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Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

avatar Bronco 04-01-2008 13:53
Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

« La vache ! Gottverdom ça pousse ! quel coup de pied au c.ul ! »

C’est accompagné de ces mots simples que, le postérieur fumant, le baron Karl Friedrich Hieronymus Freiherr von Münchhausen, descendit du boulet de canon qui l’avait propulsé sur les rivages lunaires de la mer de la Tranquillité .

Ce concours, mes amis, est un hommage à ce précurseur : Narrateur imaginatif et truculent de ses aventures, il fût aussi, en chevauchant la poudre, le premier d’entre tous les motards.

Le gagnant 2007 du concours du « plus beau menteur du repaire des motards » est…

… Zingaro

Vous trouverez son texte ci-dessous, ainsi que ceux des trois premiers impartialement désignés par le Jury :

Zingaro,
Froggyfr99,
Tom4

A la demande expresse du président un accessit du « menteur le plus éhonté du Repaire » est décerné cette année, Mamy et Lilius se le partagent.

Au nom du Jury je remercie les participants qui se sont tous prêtés avec bonne humeur à ce jeu :
Archoum59, Commando, Froggyfr99, J-PAUL, Lilius, Mamy, Mr Jem, Olichap, Preux, TakeItEasy, Tcherno, Tom4, Zingaro.

Je remercie aussi tous les autres, ceux qui auraient voulu mais n’ont pas pu, ceux qui pensaient ne pas pouvoir, ceux qui pensaient qu’il fallait envoyer sa photo, ceux qui pouvaient mais n’ont pas voulu, ceux qui étaient prêts mais pas tout à fait, et je leur donne rendez-vous l’année prochaine peut-être…

Enfin, je remercie Quardetour et Nicoxj900 qui, malgré les 57 tours de délibération intense imposés par la difficulté de départager tous ces magnifiques textes, ont gardé l’esprit joyeux de l’organisation de ce concours.



avatar Bronco 04-01-2008 13:53
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Texte de Zingaro :

27 août 2007. Date mémorable s’il en fut. Jamais les Vosges ne connurent un tel soleil, si ce n’est dans les esprits affabulateurs des guides touristiques. Et pourtant, le jour qui se levait, resplendissant, était bien réel, avec pour tout motard frustré par les conditions subaquatiques géromoises toutes les promesses, tous les ferments de la légende. Les motards vosgiens constituent une caste de héros méconnus qui vivent en quelque sorte dans une dimension parallèle : des Enfers aqueux où se conjuguent également les plus belles routes et les pires conditions météorologiques de France. Motards de tous pays, sachez que si vous faites de vilaines choses dans votre vie présente, il y a de fortes chances que vous vous réincarniez dans les Vosges pour votre peine… Pensez-y.

9h30 : Le café est avalé en quatrième vitesse. Je me surprends à chausser des lunettes de soleil (accessoire tout de même superflu neuf jours sur huit). La matinée va être consacrée à chercher de petites routes sympathiques et sinueuses. Je dois en effet préparer une sortie réunissant les Repairiens du Grand Est (Lorraine – Alsace - Franche Comté). Nous organisons deux fois par an cette rencontre et c’est toujours avec le même bonheur que nous nous retrouvons.

10h00 : Je me rends au garage après un coup d’œil gourmand au bitume séchant lentement. La porte s’ouvre, ma bête est là, tapie dans l’ombre. Jeune fauve aspirant déjà aux grandes prédations de la piste. Pour l’heure il est temps d’aller dompter les cols et les lacets pour, éventuellement, y débusquer l’arsouille. Je glisse la clé dans le démarreur et mon petit monstre se met à soupirer en ouvrant un œil. Contact, le moteur, encore engourdi, ronronne doucement. La bête a soif : il lui faut sa ration d’or noir.

10h10 : J’esquisse un sourire carnassier en arrivant à la station service. Tout le monde semble s’être donné le mot ce matin. Plaques teutonnes, alsaciennes, vosgiennes… ça piaffe et ça jubile. Les yeux pétillent, les moteurs ronflent, les dents brillent, les carénages rutilent. En faisant le plein j’observe les groupes qui se concertent sur la meilleure route à prendre. La plupart s’élancent vers le col de la Schlucht. Mauvaise idée. C’est l’heure des camping-cars et des voitures partis charger leur coffre de vins alsaciens.

10h15 : Direction La Bresse par le col de Grosse Pierre en conduite coulée, les pneus sont froids et la route encore un peu humide. Les virages s’enchaînent néanmoins de plus en plus rapidement à mesure que j’approche de La Bresse. La petite aiguille du compte-tours avance petit à petit sa besogneuse ascension de la zone rouge. La Speed four s’essaye à toutes les gammes de vocalises, elle feule, elle rugit. Soudée au bitume, raide comme un coup de gnôle « maison », la moto me propulse rageusement dans chaque enchaînement. Je sens mes genoux frôler le goudron (il va falloir penser à investir dans des sliders) et la roue avant qui tente de jouer les filles de l’air à chaque sortie de courbe. Ce serait magnifique si je pouvais un peu rouler dans le même sens que les autres. En effet, depuis que je suis parti, je ne fais que croiser des groupes de motards ou des pilotes isolés. C’est très chouette de faire coucou, plein angle, d’un air désinvolte mais c’est encore mieux de se faire une petite escapade de métal hurlant. Pas de chance les gaziers que je croise sont des déçus de la Schlucht qui ont fui la caravane touristique pour chercher un itinéraire moins encombré.

11h15 : A part deux 125 « over-customisées façon route 66 », je n’ai absolument rien eu à me mettre sous la dent. Ce n’est pas très grave car j’ai pu travailler certaines portions encore un peu difficiles pour moi (notamment les épingles à droite). De plus je m’arrête régulièrement pour prendre le temps de consulter ma carte, de revenir sur mes traces afin de chercher le meilleur itinéraire, le moins fréquenté, le mieux revêtu, le plus amusant, le plus panoramique possible. Bref, je fais consciencieusement ce pour quoi j’ai quitté mes pantoufles : la préparation de la sortie Grand Est. Les reconnaissances sont enfin bouclées, je peux rentrer par le chemin le plus long et le plus viroleux.

