Essai Ducati Scrambler
Secouez moi, secouez moi !
La mode est au classic, aux anciennes et au revival. Il y a eu depuis une dizaine d’années, le renouveau des classic et quelques essais limités de scrambler, ces motos au guidon large et aux pneux à crampons pour les adeptes de sable et de boue. Si d’autres marques ont proposé des Scrambler, Ducati y a mis particulièrement beaucoup d’efforts, développant pratiquement une marque autant qu’un modèle et un univers propre en le déclinant en pas moins de quatre modèles depuis la version Icon de base, aux versions Urban Enduro, Full Throttle et Classic jusqu'à une ligne de vêtements Sportswear dédié. A tel point, qu'à force d'annonce et de marketing à tout va, beaucoup ont oublié la moto au profit de l'image branchée et communication ! Et pourtant, ce n’est pas une vraie nouveauté, puisque la marque de Bologne n’a fait « que » reprendre ses sources et un modèle développé entre 1962 et 1975.
Découverte
Le Scrambler plonge dans l’univers de la plage mais aussi des courses de Fast-Track en fonction des modèles. On trouve donc une machine au guidon large, à l’échappement relevé et au phare rond, directement issu des années 70. Les modèles se différencient ensuite par la selle, ou encore les jantes tantôt à rayons ou bâtons, voire par le silencieux. On remarque au passage l’énorme roue avant de 18 pouces, avec sa petite sœur arrière en 17 pouces.
Sous le ramage, on retrouve la base moteur du Monster 796 avec le bicylindre de 803 cm3, le dernier twin à air de la marque, dont on a castré la puissance à « seulement » 75 chevaux tout en offrant un couple de 68 Nm placé assez haut à 8750 trs/min. Le système d’échappement 2 en 1 avec deux silencieux en aluminium a été spécialement dessiné.
En selle
Première surprise, avec une selle à 790 mm et un entrejambe relativement fin, le pilote d’1,70m pose bien les pieds à plats et donc mieux que la plupart des roadsters du marché. Même le pilote d’1,60m arrivera ainsi à poser pied à terre, sans compter que le large guidon offre une parfaite tenue.
Epuré comme dans les années 70, le tableau de bord se résume à un simple écran rond légèrement décalé sur la droite et presque derrière le câble d’accélérateur. Hormis la forme 70s, le compteur est entièrement digital avec un indicateur de vitesse, une graduation sur le pourtour pour le régime moteur (avec une zone rouge à 12.000 tr/min), un totaliseur kilométrique, deux partiels, un indicateur kilométrique de réserve, un voyant de réserve de carburant, un affichage de température ambiante, des rappels d’entretien (tous les 12.000 km), une horloge et un indicateur d’ABS. On trouve ensuite les plus standards témoins moteur de pression d’huile, le voyant de plein phare, l’indicateur de point neutre, l’indicateur de clignotants, le dispositif électronique d’immobilisation et un témoin de surrégime.
Au final, lors de la mise en route, le tout s’illumine d’abord comme un arbre de Noël !
Contact
On relève le coupe-circuit, pour découvrir le contacteur à droite. Le Scrambler fait alors entendre la sonorité grave de son deux en un. Première enclenchée, le démarrage est brutal et la coupure des gaz tout autant. On passe la seconde, doucement, pour empêcher le cabrage. Qui a dit que le couple maximal était haut perché ? Les premiers mètres sont plutôt de l’ordre du caractériel, alors que les chiffres tendent à indiquer une machine « cool ». La bête commence à se prendre en main au bout de quelques mètres, aidée par le très large guidon, qui donne envie de lever, cabrer, wheeler ! On se calme !
En ville
Brutal, nerveux dès les plus bas régimes, le Scrambler demande à être un minimum réveillé le matin et encore plus sous la pluie sous peine d’éjecter son conducteur. L’habitude aidant, on dose de façon plus subtile l’accélérateur pour limiter le coup de pied au cul à chaque accélération. Et pour autant, pour celui qui veut plus de douceur en passant les vitesses, le bicylindre rappelle qu’il peut cogner si on ne le maintient pas au-dessus des 3.000 tr/min. Ceci dit le motard joueur peut se forcer à rouler sur le dernier rapport à 50 km/h, juste à la limite des 2.000 tr/min. C’est possible mais dans 99% des cas, on préférera rester au-dessus des 3.000 tours/min.
Pour autant, le moteur offre une sacré allonge avec une première qui se tire jusqu’à 70 km/h et une seconde qui se tire jusque 100 km/h. Du coup, en ville, on ne va jamais jusque ces vitesses illicites, mais on oscille généralement entre deuxième et troisième rapport, la première étant un peu violente.
Mais c’est ce caractère qui concourre à donner un coté fun avec une bonne dose de pulpe qui ne reste jamais au fond.
