Histoire constructeur : Godet Motorcycles
Dévoué à Vincent, adoubé par Egli
Patrick Godet est subitement décédé en novembre 2018, à l'âge de 67 ans, à son domicile dans la campagne normande au nord de Rouen. Sa perte a été vivement ressentie chez les propriétaires et passionnés de Vincent à travers le monde entier, ainsi que chez ses nombreux amis de la scène Classic. Beaucoup d'entre eux ont eu recours à la vaste gamme de pièces Godet Motorcycles pour restaurer ou maintenir leur Vincent d'origine, tandis que d'autres ont eu la chance de posséder l'une des 280 Egli Vincent produite par Godet Motorcycles sur une période de 25 ans, avec l'approbation de Fritz Egli lui-même. Pendant ce temps, Patrick Godet a produit les seules reproduction de Egli-Vincent officiellement reconnues. Même Fritz Egli en a acheté une et grâce au démarreur électrique installé sur ces motos par Godet, elles roulent toujours aussi bien que dans les années 80.
Patrick Godet a acheté sa première Vincent en 1974 à l'âge de 22 ans, une Black Shadow.
J'ai vu quelques Rapide à Rouen avec des badges Vincent Owners Club et j'ai pensé : c'est la moto que je veux. Donc quand je suis revenu du service militaire, je suis allé en chercher une et, bien que pendant une très courte période j'ai d'abord eu un café racer Norvin qui n'était pas fiable, j'ai trouvé une Black Shadow. J'ai donc commencé mon histoire avec Vincent à partir de 1974.
Posséder, monter et entretenir une Black Shadow a conduit Patrick à devenir totalement épris de la marque britannique. Et plutôt que de retourner travailler pour la grande entreprise de camionnage de son père, il a utilisé son salaire pour économiser et fonder son entreprise de restauration et de réglage spécialisée sur les motos Vincent, motos qu'il a également pilotées avec succès dans les premières années des courses "Classic" françaises. Avec les recettes, il achète une Black Prince pour ses virées en solo et, en tant que fondateur de la branche française du Vincent Owners Club, pour rouler sur route pendant de nombreuses années aux côtés de la Black Shadow. Le compteur atteindra les 100.000 km avec un attelage Precision.
Après une carrière commerciale qui l'aura vu restaurer des voitures pour assurer les rentrées d'argent avec l'activité sur les Vincent en parallèle, Patrick redémarre son entreprise de motos en 1994 en se concentrant à l'origine uniquement sur la production de répliques de Vincent.
Après s'être agrandi dans une nouvelle usine de 600 m² à Malaunay, dans la périphérie de Rouen, avec six hommes dont son assistant de longue date Bruno Leroy (le seul Français à avoir remporté une course sur le tracé du Tourist Trophy avec un succès en 1998 au Junior Classic MGP sur Aermacchi), l'attention de Patrick aux détails et son enthousiasme à satisfaire ses clients lui apportent des affaires du monde entier, beaucoup pour ses tout nouveaux café racers Egli-Vincent.
L'entente entre Godet et Egli remonte à 1995, quand il a construit la première série de répliques qui inventa le café racer Big Twin. Le stock de pièces répliques qu'il avait commandées pour ses nombreuses restaurations de Vincent lui permet alors de se lancer dans la conception de motos complètes.
Je possédais plusieurs cadres Egli originaux, dont un que j'utilisais comme gabarit pour le reproduire. Au début, je ne pensais pas qu'elles seraient aussi populaires que les Vincent d'origine, mais après en avoir construit une douzaine et alors que les commandes ne cessaient d'arriver, j'ai décidé que je devais obtenir l'approbation de Fritz Egli pour ce que je faisais, ça me semblait juste. Je suis donc allé le voir en Suisse pour lui montrer mon travail. Il était vraiment élogieux et m'a donné la permission exclusive d'utiliser son nom sur les motos car il a dit que je les construisais mieux qu'avant ! Il a même refusé que je lui paie des royalties sur chaque moto, disant que je ne pouvais pas faire suffisamment de bénéfices pour ça. Dès lors, nous sommes devenus la seule entreprise au monde autorisée à construire de véritables Egli-Vincent. Il y a d'autres personnes qui prétendent le faire en Grande-Bretagne et en Amérique, mais ce n'est pas la véritable moto comme la nôtre et Fritz confirme qu'ils n'ont pas le droit de les appeler Egli-Vincent.
Après divers haut et bas, les longues heures de travail acharné de Patrick portent finalement leurs fruits en 2005 lorsqu'il forme Godet Motorcycles en partenariat avec l'un de ses clients : Florent Pagny. Le chanteur est en effet propriétaire d'une collection de 40 Triumph et d'une demi-douzaine de Vincent. Son arrivée permet de sauver l'atelier de Malaunay qui poursuit alors son travail de restauration et de fabrication des Vincent autour du monocylindre 500 et du V-Twin de 998 cm3 qui sera même porté jusqu'à 1.329 cm3 sur la Café Racer et la Sport GT.
Suite au décès de Patrick Godet fin 2018, Florent Pagny reprend les rênes de Godet Motorcycles en poursuivant l'affaire.
Commentaires
C'est vraiment une belle histoire de passionnés...
25-03-2020 10:51Histoire de passionnés pour une moto magnifique. Quel est le motard qui, dans les années 70, n'a pas rêvé d'avoir, ou même de piloter, une 1000 Vincent? En tout cas j'en faisais parti.
25-03-2020 12:45Bravo à Florent Pagny d'avoir repris l'affaire.