11h20 : Je roule très tranquillement, ça bouchonne un peu devant : un car est bloqué derrière un camion de débardage. La route est aussi tordue qu’un raisonnement de fin de soirée arrosée ; pas moyen de doubler sans risque. Je flâne donc à 70-75 Km/h en attendant que l’horizon se dégage… quand un furieux, sorti de nulle part, double le convoi en me lançant au passage un petit salut que je trouve bien impertinent. OK, mon vieux, tu viens de commettre la pire erreur de ta carrière de pilote d’opérette : défier Zingaro, le sombre seigneur des brumes, sur son propre territoire… GAZ !!!! Je passe le car sur un bout de droit (certainement le seul sur un bon kilomètre) et le camion dans un long virage à gauche. Allez mon vieux Zingaro, plein pot ! Je vais lui faire passer le goût de l’arrogance à ce kéké. Je commence à pousser franchement ma Triumph quand je l’aperçois au détour d’un lacet. Pas possible, lancé comme il l’était j’aurais du mettre bien plus longtemps à le rattraper… à moins que… à moins qu’il n’ait ralenti pour m’attendre ! Non ! Il ne peut pas chercher à m’humilier aussi ostensiblement ! Je suis rapidement dans sa roue et, là… j’ai un gros choc : C’est Zuzubarteam ! Plaque anglaise, Yamaha rouge et blanche, petit signe… ça ne peut être que lui…
Non, Zingaro, allons, raisonne un peu, Zuzu te traçant dans les Vosges… C’est aussi improbable qu’un modérateur magnanime…
Alors ?
Alors ce n’est pas une R1 mais une R6 dernier cri. Combi saturée de fluo, casque à visière fumée… Notre britton fait dans le look pilote d’usine. Et bien soit, voyons si l’habit fait le moine.
Nous arrivons dans la montée du Bonhomme, il est toujours en tête et commence même à creuser légèrement l’écart. Je m’accroche désespérément mais je ne cesse de le voir s’éloigner à chaque virage. En plus il me la joue frime à mort : et que je te fais un déhanché, et que je te pose le genou… Et moi impuissant qui ne peux que me contenter de le suivre de loin (les virages sont très longs et offrent une excellente visibilité). Je finis par entrer dans les courbes au moment où il en sort. Je me crispe sur le guidon, je serre les dents et ravale péniblement mon dépit : Archi humilié le Zingaro. Et par un gars qui ne connaît pas la route de surcroît…
Je veux ma revanche.
Arrivé au carrefour du sommet, il me fait un signe d’hésitation, il ne semble pas savoir où aller… à moins qu’il ne me laisse le choix des armes… Soit, dans ce cas, à gauche toute, direction le col des Bagenelles. Je connais le moindre gravillon de cette petite route toujours déserte… et je sais aussi qu’elle débouche sur une série de lacets très courts jusqu’à Liepvre. Il va s’en voir avec ses guidons bracelets, le bad boy des paddocks. Gniark ! Gniark ! Je vais la venger, moi, la Jeanne d’Arc ! Enfin bon, pour l’instant la perfide Albion mène. Il vient en effet de me repasser devant dans un hurlement de chat équarri !
Cependant, à mesure que les virages se referment, il me cède du terrain, je pourrais faire cette route les yeux fermées, je sais exactement sur quel rapport me placer, avec quel angle prendre telle ou telle courbe, où freiner et avec quelle intensité… Je le vois qui hésite à plusieurs reprises : son pied sur le sélecteur descend parfois un rapport de trop, son feu ne s’allume pas à temps puis le pied s’écrase brusquement sur le frein… Plus je me ressaisis, plus il bafouille. A ce rythme là je finis par être juste derrière lui.
Nous n’allons pas tarder à attaquer la série de lacets et je me félicite d’avoir installé un guidon large sur ma bécane. Je suis aux aguets de la moindre erreur de sa part. Pour l’instant il ne lâche rien et je me contente d’attendre, je me sens ferme et serein comme un nudiste au Moulin rouge.
Première série de pif-paf courts, il les négocie bien mais il se crispe un peu, ses rétrogradages et ses relances deviennent nettement moins fluides. Courbe longue à gauche (la dernière) et épingle à droite. Là ! La faute ! Il est trop au centre de la chaussée pour attaquer le lacet suivant sur la gauche (un petit vicieux qui se ferme en deux temps). Il ne l’a pas encore aperçu, je me place à l’extérieur. Voilà il l’a vu et descend une vitesse, il est trop à l’intérieur, il va devoir freiner, je me porte sur son flanc droit, il freine, je passe, nous sommes côte à côte, il commence à se redresser (il doit penser à un pif-paf gauche-droite), j’accentue mon angle car la seconde section de la courbe arrive. Surpris il s’écrase sur la gauche en freinant et je le passe (non sans avoir senti mon épaule frôler son carénage). Que c’était beau ! J’en ai les larmes aux yeux. Jeanne tu es vengée ! Je l’ai enfumé ce petit malin ! Non mais ! On ne défie pas impunément, Zingaro, le sombre seigneur des brumes ! Les épingles défilent et je commence à voir mon adversaire rapetisser dans mes rétros, je le perds même de vue par intermittence. « Allez hop ! Offrons-nous ce petit plaisir » me dis-je en lui faisant un petit salut que je charge de toute l’ironie possible. Un point partout. Balle au centre… Et un pied extraordinaire !
Malheureusement il n’y aura pas de troisième manche. Nous arrivons sur des routes fréquentées et nous ralentissons franchement d’un accord tacite. A Ste Marie aux Mines je mets mon clignotant à droite, un peu en avance, pour lui indiquer une possible séparation. Il se porte à mon côté et me fait signe qu’il continue tout droit. Il lâche alors son guidon et fais mine de m’applaudir. Je me marre sous mon casque, visiblement lui aussi. Pris de l’envie de faire aussi une pitrerie, je sabre alors l’air d’un Z qui veut dire Zingaro, ça l’amuse visiblement beaucoup. Au stop, nous nous serrons la pince et je vire à tribord direction mes pénates.

L’histoire aurait pu en rester là : la plus mémorable arsouille de ma vie.

Mais…

15 Octobre 2007
J’ai rencard chez le concessionnaire pour changer les pneus de mon fauve. Durant cette opération je musarde dans le magasin en sirotant un café brûlant (il commence franchement à pincer dehors). Comme je dois changer mon casque, j’inspecte davantage cette section. Un casque attire alors mon regard. Il est noir mat avec une lettrine qui ressemble furieusement à un Z au centre d’un soleil et d’une lune dessinés à la façon des astrolabes médiévaux. Tout à fait mon univers graphique, même si c’est un poil exubérant. Je me tourne alors vers le concessionnaire pour m’enquérir du prix de ce haume, celui-ci l’œil goguenard me lance :
- Alors on veut se mettre dans la peau de Rossi ?
- Plait-il ?
- Bah oui, c’est le dernier répliqua Rossi.
- Ah bon… Je ne savais pas, je ne suis plus les GP depuis un moment. Il a signé chez Kawa ?
- (Rigolard) Bah non, pourquoi ?
- Le Z c’est pour quoi ?
- Bah, j’sais pas trop. Depuis un peu plus d’un mois, il a rajouté une nouvelle pièce à sa collection de tics ; il signe ses tours d’honneur en faisant un Z… savez, à la Zorro quoi...
-Ou à la Zingaro…
- Hein ?
- Non, non, rien…

Et depuis ce jour le doute m’habite (comme dirait l’autre).
Et si…



avatar Bronco 04-01-2008 13:54
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Texte de Froggyfr99 :

SOLIDARITE



Et voilà ! Ça devait bien finir par arriver. Cette superbe saloperie a décidé de me lâcher au beau milieu de nul part ! Pour couronner le tout, le soleil ne va pas tarder à se coucher et il n’y a pas âme qui vive à des kilomètres à la ronde. J’aurais dû écouter ma mère !
- Tu ne peux pas compter sur elle, qu’elle me disait. Tu vas finir par te retrouver tout seul et à pied, qu’elle me disait.
Encore une fois maman, tu avais raison : je me retrouve seul et à pied.
Ma vielle bécane vient de me lâcher, et de la plus vicieuse des manières : le pneu avant est à plat. Crevé. Complètement dégonflé. Raplapla. Saloperie de meule ! Tu aurais pas pu me faire ça devant un garage, en ville ou même dans un village ? Même un tout petit village, un bled, un hameau ! Quelque part où j’aurais pu mendier le prêt d’une clé de dix et une de treize !
Si je râle contre ma vieille bécane, c’est parce que j’ai pas le courage de m’en prendre au vrai responsable : moi ! C’est vrai, quel autre ******* que moi aurait eu l’idée de traverser le pays du nord au sud sur une meule de trente ans d’âge sans la moindre trousse à outils dans ses bagages ? Vous me direz que même si j’avais une trousse à outils, ça résoudrait pas le problème du clou dans la chambre à air. Et ben si, justement : j’avais la colle et les rustines ! Mais pas les bon dieu de clés de dix et de treize, celles qui servent à démonter la roue avant !
J’entends les p’tits djeuns du premier rang glousser :

- Hey papi, t’es pas au courant pour les bombes anti-crevaisons ?
- Hey morveux, tu me prends pour une bille ?

C’est pas parce que je roule pas avec le dernier bijou sportif que je me tiens pas au courant de l’évolution du monde. Ma meule a p’têt pas le dernier cri en matière d’aide électronique au pilotage, mais elle démarre au premier coup de kick, même si la batterie est naze. C’est pas parce qu’elle est pas peinte aux couleurs du dernier champion du monde ou que je me promène pas avec une combinaison fluo en cuir de zob que je sais pas ce qui se vend en concession.
En fait j’étais pas si furax il y a une heure, quand j’ai senti comme un flou dans la direction. J’ai bien insisté un peu en roulant encore, mais quand j’ai failli me mettre par terre au virage d’après, il a bien fallu que je m’arrête pour voir ce qui se passait. J’avais un vieux doute sur les causes du mou dans le guidon mais ça a pas duré bien longtemps. Quand j’ai vu mon pneu avant aussi vaillant qu’un chewing-gum Mouliwood, j’ai su que les ******** avaient commencé. Heureusement que j’avais prévu le coup : j’avais pas oublié ma bombe anti-crevaisons, celle que Stéphanie, la superbe employée de chez Honda, m’avait refilée gratos quand j’avais acheté mon avant-dernière bécane.
Ah Stéph ! Mignonne comme tout, avenante, charmante, jeune, le téton arrogant et l’œil malicieux. Je ne sais pas si elle faisait du gringue comme ça à tous les clients, mais moi, elle m’avait à la bonne. Elle m’aurait dit oui que je lui aurais pas dit non à la donzelle ! C’était quand déjà ? Y a huit, non, dix ans ! ******, dix ans déjà !
Bon, je me suis pas affolé, j’ai sorti la bombe de dessous la selle de mon antiquité. Parce qu’il y a encore de la place sous la selle de mon antiquité, hein ! A l’époque on prenait ses aises, on essayait pas de grappiller un centimètre par-ci, un gramme par-là. On parlait pas encore de centrage des masses ni de répartition du poids entre l’avant et l’arrière. Les pots d’échappement passaient sous le moteur et pas sous le *** des passagères. Les filles avaient pas vraiment besoin de ça pour avoir chaud aux fesses.

