Vis ma vie : 24h du Mans au sein du Team MJ-RC30
Quand un motard devient membre d'un team au sein des 24h du Mans moto
Rien ne sera jamais plus comme avant. Il y a quelques semaines, Moto Journal faisait un concours pour sélectionner 3 lecteurs pour les accompagner aux 24h du Mans moto pour leur projet « le Mans avec une RC30 ».
J'adore cette moto, j'ai toujours rêvé de faire le Mans ou le Bol dans un team, donc hop, au boulot. Il fallait écrire une lettre de motivation, mais n'étant pas inspiré, j'ai fais un PowerPoint. A priori, ça leur a plu, vu que j'ai été sélectionné. Yessss, ypiiiiiiii, yahooooo, tout ça quoi. Donc vendredi 17 avril, à 10h30, je suis devant l'entrée du circuit et un gars de MJ vient me chercher à l'entrée. Avec le pass qui va bien, on rentre dans le paddock, direction la tente MJ. Quand je dis tente, je devrais plutôt dire hospitality ! Ils étaient mieux équipés que mon appart : cuisinière, 3 frigos, lave vaisselle, immense table pour asseoir une vingtaine de personne, une RC30 à l'intérieur et ... un flipper ! si si, un vrai flipper, un ancien, qui marche avec des francs. En fait, c'est le camion de Stéphane Coutelle (super fort au flip le sieur Coutelle, celui qu'il utilise pour son junior team, donc l'équipement est au top.
Direction le stand, où on me présente tout le monde, les mécanos, les pilotes, les accompagnants, les gens de MJ, plein plein de monde. Moi qui ne retient jamais les prénoms, c'est pas gagné. On me présente aussi un ancien pilote, recordman du nombre de participation aux 24h, un certain Gérard Jolivet. Le monde est petit, un de mes potes qui fait le moto-tour avait fait équipe avec lui il y a 2 ans. Laurent Cochet me montre le portable, m'explique comment marche le blog, les accès, et hop, j'aurais pour tache de mettre à jour le blog avec du texte et des photos dès qu'il se passera quelque chose. Devant le stand, des RC30, dans le stand, des RC30, il y a des RC30 partout. Superbe cette moto (je crois que c'est à ce moment que j'ai décidé de vendre le Fazer .
Vendredi après midi, fin des qualifs, et séance d'autographes. La moto est hissée sur une table, les 3 pilotes ont une pile de posters et le public se presse. Pendant 2 heures, Zef, David et Laurent vont signer des poster sans arrêter ; la moto passionne, les gens sont fous. Enfin, 20h00, la moto rentre au stand, c'est l'heure des briefings avec les mécanos, de faire un petit tour dans la loge, et d'aller manger.
Samedi matin, 7h30, avec une courte nuit, direction le circuit, où va avoir lieu le warm up, la course de side, de roadster, d'ancienne et le spectacle de stunt. Je suis pas hyper branché stunt, mais il faut reconnaître que voir un R1 débouler de la Dunlop à fond de 5 en Burn en faisant des grandes dérives, c'est assez impressionnant !
Je fais un petit tour de paddock pour prendre en photos quelques engins improbables, des chariotes à pneus à moteur, des espèces de minibike, bref, des trucs sympas. En me baladant sur la ligne droite des stands, je remarque dans un autre stand un RC30 et un RC45, peut être là en cas de panne du 1000CBR du team qui les a amené.
14h30, préparation pour le tour de formation. Gros coup de flip, David Duamin rentre au stand la botte pleine d'huile, un bouchon mal vissé, ouf, la moto repart prendre sa place sur la ligne. 15h00, départ, c'est parti pour 2 tours d'horloge. La RC30 est 43e devant un 1000 CBR ! Au bout d'une ½ heure, nous sommes passés devant la Honda officielle 111 et la moto du GMT 94.
24hrs, c'est long, et une petite chute au départ peut faire perdre beaucoup de temps . Fin du 1er relais, la moto marche bien, David a le sourire, il passe le relais à Zef. En fin d'après midi, il se met à pleuvoir, du coup, Laurent, qui venait de partir, rentre au stand, et Zef qui n'avait pas enlevé le cuir repart en pneus pluie.
