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Essai Kawasaki Z 1300 (1982)

Treize à la demi douzaine !

Pas d'inquiétude pour le fessier du pilote. La Kawasaki offre un confort pullman !"Gigantesque", "pachydermique", "monumentale"… Les adjectifs ne manquaient pas pour qualifier la Kawasaki Z 1300 quand elle fut présentée au salon de Paris 1978…

Etat de grasse

La 1300 6 est née à l’époque où les constructeurs pouvaient se permettre toutes les audaces. Son moteur, inséré dans le cadre double-berceaux, est de toute beauté. Dépourvu d’ailettes, puisque refroidi par eau (spécificité dont ne bénéficiaient pas autrefois ses cousines à six pattes Honda 1000 CBX et Benelli 750 SEI), gorgé de 120 chevaux et capable d’entraîner ferraille et conducteur à plus de 200 km/h, cette Kawasaki a vraiment marqué les esprits.

Accastillée comme un paquebot, elle était entrée d’emblée dans le club des machines d’exception. L’imparfait n’est pas vraiment de mise. Aujourd’hui encore la belle adipeuse fait tourner bien des têtes. Stationné ou en dynamique l’engin fascine depuis près de quarante ans…

Aussi imposante que majestueuse, la Kawa est indiscutablement une très belle moto...

Et quelle santé ! Brutale ou douce suivant le désir du pilote, son cardan jamais pris en faute, l’outil idéal pour rouler différent, dans un bien-être remarquable. Et quel plaisir de partager une selle si confortable, sur laquelle la personne transportée trouvera un arceau de maintien et des repose-pied idéalement positionnés... Autant de motifs pour désirer rejoindre le bout du monde à ses commandes. Elle en est capable, sa mécanique fiable, si tant est qu’on l’entretienne avec soin, apportera à son dompteur la sérénité qu’il sied aux grands voyageurs. Certes, Madame Plus gigote un peu à hautes vitesses sur l'autoroute, racle des bajoues en virages serrés des Départementales et consomme un peu d’huile, mais la satisfaction d’avoir entre les jarrets une demi-douzaine de pistons enthousiasmants une moto aussi belle qu’exceptionnelle, fait passer ses petits défauts pour des caprices de vraie diva...

Aussi imposante que majestueuse, la Kawa est indiscutablement une très belle moto...

Bon morceau

Effectivement, la 1300 Kawasaki dépasse largement les 300 kilos. Mais en dynamique, quel confort, onctueuse et pleine de couple par-dessus le marché. Agile comme un girafon sur la banquise, certes, mais pourtant capable de faire (un peu !), oublier son imposante carcasse. Quant à son aubade en montée de régime, Wolfgang Amadeus n’aurait pas fait mieux…

Le modèle (A 4), présenté ici, date de 1982 et dispose d’amortisseurs offrant un meilleur débattement que ceux du premier millésime, bien trop faiblards. Par ailleurs, un raidisseur de fourche a été fixé, accessoire extrêmement bienvenu lors des passages optimistes en courbe.

Avec un peu de pratique, on finit par l'apprivoiser...

Concernant le freinage, des durits aviation améliorent un peu le ressenti et si la roue avant ne s’enfonce pas dans le bitume une fois le levier pressé comme un citron, la grasse callipyge ralentit suffisamment pour préserver le cœur de son pilote, y compris dans les cas d’urgence.

Les étriers flottants mono-piston ont bien du mal à arrêter les 320 kg de l'ensemble...

Un contacteur, permettant la mise en marche forcée du ventilateur, assure une bonne aération en toutes circonstances (astuce indispensable, le moteur a souvent trop chaud). Enfin, un tendeur de chaîne de distribution prélevé sur un ZZR, préserve tout risque de décalage. A ces détails (importants) près, la belle est entièrement d’origine.

Elément de fierté par rapport à ses cousines six pattes de l'époque : son radiateur !