Mais je m’égare ! Quand j’ai voulu essayer ma bombe anti-crevaison, il en est sorti un liquide huileux et nauséabond. Et plus aucune pression bien sûr. Vous me direz qu’il fallait pas s’attendre à en voir sortir du champagne au bout de dix ans. C’est pas parce que c’est rond et sous pression que ça se bonifie avec le temps. La preuve ! C’est à partir de ce moment que j’ai vraiment chopé les boules. Sous le coup de la colère, la bombe a suivi une trajectoire sinusoïdale vers les bosquets, à trente mètres de la route. L’adjudant-chef qui nous servait d’instructeur à l’armée aurait certainement apprécié la pureté et l’efficacité du geste. Pas sûr cependant qu’il aurait apprécié le chapelet d’injures qui a suivi la magnifique courbe de l’objet dans les airs.
Je savais bien que j’avais pas emmené le moindre outil, mais j’ai quand même fouillé sous la selle. Bien sûr, j’ai pas trouvé la moindre clé à mollette. Sainte Gamelle, patronne des motards, devait en ****** de rire dans sa p’tite culotte. J’avais presque tout pour réparer. Presque tout, mais pas l’essentiel ! Le précédent propriétaire de la bécane devait être un gars un peu plus prudent que moi pour m’avoir laissé un petit sachet en plastique derrière un des caches latéraux avec deux rustines et un petit tube de colle dedans.
Maintenant j’étais là, au milieu de nul part, assis sur le bas côté de la route. Le paysage était magnifique : des gorges creusées pendant des milliers d’années par le petit torrent qui serpentait au fond, des pins parasols, des chênes lièges et le chant des cigales en musique de fond. Mais j’étais seul, j’étais fatigué, j’étais énervé, le soleil allait pas tarder à aller se coucher et comble du comble, j’avais les mains sales ! Je déteste manger avec les mains sales, mais là, j’avais les crocs. Et je réfléchis pas bien avec le ventre vide. Il fallait que je profite des derniers moments de jour pour aller fouiller dans mon énorme sac à dos et y dégotter des petits gâteaux. Ces merveilleux petits gâteaux à la confiture de framboise, symboles de toute mon enfance. Ils ont encore toujours la forme de petits bateaux. Le biscuit autour et la confiture au centre. On passait des heures avec mes copains à discuter de la meilleure façon de les manger.
Maurice, lui, préférait déguster d’abord la confiture au milieu. Si le gâteau n’avait ‘pas trop chaud’, il parvenait même à décoller le cordon de confiture d’un seul bloc et il le gobait comme un gros vers. Un vers de terre rose, gluant et énorme. Ça l’amusait d’essayer de nous dégoûter pour pouvoir se taper le paquet entier. C’était bien un rital du Sud, Maurice !
Philippe, lui, était d’origine espagnole. Ce qu’il préférait, c’était de manger d’abord le biscuit autour. Sa philosophie c’était de garder le meilleur pour la fin.
Moi, j’étais originaire de nul part. J’étais jamais allé plus loin que les montagnes qui me barraient l’horizon à l’ouest. C’est p’tet pour ça que depuis l’obtention de mon permis j’arrêtais pas de faire des kilomètres à moto. Les gâteaux, je les dégustais par petites bouchées, le biscuit et la confiture en même temps. Si le monsieur de l’usine s’était cassé la tête à mettre la confiture au milieu et le biscuit autour, c’était certainement pour une bonne raison. Et puis comme je l’ai dit, je déteste avoir les mains sales, que ce soit de cambouis ou de confiture ! Alors je mangeais les gâteaux sans faire joujou avec la confiture au milieu. Ça m’évitait d’avoir les doigts collants après avoir mangé le tiers du paquet. Il y avait un tiers pour le rital, un tiers pour l’espagnol et un tiers pour moi, le *** blanc.
Je venais d’entamer le tiers espagnol et j’en étais là de mes réflexions quand le soleil a disparu pour huit bonnes heures de mon horizon. Je me suis retrouvé seul dans la pénombre, sans espoir de voir arriver une voiture. Quel ‘automobilistes’ aurait été assez stupide pour faire un détour et utiliser cette petite route secondaire qui serpentait dans les gorges ? Non seulement il aurait perdu du temps, mais en plus ils se serait fait secouer les vertèbres par cette route pourrie de nids-de-poule… et de clous ! Ils utilisaient tous l’autoroute située de l’autre côté des montagnes. Ils lâchaient un petit billet pour avoir la joie de parcourir en toute sécurité et à la queue leu leu les soixante-dix kilomètres qui les séparaient de la prochaine ville.
Là, sous les étoiles, assis sur ma bécane, je terminais tranquillement mon paquet de gâteaux à la framboise en me disant qu’il faudrait peut-être que je passe la nuit ici avant de rejoindre le prochain village à pied. Bien ! Puisque c’était comme ça : un petit **** et au lit !
Je me suis éloigné de trois ou quatre mètres de la moto, je me suis mis en position et je me suis concentré. La nuit était douce et les grillons avaient pris le relais des cigales. Finalement, il y avait des endroits pires pour tomber en panne. Et puis c’est pas les citadins qui pouvaient se permettre de ****** en plein air, le nez planté dans les étoiles.

- Salut collègue. T’as des ennuis ?

Je me suis tellement effrayé quand j’ai entendu cette voix dans mon dos que j’ai sursauté d’au moins vingt bons centimètres. Bien sûr, je me suis aussi pissé sur les doigts avant que ça me la coupe directe. J’ai remballé le service trois pièces tout en jurant comme un charretier. Avec le recul, je me demande si c’était pour faire peur au type derrière moi où tout simplement pour me rassurer. Quand je me suis retourné, il était là, plutôt hilare.

- Nom de dieu, tu veux me faire crever de trouille ou quoi ? ! C’est pas une façon d’aborder les gens, ***** !

La silhouette en face de moi continuait de se marrer doucement. La lune passait seulement le bout de son nez au-dessus des gorges et j’avais du mal à distinguer son visage.

- Excuse-moi, qu’il me dit. Je voulais pas t’effrayer. Je me demandais simplement ce que tu foutais là.

Toujours aussi furaxe contre lui, j’ai répondu un peu plus agressivement que je ne l’aurais voulu :

- J’étais en train de ****** au cas où tu l’aurais pas remarqué !
- OK, OK, excuse. Je me casse.

Sans rien ajouter, le type a fait demi-tour et s’est éloigné. Je m’en suis tout de suite mordu les doigts (au figuré, parce qu’avec la *****…) et je me suis excusé. Il pourrait peut-être m’aider après tout.

- Excuse-moi, c’est la trouille. J’aurais p’tet besoin d’un coup de main effectivement.

Quand il s’est rapproché, j’ai pu voir un peu mieux a quoi il ressemblait. La lune presque pleine éclairait un peu plus la route.
Il était plus petit que moi, portait des lunettes rondes et une barbe qui lui mangeait la moitié du visage. Son blouson de cuir était un véritable Perfecto. Un jeans un peu sale et une grosse paire de botte complétait la parfaite panoplie du motard à l’ancienne. Il ne lui manquait que le casque.

- On dirait que t’es à plat, dit-il en désignant l’avant de ma moto.
- A plat et sans un outil, ni la moindre pompe à vélo !
- Ben heureusement pour toi que je zonais par ici. Je vais te filer un coup de main.