Du coup, il double son relais, et roule un peu trop longtemps, ce qui nous donnera une pénalité de 10 minutes plus tard dans la nuit. La moto tourne en 2'05'660 sous la pluie, plus vite qu'une bonne moitié du plateau, elle est 33e. Les relais s'enchaînent.
Les mécanos virevoltent, les membres du club RC30 s'occupe dans le fond du box, préparent des pièces, je mets à jour le blog, fait des photos, les cuisinières nous préparent des bon petits plats (c'est toujours agréable quand vers minuit quelqu'un vient vous dire qu'il y a une tarte au pomme chaude dans la tente). La pluie s'arrête brièvement en fin d'après midi, Laurent rentre au stand, il était en pneus mixtes sur piste séchante, son sourire en dit long, il s'éclate. Petit interlude sympas, en revenant de la tente vers le stand, je crois Gérard Jolivet qui revient en vélo, je lance en rigolant "Dis m'sieur Jolivet, tu me fais un wheeling". Ah non, ça, je sais pas faire, par contre, je préfère rouler en arrière, et hop, il part assis sur le guidon, assis en arrière, et me dit "pis bon, avec les mains, c'est trop dur, alors je préfère pas les mettre sur le guidon". Et hop, il fait des 8 dans le paddock assis en arrière sur le guidon sans les mains. Y'a pas, ces pilotes, tu leur mets n'importe quoi avec un guidon entre les pattes, et hop, ils font des miracles. La nuit tombe, la moto continu d'aligner les tours sans arrêt, les pilotes s'amusent, tout va bien. Quand tout est calme, on passe sous la tente, faire une partie de flip, manger un peu de gâteau.
Vers 23h00, au moment ou David rentre au stand mettre les pneus pluie, les officiels viennent annoncer une pénalité de 10 minutes. L'ambiance devient tendue. Le règlement veut qu'en cas de pénalité, la moto reparte sans qu'aucune intervention ne soit faite dessus, sauf que David vient de ramener la moto en slicks, et il pleut maintenant à torrent !
En expliquant patiemment aux officiels que s'il part comme ça, il ne peut que se bourrer au 1er virage, il obtient le droit de partir en pneus pluie, ouf, c'est déjà ça de sauvé. Gros coup de bol, au moment de la pénalité, une moto tombe dans le Dunlop, le pace car sort, du coup, la moto perdra moins de tours de prévu. Une fois reparti, David est en 2'05'028 régulier sur le mouillé, sachant que le R1 en 11e position est en 2'05'852 ! Impressionnant non ? Vu que tout se passe bien, je pars faire un tour chez « les fous » avec 2 photographes, histoire de s'imprégner de l'ambiance du Mans. Bon, on dira que je suis bien content d'être dans le paddock, parce que les motos qui ruptent, les tas de cannettes, c'est rigolo, mais que pour regarder. Si ma moto et ma tente étaient là-dedans, je ne serais pas trop rassuré.
Gros coup de flip, on rentre au stand, et on apprend que la moto a disparu ! Elle ne passe plus dans la ligne droite, et le chrono ne bouge plus. On zappe frénétiquement sur les chaines de tv interne au circuit, et on finit par repérer la moto au chemin aux boufs. La pluie torrentielle aura eu raison du CDI du RC30, et en sortant de la Dunlop, hop, tout a coupé. Laurent va pousser la moto pendant 45 minutes sous la pluie pour la ramener au stand.
En arrivant, il s'écroule dans les bras d'un mécano, littéralement. Coté moto, un changement de CDI, et elle repart. Laurent file chez le Kiné, il en a bien besoin. La mi course vient de passer, pour fêter cela, David fait un petit tout droit, mais ramène la moto au moteur. Le temps de changer des pièces d'usure (carénage, sélecteur, etc) , et il repart... Pour rentrer un peu plus tard. Le carter d'alternateur a été touché, fuite d'huile. Donc hop, les mécanos changent le carter. La moto est réparée, Zef repart, pas pour longtemps, la moto ratatouille, il semble que le CDI remis ne soit pas au mieux de sa forme.
