Déjà bien loin de l'été
L'été part et ne revient pas
Dans mes cauchemars, il y a que l'été part et ne revient pas. Voilà un mois que je suis rentré et l'air sent déjà l'automne. Tout passe si vite.

C'est comme choper les freins et sentir, tout de suite, que je vais être trop long, que je vais louper la sortie. Ça fait comme si quelque chose de moi avait pris la bretelle, s'était séparé de mon ventre, avait tiré violemment avant de partir. Je me retrouve tout bête, désemparé : j'ai comme raté le freinage qui me permettrait de prendre la direction de l'éternel été, me voilà en route vers l'automne.
Je vais faire un peu de résistance et persister à rouler en t-shirt sous le blouson. Allez ! Je mettrai un t-shirt à manches longues. Oui, mais après ?
Dimanche, j'ai soigneusement lavé Lapin-Lap1. J'ai effacé les traces des petits disparus, certaines même fourrées jusque derrière la grille du radiateur. Une occasion de remettre la bulle en place mais non ! Je veux encore pouvoir rouler le nez au vent. J'ai graissé les axes de pivots des leviers, bien nettoyé les jantes. J'ai délogé un petit amas de sable sur la béquille centrale. Où ai-je bien pu ramasser du sable ?
Il me démange d'aller faire un dernier grand tour dans le sud, une ultime balade avant la flotte. Me lever très tôt vendredi et me fixer une destination au pif, en Espagne ou en Italie -plutôt l'Italie, parce que je sais l'argot nécessaire à ma survie dans la circulation milanaise.
Mais je trouve l'idée trop triste : une dernière balade. Comme si ma sentence avait déjà été prononcée et que j'attendais l'hiver de mon exécution. Je vois arriver les dimanches de pluie à la fenêtre où la pensée positive me dégoûte et que je rêve de téléportation loin, ailleurs, tout sauf ici, le nez à la vitre à regarder les ronds dans les flaques d'eau et les petits ruisseaux sur le carénage de la moto.
Dehors, l'air sent l'automne. Ce n'est pas encore l'odeur de la bouillie de feuilles de marronniers d'inde dans le caniveau, mais elle arrive. Là, c'est l'odeur de la pluie sur le bitume encore chaud, les traces de crasse qui se diluent. Quelques imprudents galopent sur les trottoirs, la tête protégée par un sac sous l'averse soudaine. Pétrichor... ça sonne comme une incantation de Harry, mon pote du bouclard.
Penser à remettre le pantalon de pluie sous la selle. Quelle pensée tragique.
Ah ! Et il faut que je fasse la révision, aussi. Au minimum une vidange moteur. Depuis que je n'ai plus trop de sous, j'ai tendance à laisser filer les intervalles d'entretien, au lieu de les faire pile à l'heure, voire un poil en avance, comme avant.
J'espère que la fin du mois de novembre me laissera un peu de répit. Comme l'année dernière où il avait tenu bon. Il avait même fait presque chaud, si je me souviens bien.
La dernière feuille tombe, comme ma plume sur la feuille avant de lire une dernière fois cette Kronik pour l'envoyer à mon Rédac Chef préféré. Va-t-il s'apercevoir que je l'ai déjà fait le coup de l'automne qui arrive ? Cette kronik sur une feuille est donc aussi la dernière kronik d'automne, une larme tombe sur la feuille comme la pluie.
Un cycle se termine pour qu'un autre commence. Valse en trois temps et 4 cylindres... au rythme des saisons.
Commentaires
c'te déprime!
14-11-2023 07:39dans 38 jours les jours commencent à rallonger, KPOK.
mais on se rapproche à la même vitesse de l'hiver 2025, aussi
A la campagne l'automne c'est comme une respiration, on respire un grand coup avant d'attaquer les travaux d'hiver. Quand les feuilles seront tombées on commencera les coupes de bois pour l'hiver prochain et celui d'après. Car même si l'on prend son temps on voit loin. Chacun le sait le mois de novembre est pluvieux, on attendra les premiers frimas pour tenter une sortie entre copains, pas trop loin, pas trop longtemps et le thermos dans la besace.On expire cet air froid qui remplit nos poumons et en avant.
14-11-2023 08:20Une seule sortie à moto depuis la mi-octobre, pas de vélo, juste un footing parce que le vent & les inondations se sont invités dans le Pas-de-Calais.