On s’est avancés vers ma vieille Suzuki sept cent cinquante. Mon garagiste de fortune a sifflé entre ses dents.

- Mazette, une GS de soixante dix-sept ! Elle est raide de neuf, c’est pas possible !
- Merci pour le compliment. J’ai passé un bon bout de temps dessus pour la remettre en état. Elle était plus très vaillante quand je l’ai trouvée.
- Sacrée bécane quand même. Elle doit pas faire loin de quatre-vingt chevaux, non ?
- Quatre-vingt quatre pour être précis.
- Ouah le monstre ! J’adore !

D’un seul coup, mon collègue le barbu m’a paru bien plus sympathique. Enfin un gars qui appréciait ma vieillerie pour ce qu’elle était. En général, je ne parvenais à décrocher qu’un petit sourire ironique de la part des autres motards quand je leur annonçais la puissance ‘diabolique’ de mon fier destrier. De nos jours, à moins de cent cinquante chevaux, une moto n’intéresse plus personne. Même la dernière moto tout terrain de BMW tutoie les cents canassons.
Pendant que je mettais la mienne sur la béquille centrale, le barbu s’est penché sur la roue avant.

- Assieds-toi sur ta bécane, bien à l’arrière. Ça lèvera la roue avant et je pourrai la démonter.

Je me suis exécuté, un peu dubitatif.

- Tu as des outils sur toi ?
- Bien sûr. Quand tu roules sur une anglaise, tu ne sais jamais quand elle va te laisser tomber, mec.

Ce mot, ‘mec’, m’a fait penser au fait qu’on ne s’était toujours pas présentés.

- A propos, on m’appelle Jéjé. Et toi ?

Le type à l’avant à juste relevé la tête :

- Moi c’est Dany. Enchanté Jéjé.

La discussion serait certainement plus simple maintenant.

- Bon Jéjé, quand je te le dirai, tu feras bien contrepoids sur l’arrière. En attendant, laisse reposer la moto sur la roue avant, juste le temps que je desserre les écrous.

J’ai entendu un bruit métallique. Dany venait de sortir divers clés plates des poches de son blouson. La nuit n’était plus aussi sombre qu’avant, et même si on n’y voyait pas aussi bien qu’en plein jour, on pouvait quand même se permettre de démonter une roue.

- C’est bon, je la tiens ! Tu peux laisser redescendre la moto, mais doucement, hein !

J’ai mis les pieds à terre et ma machine a gentiment piqué du nez pour venir reposer sur ses deux tubes de fourche. Dany avait déjà commencé à enfiler un démonte pneu entre la jante et le ‘gommard’ quand je me suis agenouillé à côté de lui pour lui prêter main-forte. Il m’a dit :

- Surtout repère bien où se trouve le clou, sinon on arrivera jamais à réparer la chambre à air en pleine nuit.

Facile ! Le traître qui avait stoppé ma ballade se trouvait pratiquement vis-à-vis de la valve de gonflage. Ça serait un jeu d’enfant de réparer tout ça une fois qu’on aurait sorti la chambre à air de la roue.
Tout en suant et en s’esquintant les doigts sur le pneu rétif, Dany et moi on a commencé à causer. Et quand deux motards se rencontrent, ils parlent de bécane, bien sûr ! J’ai appris qu’il roulait sur une Norton Commando, une moto encore plus ancienne que la mienne. Mais son rêve, ça aurait été de tâter de la piste avec une Manx. Une Manx, rien que ça ! Cette brêle représentait le nec plus ultra de la moto de course … durant les années soixante. Mais Dany semblait s’en foutre. Il ne me parlait que de sa Manx, de la musique de son monocylindre. Il échafaudait les plans les plus fous pour s’en procurer une. Tous les moyens lui semblaient bons pour grappiller quelques sous ici, économiser une petite somme par-là. A l’en croire, il se lançait même parfois dans des courses sur route ouverte. Des paris illégaux bien sûr, tout comme ces courses. Mais il devenait de plus en plus difficile de trouver le gogo qui accepterait de parier un bon gros billet sur un duel à moto contre lui. Il s’était doucement forgé une réputation de bon pilote et plus personne dans la région n’acceptait de l’affronter. Il faudrait bientôt qu’il trouve une autre arnaque.
Pas peu fier le Dany, surtout qu’il n’avait pas hésité à me rappeler plusieurs fois durant son récit que ‘Mino, alias Agostini, le multiple champion du monde, avait, lui aussi commencé sa carrière en faisant des courses dans les montagnes derrière chez lui. Même début, même destin ? C’est tout le mal que je lui souhaitais. A force de discuter, le travail, bien sûr, n’avançait plus aussi vite qu’il aurait du. Mais finalement je n’avais pas de rendez-vous et mon compagnon d’un soir était de charmante compagnie. Dany m’a finalement demandé quelle serait la bécane de mes rêves si l’argent n’entrait pas en ligne de compte dans mes critères de choix.
Il a fallu que je réfléchisse quelques instants. Beaucoup de motos me sont passées par la tête. J’avais d’abord pensé à la dernière sportive de chez Yamaha, et puis le gros trail de chez BMW : la 1200 GS. La vraie bonne à tout faire, parfaite pour un rouleur comme moi. Mais ces motos, même si elles étaient chères, n’étaient pas forcément inaccessibles. Les banques ne sont pas avares de prêts. Toujours d’accord pour mettre un peu plus de pression financière sur le malheureux ouvrier avare de rêve.
Alors pourquoi pas une MV Augusta, le chef-d’œuvre de M. Tamburini ? Mouais, c’est p’tet très beau mais la moindre sportive japonaise t’offrait plus de sensations et d’efficacité pour moitié moins cher !
Bon, oublions les motos modernes. Allons plutôt rêver du côté des anciennes : une Norton Manx ? Pas possible. Déjà choisie par mon copain le motard à lunettes. On me traiterait de copieur, de mouton de Panurge sans imagination. Réfléchis ma vieille, tu vas bien finir par trouver.
Une Vincent ? La première meule à tutoyer le deux cents kilomètre par heure ! A bien y réfléchir, avec les freins dont elle disposait, tu tutoyais déjà les limites du raisonnable à quatre vingt dix kilomètres par heure. C’étaient pas des freins mais des ralentisseurs, tout au plus. Ils étaient tellement mauvais que tu avais l’ABS de série bien avant qu’il ne soit inventé. Mauvais plan la Vincent.
Alors quoi d’autre ? Une Géniale Lucifer ? Et puis quoi encore ! J’allais pas remonter jusqu’à la préhistoire du deux roues motorisé ! Avec des millions en caisse, j’aurais pu me payer une brêle de course rare et chère. La deux cent cinquante, six cylindres, de Mike Hailwood ?! Ça c’est de la bécane de rêve ! Et puis il ne reste plus qu’un seul modèle original au monde. Une vraie moto de course. Légendaire ! On disait même que le HRC, le département course de Honda, avait perdu les plans de son bébé. Incroyable ! Une moto de course pareille qui n’a même pas eu le temps de devenir championne du monde. Le bruit, que dis-je, la musique de son moteur était incroyable, unique, inimitable ! Si tu l’as entendu une fois, tu la reconnaîtras toute ta vie. Et pourtant, chose étrange, la mémoire auditive n’arrive pas à l’enregistrer ! N’importe quel motard pourra t’imiter le bruit d’une Harley Davidson ou d’une Mobylette. Il l’entendra dans sa tête et essaiera de l’imiter au mieux. Mais personne n’est capable de retenir le bruit du moteur de la fameuse ‘Honda six’.
Je me disais que c’était LA bécane que je devrais me payer si j’étais plein aux as, quand je me suis souvenu que quelques copies avaient été faites par un richissime anglais. Et ces quelques copies hantaient les rassemblements de motos anciennes. Pas assez rare finalement et pas assez cher non plus.
Alors j’ai rêvé encore plus fort et j’ai dit à Dany que la brêle que j’aurais voulu, c’était la moto de course de Rossi ! Voilà ! Paf ! Au diable les varices ! Rien que ça : la bécane du multiple champion du monde.
Je m’attendais à une réaction de sa part, un éclat de rire, une boutade, quelque chose qui me dise que je dépassais les bornes et qu’après la borne y a plus de limites. Mais non, rien. Nada. Que dalle ! J’ai pas bien vu sa tête dans la pénombre mais il ne m’a pas semblé avoir vu le moindre haussement de sourcil. La seule chose qu’il m’ait dite, c’est simplement :

- Ah ! Connais pas.