Le large guidon offre un bras de levier et une énorme maniabilité aidée par un rayon de braquage important de 35°. Seul défaut de la qualité, le guidon se révèle très large pour passer sans sueur froide dans la circulation de centre-ville en plein embouteillage, même si sa hauteur permet régulièrement de passer au-dessus des rétroviseurs des voitures, mais pas toujours. On passe plus facilement entre les files avec les roadsters de la marque ou les sportives qu’avec le Scrambler ou disons, que cela passe, mais souvent juste, voire très très juste.
Autoroute
Ce n’est pas un roadster… c’est un Scrambler ! Et avec un guidon encore plus large qu’un roadster et une position droite, on ressemble rapidement à une voile avec une énorme prise au vent. Çà tient la route, ça double très bien… mais ce n’est pas adapté et on apprécie avec délice le retour sur les petites routes.
Départementales
Après le calvaire de l’autoroute, le Scrambler trouve immédiatement ses marques sur les petites routes pour enchaîner les virolos avec bonheur. Les plus téméraires pourront presque mettre le genou à terre si l’envie leur en prend car la garde au sol est généreuse. Sans pour autant y exceller, le moteur a suffisamment de patate pour tenter l’attaque, surtout si on le laisse tourner au-dessus des 4.000 tr/min et si on le cravache jusqu’à 8.000 tr/min… Et entre les deux premiers rapports, on oscille alors entre 70 et 100 km/h, ce qui laisse de la marge pour s’en mettre une.
Bref, on peut vraiment accélérer le rythme d'autant plus que le Scrambler n'est pas fade et offre une excellente agilité... une italienne très joueuse en quelque sorte.
Confort
La selle conducteur semble large et confortable mais c’est une fausse impression, due à sa faible épaisseur, renforcée par un amortisseur moins vertical qu’habituellement. Résultat, malgré un débattement important de 150 mm, on ressent bien les défauts de la chaussée.
Freinage
Le Scrambler freine excellemment bien de l’arrière ! Quand on bénéficie généralement d’un simple ralentisseur, l’arrière équilibre très bien l’avant, d’autant plus que le freinage appuyé de l’avant fait fortement déjauger la machine qui plonge exagérément. Alors, du coup, pour celui qui veut la malmener, le tout peut ressembler à un cheval à bascule assez rapidement. Mais si l’on actionne les deux leviers simultanément, on bénéficie d’un excellent freinage, avec un bon feeling au rendez-vous. Et pourtant, l’unique disque de 330 mm à l’avant aurait pu faire craindre une sous efficacité, d’autant plus que l’arrière est comme d’habitude un simple 245 mm. Ce doit être les étriers Brembo à quatre pistons et fixation radiale !
Consommation
Malgré un petit réservoir de 13.5 litres, le Scrambler offre une autonomie relative avec sa consommation entre 5 et 5.5 litres, soit à peu près 200 kilomètres avant que le voyant de réserve ne s’allume.
Pratique
L’espace sous la selle est réduit, mais on peut tout de même y loger deux blocs-disques et c’est tout. Mais l’espace est surtout additionné d’une prise USB ! Et du coup, on peut recharger son téléphone portable sous la selle ! Ah et pour ouvrir le tout, il suffit de tourner la tête à 180° : eh oui, la clef se trouve sous le garde-boue. Il faut surtout ne pas l’oublier en garant la moto.
Conclusion
Vous aviez toujours rêvé d’un beach bike dans votre enfance, mais les cylindrées motos étaient ensuite limitées à 125 cm3 ? Le Scrambler est le modèle qu’il vous faut. Joueur, facile de prise en main, le modèle attire en plus tous les regards. Et avec un vrai moteur, assagi par rapport au Monster mais avec une bonne dose de caractère, vous ne vous ennuierez pas à son guidon, loin s’en faut !
Points forts
- look
- caractère moteur
- hauteur de selle (basse)
Points faibles
- confort
Commentaires
Je kiffe grave sur le pot qui, en cas de pluie, sert d'écope à flotte.
27-06-2015 13:27Et sur ce même pot qui saura amoureusement cramer la plante des pieds de l'éventuel passager.
Look sympa, créneau intéressant mais encore une moto cool pour les petits motards! Pour les autres crampes garanties.
29-06-2015 19:23A quand les commentaires pour les motards de taille > 1.80 m (moyenne actuelle chez les jeunes)qui roulent souvent pliés en 4 avec les genoux sous le menton?
J'ai reçu la mienne (Classic) avant-hier et fait une centaine de bornes avec depuis. Que dire sinon que c'est la moto dont je rêvais depuis que Yamaha a cessé la production de la XT 500 ? une XT du XXIe siècle qui pousse bien, freine et ne tortille pas dans les virages. Bref, a priori, c'est le début d'un grand amour entre elle et moi...
21-03-2016 13:19J'ai cru que vous parliez du petit nouveau, le 400, qui a également une bonne tête. Après, à près de 8000 ¤ la bête, faut voir...
21-03-2016 15:53Je possède la version Full Throttle depuis maintenant quelques mois. C'est une moto qui me procure beaucoup de plaisir à chaque fois que je la prend. Et l'échappement termignoni a une très belle sonorité.
27-04-2016 18:47