Pilote Kenny Foray
Champion de France Superbike 2017 sur la BMW S1000RR Tecmas
Chez les Foray, la course moto, c'est une affaire de famille
Est-ce qu'avoir un père pilote est un atout pour soi-même devenir pilote de moto ? A ceux qui pensent que leur hypothétique carrière tient de l'atavisme familial, Kenny Foray apporte une réponse plus nuancée. Oui, il a baigné tout petit dans l'aura du père, le pilote Jean Foray et oui, la moto faisait partie de son environnement. Alors, le père, son héros ?
"Oui et non", réponds Kenny Foray, "car à un moment tu es tellement dedans que tu ne te rends plus compte que ton père n'est pas comme les autres et puis à un moment, ça reste ton père, donc il te prends la tête...".
Donc la moto, Kenny Foray et son frère jumeau Freddy, la pratiquent, mais en mode loisirs. Cela commence effectivement dès leur plus jeune âge, vers 3 ou 4 ans et plutôt sur des machines de tout-terrain. Par contre, ce n'est pas de la balade tranquille, en mode bucolique et colchique dans les prés. "On s'est toujours tiré la bourre avec notre père, parce que c'est comme ça que ça fonctionne à la maison", relate Kenny.
Les débuts en compétition sont relativement tardifs, cependant, vers l'âge de 16 ans. Pourquoi pas avant ? "Parce que la compétition, ça coûte déjà cher pour une personne et nous on est deux avec mon frère. Et puis mon père avait sa propre carrière à gérer et la famille ne pouvait pas se disperser".
Jean Foray a effectivement couru 8 ans en GP (dont 7 années en 250 et une en 500) et a signé d'honorables résultats, notamment une troisième place aux championnats d'Europe de GP 250 et ce n'est que vers la fin de sa carrière qu'il propose à ses fils de prendre le relais.
L'Open 125, une catégorie difficile, puis le déclic en 600
"On a commencé en 125 en championnat Open, mais sur des motos que l'on découvrait alors que dans cette discipline, l'expérience et les réglages sont fondamentaux. Lors de ma première course, j'ai à peine eu trois séances d'essais libres avant de m'élancer. Et ça n'allait pas, car on n'avait pas du bon matériel, on se faisait mettre 20 ou 30 km/h dans les lignes droites. Du coup, pendant 3 ou 4 ans, on ne fait pas des résultats fantastiques, mais on continue, car on vit ça en famille, je partage ça avec mon frère et la course moto, c'est fun...". Il termine malgré tout 8ème du championnat de France Open 125 en 2006
Les choses changent en 2006 : Kenny passe en Supersport 600. Là, l'écart entre les machines est nettement plus resserré : "le pire, c'est que je suis allé en 600 un peu par défaut, par manque de moyen, car elles sont faciles à préparer", se rappelle Kenny. "Et là, dès ma première course, je claque la pole position direct, la première de ma carrière. Je savais que j'avais du potentiel, mais c'est là qu'on a enfin su que c'était possible de concrétiser".
Comme les grands champions, Kenny suit la recette suivante : une année pour apprendre, l'autre pour s'imposer. En 2006, il termine second de la GSX-R Cup à Magny-Cours, 13ème des Promosports 600 et 15ème du Championnat de France Supersport 600. En 2007, par contre, il est sacré Champion de France Supersport 600 sur une Triumph Daytona.
L'Endurance dès 2008
L'année suivante, Kenny donne un nouveau coup de boost à sa carrière en faisant de l'Endurance : pour une première année, il décroche carrément la victoire de classe en Superstock aux 24 Heures du Mans et au Bol d'Or, avec le Suzuki Junior Team LMS. En 2009, Kenny est à la fois pilote officiel Kawasaki en Endurance et termine 2ème du Bol d'Or; tout en étant sacré champion de Pologne de Superbike.
Depuis ce moment, Kenny cumule une double carrière : pilote de vitesse et d'endurance, avec de belles performances à la clé. Dès 2010, il est alors pilote officiel pour la Yamaha GMT94, remporte les 8 heures de Doha et les 24 heures de Barcelone en 2011, termine 3ème des 8 heures de Suzuka en 2012 et est sacré Champion du Monde d'Endurance en 2014, en ayant fait deux secondes places au Mans et au Bol. Il est de nouveau vice-champion du monde d'Endurance en 2015, en gagnant les 8 heure d'Oscherlenben et en terminant second du Bol d'Or. Et il est à nouveau titré Champion de France Superbike en 2017.
Alors, qu'est-ce qui est plus valorisant, pour un pilote, la vitesse ou l'endurance ?
"Ce qui me plait, c'est de gagner", rétorque directement Kenny. "Après, l'Endurance, j'aime cela aussi, car c'est un vrai dépassement de soi. Quand il fait nuit, que tu as froid, que tu es fatigué, que les conditions sont difficiles, tu dois vraiment aller puiser dans toutes tes ressources pour avancer. A mon avis, il n'y a que l'Ultimate Trail qui peut être comparable à cela'. Et malgré de belles pages écrites dans cette discipline, Kenny court toujours après, ce qui est pour lui, la plus belle des consécrations : remporter une grande classique de 24 heures, le Mans ou le Bol.
"L'endurance, ça s'internationalise, mais cela reste très français. On est chanceux en France, car on peut vivre du métier de pilote moto principalement grâce à l'endurance. Sans cela, on serait en difficulté. On parle beaucoup des filières en Italie et en Espagne, ils ont du mal à en vivre s'ils n'ont pas d'entrées en Mondial".
Un titre et après ?
Est-ce que le téléphone sonne, quand on vient de décrocher un titre de Champion de France de Superbike, avec de surcroît une belle avance sur ses concurrents ? Hélas, non. "J'aimerais à la fois continuer sur un double programme vitesse et endurance", précise Kenny, "et continuer aussi avec BMW Tecmas, même si en endurance, nous ne faisons que le Mans et le Bol d'Or et qu'il faudrait rouler plus pour gagner en compétitivité. Car pour gagner, il faut de l'investissement. Il faut trois bons pilotes, il faut du roulage, il faut peaufiner la moto".
Du coup, Kenny n'a encore rien de signé pour 2018, mais est en contact avec plusieurs constructeurs.
A t'il déjà pensé à la suite de sa carrière ? "Tant que je peux gagner des courses, je reste", précise Kenny. Mais le pilote a déjà passé son Brevet d'Etat pour pouvoir continuer à fréquenter les circuits comme instructeur... Et il a d'autres idées dans la tête...
Kenny Foray en quelques chiffres
- 2 aout 1984 : naissance à Sèvres (92)
- 1,70 m
- 70 kilos
- Débute la compétition en 2002 (125 Open)
- Signe une pole en 2006 pour sa première course en 600
- 1ère victoire : Lédenon en 2007
- Devient pilote officiel (Kawasaki) en 2009
- Remporte sa première course d'endurance en 2011 (8 heures de Doha)
- Champion du Monde d'Endurance en 2014
- Champion de France Superbike en 2017
Plus d'infos sur les pilotes
- Site : www.kennyforay.com
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