J’en suis resté comme deux ronds de flanc. Sur le *** ! La moitié de la planète avait entendu parler de Rossi, mais pas mon dépanneur providentiel. Je n’ai pas voulu insister, pensant qu’il n’appréciait pas le pilote pour une raison ou une autre.
La nuit s’écoulait, douce et protectrice. Les travaux avançaient lentement, rythmés par les pauses que nous obligeaient à prendre les nuages cachant par moment la lune. On a quand même fini par sortir la chambre à air et réparer le trou du clou. Il nous a fallu encore plus de temps pour la remettre à sa place, à l’intérieur du pneu. Dany et moi, on s’est coincé les doigts un paquet de fois dans l’opération, mais on a fini par y arriver. Malgré tout, mon pneu était encore toujours aussi ‘flagada’ qu’avant, et je n’avais pas la moindre pompe pour le regonfler. Je dois cependant avouer qu’à un moment je me suis demandé s’il serait possible de le regonfler à la bouche. Mais la simple image de moi, à genoux devant une roue de moto, en train de faire du bouche à bouche à une valve dégueulasse et pleine de cambouis m’a donné la réponse : même si c’était possible, je ne le ferait pas !
J’ai observé la silhouette sombre de Dany :

- Et maintenant, on fait comment pour la regonfler ?
- Ben avec une pompe voyons !

C’est vrai, je suis ****moi ! Pourquoi je pose des questions idiotes ?

- Et bien sûr, tu te trimballes toujours avec une pompe à vélo sur toi, en pleine nuit ?
- Ben oui, pas toi ?

J’ai même pas osé répondre tellement je la trouvais stupide celle-là. Mais à ma grande surprise, Dany a vraiment sorti une pompe à vélo de la doublure de sa veste. Oh bien sûr, elle n’était pas très grande ! Il nous faudrait certainement un bon bout de temps avant de regonfler suffisamment le pneu pour me permettre d’atteindre la prochaine station service. C’est lui qui s’est dévoué pour commencer. Tout en pompant, il chantait un vieil air de rock. Je crois qu’il s’agissait de ‘Born to be wild’ du groupe Steppenwolf. La première fois que je l’avais entendue, c’était en regardant ‘Easy rider’. Je crois bien que ce morceau en constituait la bande originale.
Quand il en a eu marre de bosser, il m’a tendu la pompe sans dire un mot. Il s’est assis sur ma bécane (qui du coup a redressé le nez) et s’est gentiment roulé une clope. La flamme de son Zippo a éclairé un court instant son visage barbu, puis il a replongé dans les ténèbres.
Pour me donner du courage, je me suis aussi mis à chanter un air que j’aimais bien : ‘Bittersweet melody’ de Limp Bizkit. J’aimais bien le refrain qui disait : I’m on my way, I’m on my way, home sweet home.

- C’est de qui cette chanson ?
- Limp Bizkit. Tu connais ?
- Non, jamais entendu parler, mais ça m’a l’air cool.
- Ouais, on peut dire ça ! Mais le reste de leur répertoire est plus ‘rock’ que ‘roll’.

Mon pneu ne montrait toujours pas le moindre signe de remise en forme, mais je persistais à pomper jusqu’à ce que mes biceps me brûlent et que mes doigts s’endolorissent. Alors, à bout de force, je repassais la main et la pompe à Dany.

- Tiens ! A toi de jouer le Shadok. Moi j’en ai marre.
- Ah ! Tu regardes aussi ? Je trouve ce dessin animé vachement rigolo.
- Euh… ça fait quand même quelque temps que ça ne passe plus à la télé, tu sais.

Pendant deux secondes il n’a rien dit, puis il a répondu :

- C’est dommage, j’aimais bien, moi !

A force de pomper et de changer de rôle, on a fini par remettre un sans-blanc de pression dans le pneu avant. Quand il a fini par renvoyer plus d’air dans la pompe que le contraire, il a bien fallu se résoudre à arrêter. Il fallait se faire une raison : on était arrivé au maximum des possibilités de notre outil.

- Bon ! Il ne reste plus qu’à remonter la roue avant.

Bien dit, Dany !
Comme il ne faisait pas mine de descendre de ma bécane, j’ai compris que ça serait à mon tour de remonter la roue. La lune poursuivait son chemin sur la voie lactée et dispensait encore assez de clarté pour me permettre de remonter la roue sur la fourche de la moto. Bien sûr, ça coinçait de temps en temps, pour je ne sais quelle raison. Alors, il ne me restait plus qu’à tout redémonter pour recommencer calmement. Tout motard qui a déjà effectué ce genre d’opération, c’est à dire la remise en place d’une roue sur une moto, comprendra mes difficultés. Moi-même, je n’ai jamais compris par quel miracle il était si facile de l’enlever et si compliqué de la remettre en place. Si ce n’est pas le disque de frein qui se coince dans les étriers, c’est une entretoise qui décide de se mettre de biais sur le chemin de l’axe de roue. Et quand par chance on parvient enfin à faire passer le fameux axe dans la fourche, c’est pour se rendre compte qu’on a oublié l’une des deux entretoises, ou pire, qu’on les a inversées. Bref ! Il y a tellement de possibilités de se tromper, que la fois suivante on préfère emmener sa machine chez son concessionnaire adoré pour qu’il se fasse ***** lui ! Bien sûr il faudra préparer une excuse foireuse du genre ’pas le temps’, ‘heures sup’ ou ‘femme acariâtre’ pour fermer la porte aux quolibets que déversera inévitablement le mécano dudit concessionnaire sur ta personne.
Bref ! J’étais finalement arrivé à déjouer tous ces pièges. Ma roue était en place et l’axe aussi. Il ne me restait plus qu’à mettre l’écrou et ‘roulez jeunesse’. C’est au moment où je me suis levé pour attraper la bonne clé plate que j’ai commis l’Erreur avec un grand E. J’ai senti le bout de ma botte taper dans quelque chose qui aurait pu être un caillou. Oui mais voilà, j’ai tout de suite senti que c’était bien plus lourd qu’un caillou ! Pas plus gros mais assez lourd pour être, au hasard, un écrou d’axe !
D’un seul coup, mon optimisme et ma joie de ne pas terminer la nuit dehors se sont cassés la gueule.

- ***** ! Merdemerdemerdeeeeeee ! La ****** de sa race ! Quel con !

Dany, qui venait de terminer son troisième clope, m’a demandé ce qui se passait.

- ****** ! Je crois que je viens de shooter dans le boulon d’axe de roue !
- Claaaaasse !

Et puis il s’est marré doucement. Pour couronner le tout, la lune a décidé de se cacher définitivement derrière les nuages et de ruiner toutes mes chances de remettre la main sur ce maudit bout de métal. Je devinais à peine la silhouette de mon compagnon nocturne. Seule sa voix claire me parvenait hors de la pénombre.

- On a qu’à chercher mètre par mètre en tournant autour de la bécane.

J’étais trop fatigué, trop abattu par ce dernier coup du sort pour avoir envie de ratisser les alentours à la recherche d’un écrou en acier.

- Fais-le si ça t’amuse. En ce qui me concerne, c’est hors de question. Je vais attendre que le soleil se lève pour le retrouver.
- Bon ! Si c’est moi qui le trouve, tu me dois une bouffe. Il y a un bon petit troquet dans le prochain village, à la sortie des gorges. En plus, la patronne est plutôt gironde !