Dans le stand, les tronches s'allongent, ça fait quelques heures que la moto accumule galère sur galère, on commence à être inquiet. La moto repart avec un nouveau CDI, et revient pour un changement de rampe de carbus et de roue arrière. Partir avec un pneu neuf permet à Zef de repartir sans avoir à se soucier de l'usure du pneu, et se concentrer sur le comportement de la moto.
Vers 5h30, on entend au micro que la RC30 a chuté. Zef revient en poussant, fausse alerte, la moto a calé, et n'a pas redémarré, mais pas de chute. Changement de batterie, et ça repart avec Laurent. Ce départ de nouveau relais signe la fin des ennuis. Il aligne les tours avec des chronos constants, réglé comme un métronome. Laurent fait son relais, il rentre avec le sourire, enfin, la moto, remarche. Enfin remarchait. Quand David essaye de repartir, la moto ne redémarre pas. Enfer. Il reste 8 heures de course, il faut qu'elle redémarre. Pendant ce temps, j'attrape Laurent pour avoir des infos sur son relais, « la moto marche super bien, elle est très agréable à piloter ». Derrière nous, la moto craque, elle redémarre, David fonce, le jour se lève, pas mal de concurrents ont abandonné, mais pas la 30 !
Vers 6h00, je m'écroule sur une chaise, et je somnole/dors pendant 30mn. ça sera toujours ça de pris question sommeil. Tout revient dans l'ordre, il fait jour, on se dit que la fin est proche, les mécanos qui ont fait un boulot monstre cette nuit déjeunent dans un coin. Il ne pleut plus pour l'instant, mais la piste est trempée. Nous sommes 29e, mais la KTM n'est plus très loin. David confirme ce que disait Laurent, la moto est superbe à piloter, facile, un vrai plaisir.
Zef repart sous la flotte, il tourne à nouveau en 2'06, à 4 secondes des chronos de la Suzuki numéro 1. La matinée se passe super bien, on a même la visite du boss de Honda France, un japonais, qui vient voir la RC30, et discuter un peu avec nous. Il est impressionné par la pile de mails de soutient que nous avons reçu, par le suivi du blog (quand je le mettais à jours vers ¾ heures du matin, il y avait des messages dans les 10 minutes qui suivaient, jamais ils dorment les gens ?) Plus le temps passe, plus on se rapproche de la Ktm, 17trs, 12trs, 7trs, 4 trs d'avance !! La rc30 n'est pas dernière ! Zef vient de faire un relais de folie. Bonus track, j'ai réussi à dégoter une chasuble de photographe officiel, à moi la voie des commissaires pour shooter un peu dans la Dunlop. Si on n'a pas accès à cette voie, le circuit est vraiment très mal foutu pour faire des photos, avec des doubles grillages partout, et un public hyper loin de la piste.
La fin de la course approche, dans le stand, la tension est forte, l'émotion palpable, certains s'essuient l'oil style « j'ai une poussière ».
15h00, la moto passe la ligne, c'est l'euphorie, on a réussi. Le stress des dernières 24hrs et des dernières semaines, vu que les galères ont commencé bien avant la course s'évacue d'un coup, tout le monde essuie une (grosse) larme de joie, serrage de main, congratulation, c'est vraiment un grand moment, le genre de moment qui reste gravé dans la mémoire. On a finit les 24hrs du Mans avec une moto de 20ans d'âge !
Merci à Moto Journal pour m'avoir invité, c'était une expérience fabuleuse, inoubliable. J'en ai les yeux qui piquent rien que d'y repenser. Bravo aux mécanos pour leur boulot, aux membres du forum RC30 pour leur projet de fou, merci aux cuisinières, femmes des pilotes et mécanos qui ont préparé des petits plats à toute heure du jour et de la nuit. J'ai rencontré des gens super sympas, des pilotes abordables, des gens qui ne se prenaient pas la tête. Bref, Merci (oui, je sais, je me répète)
A voir aussi : le reportage photos des 24h
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