Cours d’à six

La Z 1300 reste une grande routière (6 cylindres, cardan), mais se veut aussi sportive par son allure agressive. Les avancées technologiques, comme le refroidissement liquide et les carburateurs double corps ont séduit d’emblée les motards de la fin des années 70. Durant sa carrière, la Z 1300 s’est vendue à environ 2.000 exemplaires en France. Trouver l’occasion est chose relativement facile, méfiance toutefois...

On peut dénicher des Z modifiées, personnalisées ou incomplètes à partir 4.000 €, mais une réfection totale du moteur peut atteindre 3.000 € et certaines pièces sont très difficiles à trouver et à des prix exorbitants. Mieux vaut choisir une machine complète et d’origine, avec un kilométrage raisonnable. Une telle moto peut s’afficher à 6.000 €, tandis qu’un modèle tel que celui essayé ici est expertisé à 10.000 euros.

Entre poids et hauteur de selle, la 1300 n'est pas l'outil idéal en ville.

Les moteurs Kawasaki Z sont réputés fiables, mais exigent d’être traités avec soin. La tension de chaîne de distribution est à vérifier tous les 10.000 kilomètres et son remplacement, ainsi que le tendeur, tous les 50.000. Le niveau d’huile est à contrôler très régulièrement, une consommation n’est pas rare. Côté partie cycle, le jeu de la colonne de direction est à inspecter fréquemment. Sur les modèles à carburateurs, la pompe à essence a tendance à gripper.

Par ailleurs, la tenue de route sera fortement dégradée avec un pneu arrière « carré », son remplacement s’imposera. Ces quelques points respectés, la Kawasaki Z 1300 sera toujours partante pour sillonner la planète en son entier. Aux commandes d’une machine ayant en son temps recueilli tous les superlatifs et les méritant encore !

Chrome et dur... Rien n'est trop beau pour la Z 13 !

Chronologie

1979 : Type A1. Présentée au salon de Paris et commercialisée début 1979, uniquement dans les coloris bleu nuit. Allumage électronique côté droit derrière le bloc-cylindres avec avance centrifuge. Damper en bout gauche de vilebrequin. Fourche avec pression d’air sur chaque tube et amortisseurs classiques avec réglage uniquement en dureté de ressorts.

1980 : Type A2. Coloris rouge rubis et bleu nuit. La capacité d’huile moteur passe de 4,6 L à 5,3 L. Les amortisseurs sont équipés de ressorts plus durs et le débattement est augmenté de 11 mm.

Design « carrés et rectangles », parfaitement réussi...

1981 : Type A3. Coloris rouge rubis, vert et noir ébène. L’allumage est totalement électronique (à effet hall) et l’allumeur passe en bout gauche de vilebrequin. La capacité d’huile moteur est augmentée (6,2 L) et un contacteur de niveau bas est ajouté. Les carters moteur sont chromés. Un mécanisme à bille est incorporé à la boîte de vitesses pour améliorer la recherche du point mort. Les nouveaux amortisseurs AR deviennent réglables en amortissement hydraulique. La fourche ne comporte plus qu’une seule valve de pression d’air avec un tuyau d’équilibrage.

1982 : Type A4. Coloris rouge et noir ébène. L’allumage n’est plus à effet hall mais devient CDI et l’allumeur est placé du côté droit du vilebrequin pour laisser la place au damper du côté gauche. L’embrayage, les carters moteur et le couple conique sont modifiés.

Rien de tape à l'oeil, juste du bon goût. La 1300 Kawasaki reste élégante du tableau de bord jusqu'au bout des pneus...

1983 : Type A5. Coloris rouge et noir ébène. La fourche est légèrement modifiée avec une capacité d’huile augmentée.

1984-1985 : Type ZG1300-A1. Coloris rouge et noir. La principale évolution consiste au remplacement des carburateurs par l’injection et la modification de la culasse, la puissance passe à 130 ch. Les carters moteur sont encore modifiés pour inclure un hublot de contrôle de niveau d’huile. Les amortisseurs AR sont désormais réglables en 5 positions avec une unique valve de gonflage sur le côté gauche. L’angle de chasse est légèrement réduit.

1986-1989 (fin de commercialisation mondiale) : Type ZG1300-A2. Coloris noir. Conséquence de la loi de 1985, la puissance en France est abaissée à 100 chevaux par l’installation d’une cale sur la poignée de gaz.