Plus envie de répondre. Fatigué. M’en foutais de la bouffe. Je voulais simplement récupérer mon ****** d’écrou, serrer cette roue de ***** et me barrer d’ici !
J’ai entendu Dany s’éloigner doucement sur les graviers, les balayant de temps en temps du bout de sa godasse. Moi, je me suis adossé contre ma moto, la tête dans les bras. Je ne me suis pas senti partir. Marrant ! On ne se rend jamais compte du moment où l’on s’endort. Quand je me suis réveillé, le soleil se levait et les oiseaux s’égosillaient dans les arbres. Il m’a fallu une seconde ou deux pour me souvenir de ce que je fichais au bord d’une route déserte, le *** par terre. J’ai appelé Dany d’une voix rocailleuse, cassée par le sommeil, le froid, et l’humidité de la nuit. Mais je n’ai pas eu de réponse. C’est quand j’ai essayé de me lever que j’ai compris pourquoi la majorité des gens dorment couchés : toutes mes articulations ont protesté contre ce changement brutal de position. Elles aussi étaient coincées par le froid et l’humidité. Fallait-il que je sois épuisé pour m’endormir ici, assis contre mon antiquité de moto et ne pas avoir senti la fraîcheur de la nuit s’insinuer sous mes vêtements ! Si je ne me chopais pas une crève carabinée dans les prochains jours, je pourrais m’estimer heureux !
J’ai eu beau appeler et fouiller dans les environs, je n’ai pas trouvé Dany. Il avait disparu comme il était apparu : brusquement et silencieusement. Il m’avait cependant laissé tous ses outils. C’est en les rassemblant que j’ai retrouvé mon écrou. Il n’était pas si loin en fait : simplement coincé sous ma roue arrière. J’ai fini de le serrer, remettre les outils dans leur pochette de toile et arrimer mon sac sur la selle de ma Suzuki, à la place dévolue au passager. Le moteur a démarré à la première sollicitation. J’ai poursuivi mon chemin sans jamais dépasser les trente kilomètres par heure. C’était la vitesse maximum que pouvait accepter mon pneu avant sous-gonflé. Même à ce rythme de sénateur, il ne m’a pas fallu plus d’une quinzaine de minutes pour rejoindre le petit village à la sortie des gorges.

C’était un village typique de l’arrière pays provençal : une vieille église, une petite place entourée de platanes séculaires et l’indispensable tabac-loto-bistrot-restau. C’est là que je me suis arrêté pour mendier un peu d’air comprimé. Quand je suis rentré dans l’estaminet désert, la patronne était derrière le comptoir, à passer un coup de chiffon sur les verres qu’elle venait de sortir de l’évier. Ici, le lave-vaisselle n’avait pas encore fait son apparition. J’ai eu droit à un regard étonné quand j’ai poussé la porte et que j’ai demandé où je pourrais trouver un garage pour gonfler mon pneu. Elle m’a répondu avec l’accent chantant des gens du Sud :

- Mais mon bon monsieur, le garage est pas encore ouvert ! Il est bien trop tôt pour ça. Le père Mathieu n’ouvre jamais avant neuf heures du matin. Asseyez-vous en attendant. On va voir ce qu’on peut faire pour vous.

Ici, on était loin de la côte et de ses touristes. L’étranger ne représentait pas encore un gogo à plumer et à oublier bien vite en attendant la victime suivante.
Je devais faire peur à voir : poussiéreux, sale et mal rasé sous mon cuir défraîchit ; j’ai posé mon casque et mes gants sur une table et je me suis assis dans un grincement de chaises en bois. Il me fallait un bon café bien serré pour finir de me réveiller. J’ai prêté un peu plus d’attention à la patronne quand elle s’est approchée pour me servir. Elle m’a apporté une grande tasse de café fumant et un petit panier d’osier d’où sortaient de gros croissants tout frais. C’est vrai qu’elle avait dû être très jolie autrefois comme le disait Dany. Elle devait ressembler à Manon des sources du temps de ses vingt ans. Les années qui avaient passé, avaient alourdi ses traits. Ses hanches étaient un peu plus larges qu’autrefois, ses seins un peu plus lourds aussi. Mais sa silhouette, habillée d’une robe légère, était encore agréable à regarder. Ses mouvements gracieux n’étaient pas encore ralentis par les attaques d’arthrose. Quand elle s’est penchée pour poser la tasse et le panier, un parfum de patchouli est venu flatter mes narines. C’était le genre de parfum que les jeunes filles portaient dans les années soixante-dix. J’ai attaqué mon petit déjeuner à belles dents, sous l’œil amusé de mon hôtesse. Avant que j’ai eu fini, son mari, un gars à l’œil rieur et à la moustache en guidon de vélo, est descendu de l’étage, le journal du jour à la main. Une petite claque sur les fesses de sa moitié et un bisou dans le cou en guise de bonjour. Sourire complice entre les deux. A l’évidence une de ces habitudes qui sont le signe du bonheur et de la joie de se retrouver ensemble.
En me regardant, la tenancière a expliqué à son mari mes soucis de pression et lui a dit que ce serait bien si le père Mathieu pouvait ouvrir un peu plus tôt pour que je puisse regonfler mon pneu. J’ai pensé que le patron allait m’envoyer sur les roses et me dire d’aller voir ailleurs mais sa réponse a été surprenante :

- Pas de problèmes. Pour une fois qu’on peut rendre service à un motard en difficulté. Et puis c’est pas souvent qu’il y en a un qui s’arrête chez nous. On est plutôt à l’écart des routes à touristes ici.

Dix minutes plus tard le mari à moustaches était de retour et m’informait que tout était arrangé. Le père Mathieu avait ouvert son atelier et m’attendait pour arranger mon problème. J’ai laissé mes affaires dans le café et j’ai poussé ma moto jusqu’au dit atelier où se tenait un vieux bonhomme en bleu de travail impeccable. La gitane maïs au bec et le béret vissé sur le crâne, il m’a interpellé avec un accent à couper au couteau :

- Alors la jeunesse, on a un problème avec sa machine ?
- J’ai pris un clou dans le pneu hier soir. J’ai réparé comme j’ai pu mais faudrait que je fasse la pression correctement. J’ai regonflé avec une pompe à vélo !

Le vieux a soulevé son béret et s’est gratté la tête en regardant ma roue avant.

- Ah bé, je vois ça ! Il a pas l’air vaillant ton pneu.

Cinq minutes plus tard, la pression était complétée et vérifiée non seulement à l’avant mais aussi à l’arrière et la chaîne de transmission graissée et tendue. Ma vieille moto était prête à reprendre la route. Quand je lui ai demandé combien je lui devait pour le service, il a poussé les hauts cris :

- Mais quel ******** celui-là ! Si on peut plus donner un peu d’air où va-t-on Sainte Mère ! Allez, bonne route la jeunesse.

Et il est retourné dans son atelier en chantant une vieille chanson provençale. C’est en retournant reprendre mes affaires dans le bistrot que j’ai remarqué une photo au mur.
J’ai eu la surprise d’y découvrir Dany, tout sourire, assis sur une Northon Manx. Je me suis esclaffé :

- Alors ce petit cachottier en a une ! Sacré Dany !

Le patron s’est approché de moi et m’a demandé en désignant la photo dans son cadre :

- Alors vous le connaissiez aussi ?
- Si je le connais ? Bien sûr ! Il m’a prêté ses outils cette nuit pour m’aider à réparer mon pneu.

Un grand bruit de verre brisé dans mon dos a suivi ces paroles. Quand je me suis retourné, ce fut pour découvrir la patronne, blanche comme un linge, au bord de la syncope. Son mari et moi, on s’est précipités pour la soutenir et l’asseoir à une table. Elle était visiblement bouleversée et avait du mal à se remettre. Son moustachu de mari s’est renfrogné en me regardant. Il tapotait gentiment la main de sa femme :

- C’est pas bien gentil de se moquer des honnêtes gens, jeune homme !
- Mais je ne me moque pas ! Il m’a prêté ses outils ! Je vais d’ailleurs vous les confier. Il viendra certainement les rechercher ici. Il semble connaître cet endroit puisqu’il m’a dit qu’on y mangeait bien.

Cette fois-ci la patronne a éclaté en sanglots, m’attirant bien malgré moi l’ire de son homme.

- Mais voulez-vous bien vous taire. C’est insupportable à la fin !

Je me défendais d’en vouloir à qui que ce soit et pour prouver ma bonne foi, j’ai raconté ma mésaventure de la nuit dernière. Pendant tout mon récit, la patronne n’a cessé de pleurer alors que lui blêmissait à mesure que j’avançais dans mon histoire. Un grand silence s’est installé une fois que j’ai eu fini.
C’est ‘moustache’ qui a rompu le silence en premier. Il m’a dit la chose suivante :

- A l’époque Dany était l’amoureux de celle qui allait devenir ma femme. La photo là, sur le mur, le représente sur sa dernière moto.