14-11-2023 09:02Je reste optimiste & me dis que cela prendra fin comme toute chose (agréable ou non).
A l'inverse de Kpok, je ne verse pas une larme parce que beaucoup de personnes pleurent, ayant tout perdu ou presque.
Les frimas hivernaux sont là & nous attendons avec impatience quelques jours de soleil !
c'est un des avantages de ne pas rouler en été, ça permet de ne pas être trop déçu de ne pas rouler l'automne ou l'hiver :)
14-11-2023 09:17tom4
Sinon, pour une grande balade avant le printemps, il faut (oser) faire Les Elephants!
14-11-2023 10:47L’automne a aussi ses charmes…. Ses (rares) journées douces avec le soleil bas sur l’horizon, les arbre colorés. Gaffe aux feuilles qui jonchent le sol, c’est pas le moment de faire le kéké. L’odeur des champignons, du bois mouillé, et sentir ma bécane toute contente de prendre l’air 😉
14-11-2023 10:57@ Picabia
14-11-2023 12:43Ici, y a pas que les feuilles à être tombées
Ardoises, cheminées, gouttières, arbres et panneaux de signalisation
Novembre s'est annoncé en force avec la tornade, l'ouragan Ciarain
Une belle cata naturelle, qui, comme d'hab, ne sera prise en charge par les assurances, qu'avec forces récriminations et mauvaise foi
Chez nous en Normandie nous avons été relativement épargnés, nous avons ignorés ce que nos anciens avaient bâti pour accéder à une société plus productiviste après guerre, malheureusement certaines régions en payent le prix fort.
14-11-2023 15:36Ce n'est pas aux assurances qu'il faut en vouloir, c'est plutôt à notre politique de destruction de l'habitat rural et à l'urbanisation non contrôlée.
En Nord Pas de Calais, dépoldérisation des sols, en Normandie, arrachage des haies et suppression de zones humides pour ce que connais. On voit le résultat 50 ans plus tard.
Cela fait plus de 50 ans que je vis avec les arbres et quand j'entends nos politiques qui nous disent d'en planter, il faut plus d'une vie d'homme pour qu'il soit adulte.
14-11-2023 15:45Mais on n’hésite pas à raser des centaines d’hectares pour des champs photovoltaïques ou une autoroute.
Moi c’est l’été que je crains maintenant. Canicule et sècheresses qui se succèdent et qui me mettent à plat. L’automne, la pluie et la baisse des températures ont été une bénédiction dans le Tarn et Toulouse. Dans l’Aude et les PO ça ne pleut pas assez. Je suis désolé pour le Pas de Calais. Si la moitié de l’eau qui s’est abattue là bas s’était détournée vers les PO… mais le spleen de l’automne de Kpok pour moi c’est au mois de juin que je le ressens.
14-11-2023 19:45Oui, injustice des déséquilibres météo: dans l'Oise, pourtant administrativement dans la même nouvelle région que le Pas de Calais, nous sommes aux dernières nouvelles toujours au moins en vigilance jaune secheresse, et des communes pas très loin de chez moi ont eu des arrêtés de catastrophe naturelle secheresse...
15-11-2023 09:05Même avec un mois de pluie continu, c'est vrai que les trous que j'ai creusés il y a 2 semaines me faisait remonter de la terre quasi sèche à 50cm de profondeur (cela dit, vu la gueule de la terre par ici, si tout était détrempé, là je risquerais l'inondation)
Pour la majeure partie de nos concitoyens, la résidence secondaire est le Graal indépassable
15-11-2023 14:55Pas étonnant que les constructions de bord de mer soient tellement fragiles,mal orientées, inondables
La productivité imprègne tellement la culture qu'on ne donne plus le choix, lorsque les gens ont trois sous devant eux à investir, qu'entre du court termiste et du très court termiste
En gros, assurance vie ou assurance vie
Pourtant on pourrait suggérer l'achat de parts de forêts
Ou de parts de société de chasse
Ce n'est qu'un exemple
Comme Meuldor, dans le sud on subit l'été en attendant l'automne avec impatience.
16-11-2023 16:30L'été c'est la saison de la bagnole avec la clim' à fond. Ou alors il faut rouler à partir de 22h pour redescendre sous les 30°.
Le Ministère de la météo fait n'importe quoi, ce n'est pas nouveau : encore et toujours des choix liberticides bien qu'ils soient différents d'une région à l'autre.