortel sur deux (et un accident sur trois) est du à un taux d'alcoolémie supérieur à 0,5 gr, ce taux limite ne baisse pas. Tout au plus, les conducteurs pris en flagrant délit d'ivresse pourront avoir six points de retiré sur leur permis. Le lobby vins/alcool a donc extrêmement bien joué son rôle pour sauvegarder son économie. Il faut dire qu'il y a un énorme enjeu financier derrière et que du coup, l'enjeu humain devient moins important. Mais pire, il est actuellement question de défiscaliser les alcools, alors que parallèlement la TVA réduite a été refusée pour les accessoires de sécurité comme les casques. On pourra se consoler en apprenant qu'il est prévu plus de contrôle d'alcoolémie.

On assiste en tout état de cause d'une mise en place de la sécurité routière à deux vitesses.

Quand à la vraie prévention, on n'en entend même pas parler ! Alors qu'il y a de nombreuses actions à réaliser dans ce sens :

formation en milieu scolaire,
incitation aux formations complémentaires avec une baisse de TVA,
aide de l'état pour une prise en charge partielle des coûts,
gratuité des autoroutes (ils sont moins accidentogènes que les autres réseaux routiers),
ouverture de circuits accessibles à tous (ex : Carole sur région parisienne),
augmentation des budgets pour l'entretien des réseaux routiers...

Certes, la prévention n'a rien de sensationnel. Mais si on constate que la répression qui n'a cessé d'augmenter depuis plusieurs années est parallèle à une augmentation de la mortalité routière, on peut en déduire simplement que justement il y a beaucoup de pistes qui n'ont pas été empruntées dans ce sens.

Soyons positifs, tout n'est pas mauvais. Il est nécessaire de sensibiliser les gens aux dangers de la route en renforçant la peur du gendarme. Seulement, la prévention à moyen et long terme est bien plus efficace (et pas plus onéreuse) que de la répression à tout va. Cette répression excessive fait plutôt penser à celui qui crie au loup et qui est tué; alors que c'est le loup qui constitue bien un danger.

Le dispositif final sera mis en application pour le printemps 2003... alors tremblez, il vous reste quelques mois... le temps de mettre en place des opérations pour montrer que la population motarde a au moins autant de poids que le lobby de l'alcool... Cela a marché pour la vignette, mais c'était il y a vingt ans. En tout cas, on peut toujours rêver !

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