Nouvelle crise de larmes de la dame. Mais pourquoi parlait-il de lui au passé ? Il a poursuivi sans s’arrêter :

- C’est aussi sur cette machine qu’il s’est tué il y a bientôt trente ans. Ça s’est passé sur la route là-haut, celle que vous avez empruntée pour venir. Vous comprenez maintenant que votre histoire n’est pas bien possible !

A ces mots, c’est moi qui ai blêmi. Comment se pouvait-il qu’un type mort depuis plus de trente ans ai pu m’aider à réparer ma bécane durant la nuit ? Je me suis excusé auprès de mes hôtes, prétextant une méprise certaine. J’ai payé ce que je devais et j’ai repris ma route. Je n’ai jamais trouvé d’explication plausible à cette histoire. Mais chaque fois que je m’arrête au bord de la route pour proposer mon aide à un motard en difficulté, me revient le rire étrange de Dany. Parfois la solidarité motarde n’est pas un vain mot.
Si jamais un jour vous tombez en panne sur cette petite route de l’arrière pays provençal et qu’un barbu à lunette vous propose son aide, acceptez-la et remerciez-le aussi de ma part. ses outils l’attendent au bistrot du village, à la sortie des gorges.


22 Avril 2006.

avatar Bronco 04-01-2008 13:55
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Texte de Tom4 :

hello

Ca faisait un moment que ca me titillait le neuronne. Vendre le 11R et le FZR pour racheter un supermot "arme de guerre" qui me servirait sur piste et en balade. Avec le bébé, les balades en duo sont annulées pour les 2 années à venir, le temps que le bou'dchou soit suffisamment grande pour tenir seule dans un side car. Donc en attendant, pourquoi ne pas en profiter. Bon, ca caille un peu en RP, mais ce n'est pas grave. Pour les vacances de noël (c'est fou, je suis plus etudiant depuis 7 ans, et je parle encore comme ça), on avait prévu de descendre chez mon frère dans le sud où il fait chaud. Enfin chaud, disons plus que 15 degré.
Et pas loin de chez lui, il y a une concession Katoche.
Pas le peine de vous faire un dessin.
1 semaine avant, j'appelle la concession pour etre sur qu'ils sont ouvert. Je tombe sur un gars super sympas, je lui explique que quitte à acheter un supermot, je préfère l'essayer sur des routes qui vont bien, et qui sont pas pleine de givre. No soucis, il me fixe un essai pour le mercredi, et "vu la période, on vous la laissera pour 2 heures". yihaaaa.
Je vous laisse imaginer que j'étais passablement excité dans la voiture sur l'autoroute du sud. dans un carton dans le coffre, casque, gants, bottes et blouson.
Mercredi, 13h55, je suis devant la concession (piboulles racing pour ceux qui connaissent).
14h02, ******, mais il fait quoi ce vendeur, chui chaud moi.
14h03, broaaaappp broaaappppppppppp, 2 supermot arrivent pleine balle et font un freinage, euh, viril, devant la concession, "désolé, on était au resto à coté, il yavait du monde".
pas grave, pas grave, je rendrais la moto à 16h03, na.
Dans ma tête, je vois déjà l'avantage de ce retard, le moteur de la 690 smc est chaud :)
Le temps de remplir les papiers, de donner mon permis, les recommendations d'usage,et hop, il me file la clef.
Je grimpe sur la moto. je parle bien de grimper, avec une selle à 90cm du sol, si j'avais su, j'aurais piqué les pompes de spice girl de ma petite cousine. Bon, avec un pied par terre, j'ai la selle sous la cuisse, ça le fait quand même.
Note pour plus tard : préférer les feux avec un trottoir pas loin.
Démarreur, broappp, c'est parti. La derniere expérience que j'avais avec une moto de type trail, c'etait mon DR350 et la multistrada. Le DR, c'etait un tapis volant tout mou, le multistrada un tapis de fakir sans clou.
Là, on est entre les 2. C'est pas foncierement inconfortable, mais j'irais pas faire 500 bornes.
je prends la D13A, et hop, à moi les petites routes. Première constatation, c'est un mono, mais ça wouatte.
2e constatation, la position incite à faire le con. Premier feu, j'arrive et dans ma tête, une petite voix fait "vas-y m'sieur, fait un stoppie". Eh Oh, on se calme, c'est pas ma moto, donc on va attendre 2 secondes.
Vert, j'accélere comme avec le 400, light en 1er, et au passage de la seconde, gazzzaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ****** ca leve. mayday mayday mayday frein arriere ouf, ca repose.
Bon, 2e note pour plus tard, ne pas ouvrir comme un gogol en seconde.
Je sors de la ville et j'attaque les petites routes dans le massif derriere. C'est beau, c'est plein de verdure, c'est la liberté, on sent que la moto est faite pour ca. Je cruise en mode enroulé rapide, et la, wroooaaaaaaaaaaaaappppppppppppppppppppp, un 400drz avec un pot alakon me depose dans un virage, un truc de malade. Histoire de voir ce qu'a la moto dans le ventre, j'essaye de le suivre. enfin, quand je dis j'essaye, je sais pas si vous voyez l'image du JBT avec Lafouine qui sort les rames pour suivre Bracame, c'est un peu ca.
Autant en ligne droite, je le ramarre sans soucis, forcément, j'ai un peu plus de wouatt, mais dès que ya un enchainement de plus d'un virage, c'est bye bye. Il maitrise le salopiaud, à chaque fois, il freine assez tot (je vois sa lampe de frein), puis relache tout, balance la moto, rouvre super tot et sort en legere glisse (routes de campagne, poussiere, gravillons, tout ca quoi). derriere, je m'accroche, et je suis forcé de constater que même pour un poireau comme moi, cette brele est une arme !! C'est léger, il suffit de regarder le virage pour qu'elle y aille, ca freine du feu de dieu, c'est stable sur l'angle. d'ailleurs, en parlant d'angle, c'est marrant, dès le 2e virage à rythme accéléré, j'ai eu le reflexe de sortir le pied. Bizarre. J'ai beau me dire que ca sert à rien, je pouvais pas m'en empecher.
Pendant quasi 20 minutes, on va tourner dans la foret Communales des Peyrolles en Provence. Une succession de (courtes) ligne droite, de courbes, de virages, de plaques de gravillons. J'ai l'impression que l'autre devant s'amuse avec moi, il ralentit franchement de temps à autres, et dès que je me rapproche, il ouvre, me colle un gros vent, et recommence 3 virages plus loin.
D'un seul coup, il plante un freinage d'outre tombe, et tourne à droite sur une espece de piste !!
IL y a eu du bitume il y a longtemps, mais ça doit faire longtemps que la DDE a abandonné cette "route". A partir de là, c'est mort, la seule fois où j'ai roulé en TT, c'etait avec le DR, sur un chemin, à 30 à l'heure, donc avec une brele qui est pas à moi, qui est quasi slick, je vais pas faire long feux. Devant, il s'eclate, tout les virages en crabe, freinage roue arriere bloquée. Petit à petit, je me lache doucement, je fais (très légerement) glissouiller l'arriere en sortie de virage, mais je suis pas hyper à l'aise.
Et d'un seul coup, une vision de folie, un lac, bleu, qui apparait dans les collines (j'ai regardé sur une carte en rentrant, lac du Bimont ça s'appelle), une vue de rêve. Je voit le DRz posé contre un arbre, et son pilote à coté.
Je béquille la Katoche à coté, et il s'approche. J'enleve le casque, je suis un peu en sueur quand même, il fait de même , et, mais, je le connais ce type. Pas tres grand, je l'ai deja vu quelque part. "Bonne brele la Katoche qu'il me dit, je l'avais essayer quand je roulais pour la Sima avec mon frangin, on avait des Husky, mais on avait du mal avec les autrichienne, elles envoyait bien".
******, je le crois pas, je vais me reveiller, je viens d'avoir une lecon de pilotage par Stef Chambon, le petit prince du supermot!!!.
Après 3 minutes de discutte, je suis parti faire le tour du lac et rendre la moto, parce que l'heure tournait quand même. Bizarre, avant de rencontrer ce genre de personne, on se dit, "si je le croise, j'aurais plein de truc à lui dire , de questions à poser, de conseils à demander, etc etc", pis là, quand on se retrouve comme ça au milieu de nulle part, rien, nada. On a parlé 3 minutes, moto bien sur, mais surtout nature, balade.Bon evidement, avant de partir, il m'a filé 2/3 conseils, à bidouiller 2 vis sur les suspattes de la brele, et pis hop, "il faut que j'aille rendre la moto, merci pour la balade", "ça roule, ptetre à un de ces jours", et hop, il est remonté sur le Drz et wroaap, disparu dans les bois, il a repris la piste.
Je suis rentré tout tranquillement, j'ai ramené la brêle au concess, on a discuté un peu, et forcement, il m'a demandé comment ça marchait. J'ai été honnete, je lui ai dis que je m'etais fait pourrir. "ah, alors il t'a rattrapé?" .Comment il est au courant lui, j'ai rien dit. "Le père Chambon passe souvent nous dire bonjours, et quand il est passé tout à l'heure, je lui ai dis que je venais de preter un 690 à un client, et que t'etais parti vers la forêt, on avait parié un café qu'il arriverait à te rattraper, du coup, tu me dois un café".
Arrrg, on peut vraiment pas leur faire confiance à ces motards.
Bon, je vous laisse, faut que j'appelle la banque, j'ai un papier d'achat de moto à signer

