Essai Victory Vision Tour
Elle donne la berlue
Pas moyen de passer inaperçu. Si pour vous, rouler à moto, c'est avant tout cela, inutile de lire la suite... Foncez directement dans le réseau naissant de revendeurs Victory.
Une marque apparue en 1998 de l'autre côté de l'Atlantique et qui tente une percée sur le sol hexagonal depuis l'automne 2010. Loin d'être une idée farfelue d'un petit constructeur qui assemble ses machines dans son salon, la marque qui est basée à Spirit lake dans l'Iowa, est solidement adossée à Polaris, le géant nord américain de la motoneige. Une référence et un gage de sérieux qui a d'abord développé son réseau aux États-Unis et veut désormais s'étendre au Vieux continent.
Sacoches un peu chiches
Pour l'image et le savoir-faire de la marque, c'est la Vision qui est mise en avant. Une machine qui ne ressemble à aucune autre et qui place d'emblée la créativité de Victory au centre de la discussion. Lignes galbées, fluides et tendues, c'est du côté du meilleur du design américain que l'esthétique de la Vision est allée piocher, parfois au détriment du côté pratique. Ce que l'on constate au niveau de la logeabilité des sacoches latérales. Un peu chiches en volume, elles s'intègrent parfaitement à la ligne comme un élément majeur de la silhouette de la Vision. Et à défaut d'être très accueillantes (110 litres tout de même avec le top case), elles sont pour le coup parfaitement étanches et maintenues à l'ouverture par des vérins plutôt que des sangles. Détail de finition qui augure du reste.
Sono, i-pod et MP3
La suite, on la découvre en roulant. Le poste de pilotage s'apprécie la nuit ou dans un tunnel par le bleuté de son rétro éclairage. Une platine façon métal brossé trace la console centrale qui mène aux informations traditionnelles. Un gros compteur pour afficher une graduation de la vitesse dont les chiffres sont écrasés les uns sur les autres au-delà de 120 km/h indique les prétentions et l'usage de la machine: plutôt cruising.
Ce qu'indique ni plus ni moins la platine qui tombe comme une goutte d'eau de la poignée droite de l'accélérateur. Un élément de chrome et boutons pour actionner et gérer le régulateur de vitesse qui hoquette parfois en côte. La symétrique du large guidon façon cornes de zébu chromées s'emploie à gérer la sono. Là encore Victory ne fait pas dans le suivisme. Juste la radio et pas d'encombrant chargeur de CD. C'est qu'une prise logée dans une trappe de la planche de bord permet de relier un lecteur MP3 ou encore un i-pod. S'il fallait le recharger, une prise allume cigare parfait l'ingénieux équipement.
Une boîte perfectible
Mais on a surtout hâte de savoir ce que cette machine sortie d'une chimère vaut sur le goudron. Alors on tourne la clé et actionne le démarreur. Très métallique, le son délivré par le bicylindre résonne dans le carénage et n'est pas ce qui se fait de plus valorisant.
Derrière, du côté des pots d'échappement parfaitement intégrés à la ligne, c'est en revanche plus acceptable.
On imagine que la sonorité outre Atlantique doit être un peu plus sympathique. Spéculation au vu de la fiche technique qui ne gratifie que de 89 ch le modèle Europe contre 95 ch version US pour 140 Nm de couple sur les deux rives de l'Atlantique. Klonck façon vieille béhème, la sélection se fait sur un bras de levier à fort débattement. Et révèle une mécanique qui semble bien serrée dans les entrailles de la bête. Sur notre modèle d'essai qui affichait 6,800 km au compteur en début de roulage, 850 km supplémentaires n'ont rien changé à l'affaire. Le point mort est souvent difficile à trouver.
En route en revanche, aucun problème à verrouiller les intermédiaires, les rapports passent sans effort au-delà de 1,750 tr/min, pallier que l'on a du mal à ne pas franchir par respect pour la mécanique.
Un twin mais 8 soupapes
Quelques vibrations accompagnent les montées en régime du twin ouvert à 50°, mais rien à voir avec la présence du big-twin Harley. La technologie n'est pas la même. Ici, point de culbuteurs pour alimenter le bicylindre en V, mais quatre soupapes par cylindre qui gavent modérément le bouilleur qui est aussi sobre que ses cousins de Milwaukee. 5,8 l/100 km, soit presque 400 kilomètres d'autonomie grâce aux 22,7 litres de contenance du réservoir, c'est ce que l'on demande à une voyageuse au long court dont la mécanique est refroidie par air et huile. Ultime soucis du détail, les ailettes de chaque cylindre reprennent le V de Victory dans leur usinage. Clin d'œil pour le moins léché.
Protection enveloppante
Côté pilote, on commence à profiter du confort après avoir eu la crainte du gabarit pour franchir les premiers hectomètres. Bien calé dans la selle dont les bourrelets enserrent les lombaires, on se complet à serrer les jambes ou à les écarter de la machine tant la place fait partie de la vie à bord. On s'en rendra compte un peu plus tard, mais cette aisance permet aussi de s'éloigner ou de se rapprocher de la chaleur dégagée par les 1.731 cm3 de la belle. Car pour ce qui est de la protection, la Vision n'a rien laissé au hasard.