Massive centrale... La démesure est partout sur cette moto !

Identification

  • Type A1 1979 : n° de cadre à partir de KZT30A-000101, n° moteur à partir de KZT30A-E000101
  • Type A2 1980 : n° de cadre à partir de KZT30A-006201, n° moteur à partir de KZT30A-E05801
  • Type A3 1981 : n° de cadre à partir de KZT30A-011501, n° moteur à partir de KZT30A-E12401
  • Type A4 1982 : n° de cadre à partir de KZT30A-014101, n° moteur à partir de KZT30A-E14801
  • Type A5 1983 : n° de cadre à partir de KZT30A-015901, n° moteur à partir de KZT30A-E16401
  • Type ZG1300-A1 1984/1985 : n° de cadre à partir de ZGT30A-000001
  • Type ZG1300-A2 1986 à 1989 : n° de cadre à partir de ZGT30A-002801

Points forts

  • Puissance et couple du six cylindres
  • Confort
  • Onctuosité de la transmission
  • Silence de fonctionnement

Points faibles

  • Freinage moyen
  • Maniabilité à l’arrêt 
  • Coût de restauration

La fiche technique de la Kawasaki Z 1300

Treize à la demie douzaine !

Commentaires

alain81

Mon grand rêve à l'époque (avec la 750 H2)! Mais je ne pouvais me la payer ! Me suis "contenté" d'une Z1000 MK2.

28-03-2014 11:31 
cajo

Toujours admiratif ... ce moteur m'a fait rêver (comme tant d'autres) !
Quand on est allé à Solla, à 3 gaillards avec le side 13/6 + EML (Salut Dominique !!) la poussée, les reprises, le son, la "force tranquille" et l'efficacité... m'ont ravi.
Bon, forcément ... dans cette configuration, il fallait leur donner régulièrement à boire, aux canassons !!

Y'a quelque chose qui m'évoque l'indestructible dans ce moteur et la machine.
Talon d'Achille de l'attelage en question, en roues de 14 pouces (j'suis pô sûr... c'était p't'êt du 13 ou 15 ?), la proximité du carter bas moteur (avec son écrou de vidange légèrement saillant), avec les ralentisseurs fourbes. Un jour, un moment d'inattention, et hop ... ralentisseur repeint !

Merci pour cet essai dans le RDM, c'est plutôt sympa de ne pas oublier nos stars !!

30-03-2014 07:39 
Domino16

24-02-2015 18:37 
Domino16

Bonjour ; bientôt 30 (trente)ans que je roule en 13 (Z1300), j'en ai 51 et j'aime toujours. Ma dernière me pose souvent des galères, mais je vais la refaire (quand on aime, ....). Il vaut mieux être costaud pour du sur-place, mais passé 5 km/h, avec un guidon de Z650 ou Z900 qui sont un peu plus hauts, très facilement man½uvrable. De plus, on passe tranquillement au-dessus des rétros des voitures !
Osez au moins en essayer, vous ne devriez pas être déçus

24-02-2015 18:42 
1364

Rien sur les modèles transformés par Godier-Genoud?
Dont un 1400cc turbo?
En tous cas, ces dernières avaient un look GT splendide!
Et ce moteur... quelle cathédrale! C'est pour moi le plus bô!
Il inspire le respect immédiat! Bien plus que ceux à ailettes à mon sens.
Dommage que BMW n'ai pas sorti son concept roadster basé sur son six, ou que Honda n'ai pas fait de même avec son flat six.
Quant à kawa, je préfèrerais qu'il en ressortent un, plutôt que leur 4 en ligne compressé!

Un peu de noblesse dans ce monde de "brutis"... par la colle!
Celle qui (nous) cloue au sol et (nous) empêche d'avancer!
Celle qui fait mine de tutoyer l'infini... et qui raccroche un zéro à son symbole!
Celle dont se gargarisent les mous pensants et que l'on dégueule, nous, chaque jour que notre passion s'alourdie.

13-04-2020 10:21 
 

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