tom4



avatar Motard passager 04-01-2008 14:16
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

félicitations z'aux lauréats

avatar archoum59 04-01-2008 14:19
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Bravo !!!!

mais otez-moi d'un doute ...... elles sont fausses ces histoires ???

avatar Papy_78 04-01-2008 14:22
avatar lilius 04-01-2008 14:25
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Bravo, bravo, bravo.
Des récits qui nous plongent carrément dans le trip.
Y'en a qui sont doués pour le récit, y'a pas à dire. clin d'oeil

avatar Zingaro 04-01-2008 14:39
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Salut ! super content

Tout d'abord un grand merci à Bronco, Quartdetour et Nicoxj900 pour avoir organisé ce petit concours de nouvelles.

C'est mon premier littéraire ! V

J'en suis tout ému. timide

Félicitation à Froggyfr99 (dont le récit fantastique prend vraiment aux tripes) et à Tom4 (éminent spécialiste du canular). clin d'oeil



avatar rab 04-01-2008 14:43
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Je viens de lire le texte de Zingaro, tout simplement génial, j'ai adoré la fin avec petit frisson et sourire en prime, superbe!!! super content super content

j'attaque celui de froggy qui m'a l'air bien long, et je vous en direz des nouvelles!!



avatar Varaderic 04-01-2008 15:00
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Vraiment bien ces trois histoires!! super super

J'ai passé un moment agréable à les lire!

Bravo!!

avatar rab 04-01-2008 15:15
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Bon fini le second texte...

Bah les gars ya du haut niveau, attention!!!

Pour mieux apprécier j'ai imprimé les texte et me suis mis a l'écart pour en profiter pleinement...

Aprés petit frisson et sourire pour le texte de Zingaro, c'est gros frisson sur l'épine dorsal et nostalgie pour celui de Froogyfr99!!

Je m"attaque à celui de Tom4 et je reviens...



avatar rab 04-01-2008 15:25
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Bon bah voila, fini de lire le texte de tom4, grosse banane sur mon visage à la fin, dommage un peu court, j'aurais aimé en avoir encore.


Merci les gars pour vos texte et bravo encore!!!



avatar cesco 04-01-2008 16:13
avatar Chapman 04-01-2008 16:35
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Franchement, EPOUSTOUFFLANT !! Je ne suis pas étonné du talent des plumes que l'on connait déjà de nos trois protagonistes : Zing, Froggy et Tom4 !!
______

Du Pur Regal ! Bravo !!
respect



avatar Calou77 04-01-2008 16:40
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

3 superbes nouvelles, vraies ou fausses on s'en tape, un plaisir pour les yeux, l'esprit. Moi j'aurai presqu'envie qu'elles se soient toutes réellement passées, mais une petite préférence pour celle de froggy, ça c'est mon coté un peu mystique. applaudissement



avatar archoum59 04-01-2008 16:43
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Calou77 a écrit:

> 3 superbes nouvelles, vraies ou fausses on s'en tape, un
> plaisir pour les yeux, l'esprit. Moi j'aurai presqu'envie
> qu'elles se soient toutes réellement passées, mais une petite
> préférence pour celle de froggy, ça c'est mon coté un peu
> mystique. applaudissement
>

Ah bon, j'ai cru (un court instant) que c'était des fausses histoires moi clin d'oeil

avatar Zingaro 04-01-2008 17:06
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Bronco : Je t'envoie un MP dans la soirée. clin d'oeil Merci encore d'avoir organisé ce petit concours. sourire

Prochaine étape : Le Goncourt ou directement le Nobel, j'hésite encore...



avatar Chapman 04-01-2008 17:08
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Euh........................j'veux pas jouer les radins.............mais je viens d'imprimer le thread de Bronco, pour conserver ces beaux récits ! 20 pages !! ( qualité brouillon, of course ) !! clin d'oeil

mon encre est vraie ; elle !! :):)



avatar rab 04-01-2008 17:11
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Bah ouai 20 pages mais bon çà en vaut la peine!!



avatar Chapman 04-01-2008 17:19
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Flo..............j'arrête pas de relire..................au détriment de mon boulot !!

Y sont fortiches kin même !!



avatar Zingaro 04-01-2008 17:22
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Merci à tous pour les féloches MAIS quid de notre crédibilité dans les forums à présent ??? ouf



avatar rab 04-01-2008 17:23
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Tes comme je bosse plus du coup, j'ai imprimé et je les relis pour trouver laquelle est la meilleur, mais à force je me dis que toutes les 3 sont géniales!



avatar Chapman 04-01-2008 17:26
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Ca y est ................Zing nous fait une fièvre de doutes maintenant !! :)

T'inquiètes mon Zingaro, on te croira toujours sur parole !! Ca te dirait un bon poulet de Bresse, à la sauce pif-paf Rossi ? :):):)

Quelle belle arsouille en tout cas mon Zing !! clin d'oeil



avatar Calou77 04-01-2008 17:39
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

archoum59 a écrit:

> Calou77 a écrit:
>
> > 3 superbes nouvelles, vraies ou fausses on s'en tape, un
> > plaisir pour les yeux, l'esprit. Moi j'aurai presqu'envie
> > qu'elles se soient toutes réellement passées, mais une petite
> > préférence pour celle de froggy, ça c'est mon coté un peu
> > mystique. applaudissement
> >
>
> Ah bon, j'ai cru (un court instant) que c'était des fausses
> histoires moi clin d'oeil
>

Ben c'est bien ce que je dis: on aurait presque envie qu'elles soient vraies.
Le rève à une grande place dans ma vie.
Zing, et les autres c'était tellement bien écrit, qu'on ne peut vous en vouloir pour de si beaux mensonges. clin d'oeil
Et Perrault, Grimm et autres ne sont ils pas des menteurs après tout et on continue à lires leurs histoires à nos enfants.
super content



avatar Quardetour 04-01-2008 17:40
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Je tiens à remercier chacun des participants de s'être prêté au jeu si gentiment clin d'oeil



avatar lilius 04-01-2008 17:47
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Zingaro, je te rassure, tu n'as JAMAIS été crédible

avatar Chapman 04-01-2008 17:51
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Notre Champion a écrit : Prochaine étape : Le Goncourt ou directement le Nobel, j'hésite encore...


Ben n'hésites pas Zingaro ............ya Moto revue et Maximoto aussi !! :):):)

bon, c'est pas le goncourt tu me diras !!



J-Paul n'a rien écrit au fait ? Ni Fift ?



avatar Chapman 04-01-2008 17:56
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

Bronco : A la demande expresse du président un accessit du « menteur le plus éhonté du Repaire » est décerné cette année, Mamy et Lilius se le partagent.



S'il n'y a pas de véto du Jury.................on peut lire ??? Merci



avatar nicoxj900 04-01-2008 17:57
Re: Plus Beau Menteur 2007: Résultats*

fift n'a pas participe, J-PAUL nous a regale d'un vrai roman ... Le mensonge de lilius etait aussi gros qu'une certains baignoire ;je ne connaitrais pas Mamy j'y aurais cru, a son mensonge ...



 

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