Lucky Luke pourrait rouler ses cigarettes en profitant du régulateur de vitesse. Il pourrait même les fumer sans risquer de se brûler les lèvres en relevant la bulle électrique dont la qualité optique ne souffre aucun reproche. Mais on préfère rouler pare-brise baissé pour mieux lire la route, sentir un peu d'air tout de même sur le sommet du casque, voire se rafraîchir les idées par les ouïes du sommet du casque. Si cela ne suffisait pas, les déflecteurs latéraux sont ajustables et orientables vers le pilote, histoire de prendre un peu l'air.
ABS et freinage couplé de série
Calé sur le sixième et dernier rapport, à 2,750 tr/min à 120 km/h, le freedom V-twin, comme inscrit sur les carters, cruise à la bonne allure. Discret ce qu'il faut pour laisser la sono occuper le volume sonore et suffisamment dans les tours pour permettre tout dépassement soudain si besoin était. Au détour de petites routes, on appréciera de rendre la main pour tomber quelques rapports et jauger des reprises et de la partie-cycle. L'ensemble se montre équilibré, homogène et surprend surtout par une très bonne garde au sol. L'agilité est celle d'une machine de 395 kg qui s'appuie sur les bras de levier du guidon et de l'engagement du pilote, voire de l'aide du couple à la remise des gaz, pour être balancée d'une courbe à l'autre. Côté freinage, l'élément avant ne distille pas de manière très fine les remontées d'information. Efficace mais pas transcendant, il se montre bien plus puissant s'il est épaulé par l'élément arrière qui, en plus d'asseoir la machine, permet de bien remettre la machine en ligne. Encore une fois, Victory a choisi un dispositif couplé pour équiper sa machine qui dispose, en sus, de l'ABS.
Des ergots pour parer les chutes
Loin des longs trajets et des départementales sinueuses, la Vision trouve sa place en ville au regard de son patronyme. C'est en effet l'occasion pour les badauds de s'attarder sur ce nouvel objet de désir. Il faudra en revanche bien attendre de maîtriser la belle pour s'aventurer dans la jungle urbaine et ne pas risquer d'être intimidé par tant de regards et risquer d'être poussé à la faute. Car, même si le centre de gravité semble bas, même si l'assise est elle aussi au plus près du plancher des vaches (la selle culmine à 673 mm), la Vision n'en reste pas moins encombrante. Bien sûr, Victory a pourvu son modèle « premium » d'ergots latéraux pour conjurer toute chute à basse vitesse comme BMW sur la jadis K 1200 LT. Mais il faudra chercher dans les options pour équiper sa machine d'une marche arrière. Un détail car côté prix, la Vision s'échange contre 22,490 € contre 27,990 € pour son équivalent chez Harley, 28,990 € pour la Goldwing de Honda. A mi chemin entre ces deux divas des longs trajets qu'elle enterre côté tarif, la Victory trouvera sur sa route la très bien placée K 1600 GTL. Et là, elle devra tout miser sur sa plastique pour emporter les suffrages.
Conclusion
Avec sa ligne rafraîchissante, la Victory Vision s'impose comme une alternative crédible à bien des longs courriers made in Japan, USA ou Germany. Sérieux de fabrication, détail de finition et exotisme esthétique sont comme autant d'arguments qui peuvent orienter in fine le choix du prospect. A qui il ne reste plus qu'à trouver un revendeur de proximité pour définitivement craquer.
Ce à quoi la marque est justement en train de s'atteler.
Points forts
- Le look incomparable
- La qualité de fabrication
- Le comportement neutre
Points faibles
- Le réseau pas encore étoffé
- La marche arrière en option
- La résonance mécanique dans le carénage
Commentaires
Que du Bonheur ce chef-d'oeuvre . Marchez arrière inutile, et résonnances "out" une fois les pôts travaillés ^^ . Seul bémol; les rétros, et encore il faut vraiment chercher la petite bête .
05-09-2011 17:49(...)Ici, point de culbuteurs pour alimenter le bicylindre en V, mais quatre soupapes par cylindre(...)
10-09-2011 23:22Arf, j'ignorais qu'il fallait choisir entre culbuteurs et soupapes...
Bon, mise à part cette boutade, merci pour l'essai de cette meule atypique. Pas mon style, mais c'est différent. Et la différence se fait si rare, de nos jours...
Je pense que la marche arrière est l'option quasi obligatoire... vu son agrément sur la Goldwing. On ne déplace pas 400 kg si facilement.
15-09-2011 16:24Très jolis silencieux à l'extrémité noire biseautée... classe !
Un peu de Gold, un peu de Harley... Son prix peut faire la différence.
Erreur mon Cher Watson la marche arrière est totalement inutile , je sais de quoi je parle j'ai eu 2 BMW K12 LT avant et LA oui, elle était indispensable . Sont forts ces Ricains , mais oû ont-ils planqués les kgs ?
16-09-2011 18:33Franchement, j'aime pas !!!
17-09-2011 08:28Mais il faut avouer que le travail a l'air soigné et que c'est atypique.
Il en faut pour tous les gouts et c'est bien ainsi . Et étrangement alors que sur le net cette moto est souvent décriée ,sur la route il en va tout autrement . Ceci étant dit , je ne l'ai pas achetée pour les autres et Purée je ne le regrette pas . Pour comprendre il faut l'essayer et là, SURPRISE : Mais c'est un vélo
17-09-2011 09:59