Moto pratique : vidanger sa fourche
Des conseils pratiques pour entretenir votre moto
- Périodicité : Tous les 10 à 20.000 km selon le modèle…
- Difficulté (de 1 à 5, de facile à difficile) : 2
- Durée : moins de 1 heure
- Matériel : outillage à main classique + réglet, verre doseur + grosses serringue avec un morceau de Durit et une rondelle caoutchouc ou carton pour faire office de butée + huile de fourche de viscosité adaptée
Laminée par le temps et les kilomètres, l’huile de fourche se dégrade progressivement détériorant de fait le confort et les performances de votre moto. Pour y remédier, il suffit de remplacer l’huile par de la neuve. Si vous avez une fourche conventionnelle et sans réglage, l’opération est relativement simple…
Partie 1 : fourche conventionnelle
La fourche télescopique assure simultanément la suspension et l’amortissement. La suspension est confiée aux ressorts hélicoïdaux, mais aussi au volume d’air emprisonné dans les tubes. Comme dans une pompe à vélo, ce dernier se comprime au fil de l’enfoncement jouant le rôle d’un ressort pneumatique qui vient épauler le travail du ressort mécanique. En augmentant le volume d’huile dans la fourche, le volume d’air résiduel sera plus faible. De fait, un même enfoncement provoquera une montée plus importante de la pression interne. La quantité d’huile joue donc sur la raideur de la suspension. Plus on en met, plus elle devient dure.
Mais outre la lubrification des parties coulissantes, l’huile est aussi là pour amortir les déplacements par laminage dans des orifices calibrés. Dès lors ce n’est plus la quantité, mais la viscosité de l’huile utilisée qui compte. Plus l’huile est fluide, plus l’amortissement est faible, plus elle est visqueuse, plus la fourche amortie.
En vidangeant votre fourche, vous pouvez donc en profiter pour modifier simplement les réglages de base du constructeur pour les adapter à votre corpulence ou à votre type d’utilisation. En règle générale l’opération se pratique tous les 10 à 20 000 km selon les constructeurs voire plus souvent particulièrement si vous pratiquez le tout –terrain.
Bouchons de vidange…
Jadis, les motos étaient équipées de vis de vidange en bas des fourreaux, mais malheureusement, elles ont tendance à disparaître. Sans doute la vidange était-elle moins complète, mais pour le commun des mortels, cela convenait et évitait la dépose de la fourche, de la roue, des freins et du garde boue… Le constructeur économise désormais quelques centimes à la fabrication…
Certains millésimes d’une même moto (Honda CB 500 par exemple) ont les bossages de fonderie, mais plus d’orifice de vidange fileté. Il suffit alors de percer et tarauder pour retrouver l’usage de ces bouchons bien pratiques… Rappelons enfin que la méthode indiquée ici ne concerne que les fourches conventionnelles et non les fourches inversées ou les fourches à cartouches qui demandent plus de minutie en particulier pour la purge lors du remontage. Par ailleurs, si votre fourche est équipée de réglages hydrauliques, il vous faudra dévisser le système pour dégager le ressort.
Action !
Avant la dépose, mesurez à l’aide d’un réglet la hauteur de dépassement des tubes de fourche par rapport au té supérieur, afin de ne pas modifier l’assiette (inclinaison de la moto par rapport à l’horizontale) lors du remontage.
Même chose pour la précontrainte si un réglage existe : relevez la hauteur ou la position (nombre de traits, nombre de crans). Ensuite, pour faciliter le démontage/remontage des bouchons de fourche, desserrez au maximum les réglages de précontrainte des ressorts.
Relâcher la vis de serrage du té supérieur autour du tube pour libérer le filetage du bouchon, puis desserrer les bouchons supérieurs d’1/4 de tour, quand les tubes sont encore en place sur la moto, car parfois ils sont bloqués.
Calez votre moto roue avant en l’air et assurez vous de sa stabilité. Déposez la roue, les étriers de freins, le garde-boue, l’entraînement de compteur, etc. Une fois terminé, déposez vos tubes de fourche un à un et desserrez complètement les bouchons, en prenant soin qu’ils ne « s’envolent » pas en arrivant en bout de filetage.
Videz le tube dans un récipient en bloquant d’un doigt les ressorts et autres entretoises pour éviter qu’ils ne tombent.
Videz toute l’huile en faisant coulisser à plusieurs reprises le tube dans son fourreau.
Récupérez les pièces amovibles (ressort, entretoise de pré-charge, rondelle d’appui, etc. ) en respectant l’ordre de montage. Attention, parfois les ressorts progressifs ont un sens, veillez à le respecter. Nettoyez le tout soigneusement.
Dans un récipient doseur, versez approximativement la quantité d’huile préconisée par le constructeur. Lors du remplissage des tubes, on se base sur le niveau et non la quantité, il faudra donc faire un ajustement après le remplissage.
Une fois le tube rempli, actionnez la fourche de bas en haut à plusieurs reprises pour purger efficacement le dispositif d’amortissement. Lorsque vous rencontrez une résistance constante dans les déplacements, la purge est terminée.
Ajustez le niveau d’huile prescrit par le constructeur. On peut se confectionner simplement un outillage avec une grosse seringue. En réglant le dépassement du tuyau par rapport à la butée mobile à la côte prescrite, on pompe le surplus d’huile dans la seringue.
Reposez le ressort et l’empilage de cales, puis vissez le bouchon. Pour mémoire, les valeurs du niveau d’huile indiquées correspondent à une fourche vide. Si vous souhaitez durcir la suspension en fin de course, augmentez le niveau d’huile.
Positionnez les tubes dans les tés et bloquez les bouchons au couple préconisé. Ajustez la précontrainte des ressorts aux valeurs relevées avant le démontage. Serrez convenablement tous les organes, avec une clé dynamométrique et actionnez le frein avant pour repousser les plaquettes.
C’est fini, il ne vous reste plus qu’à déposer la vieille huile auprès d’un professionnel ou un concessionnaire équipé pour retraiter l’huile usagée vers la bonne filière !
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