Essai Suzuki SV 1000 S
Le tracteur sportif
Présentée
à Intermot 2002, la SV 1000 est la descendante de la défunte
TL 1000S, née elle-même en 1996 : un twin sportif de 1000
cm3 avec un couple dantesque de 10 mkg : de quoi donner des vibrations
sportives au plus blasé des motards.
Elle flirte avec la mode des 1000 cm3 toutes catégories et propose sur le papier une suite logique aux twins disponibles en version 650 cm3. Sur le papier uniquement ? Verdict après quatre jours d'essais sur les cotes normandes...
Découverte
Toutes
les SV millésime 2002 ont le même profil : un cadre tubulaire
en aluminium aux angles saillants, une double optique frontale acérée
et un feu arrière à diodes gigantesque ! De face, la SV
a un certain air de famille avec la Fazer 1000. C'est leur seul point
commun. La 1000 conserve la selle à deux étages, trait caractéristique
de sa soeur cadette 650. Dans sa version S, pour Sportive, on remarque
immédiatement les demi-guidons.
La chausse en Pilot Sport 180/RR confirme les prétentions du modèle.
Au
tableau de bord, identique sur tous les modèles de SV, on remarque
d'abord le compte-tours, proéminent, avec une zone rouge à
11.000 tours. Celui-ci chevauche un cadran digital complet offrant : tachymètre,
totalisateur, double trip partiel, horloge, température moteur.
Les voyants essentiels complètent le tout : à droite, le
témoin de passage en réserve et le plein phare, à
gauche, le point mort, le témoin d'huile, et les clignotants/warning.
La selle est relativement haute, et les pieds touchent juste terre sur la pointe pour le pilote de 1,70 m.
Les rétroviseurs se règlent alors de façon particulièrement facile et précise. On leur reprochera simplement un angle de vision réduit.
En selle
Contact
! La double optique frontale s'allume automatiquement... attention, à
ne pas oublier de couper le contact pendant les discussions. Pas de starter,
injection oblige... le bi s'ébroue avec un son grave. Le buste
se plie vers l'avant pour attrapper les demi-guidons, mais moins toutefois
que sur une sportive. Les repose-pieds plutot hauts et légèrement
reculés confirment une position typée sport.
La première s'engage doucement et le premier coup de pied au cul est donné ici, suivi d'un second, puis d'un troisième, à chaque passage de vitesse. Et pour peu que l'on oublie l'usage de l'embrayage, les coups de pieds successifs se succèdent, ponctués par les grondements rauques de l'échappement.
C'est viril, çà a du caractère mais cela se prend vraiment très facilement en main, sans aucune - mauvaise - surprise.
En ville
La
moto part sur un filet de gaz, même si le bicylindre omniprésent,
rappelle à tous les régimes que c'est une gros, très
gros bicylindre: çà tape et ce poum-poum régulier
ponctue les enchainements entre les voitures.
Les premiers tours de roues en ville se révèlent agréables. La SV se dirige facilement, même si ce n'est pas la vivacité d'un roadster ou de sa petite soeur 650. Si le moteur monte rapidement en températures - et dépasse vite les 100° c - la chaleur dégagée ne se fait pas ressentir au niveau de pilote. Par contre le passager sentira vite ses pieds bouillir, la faute en revenant aux échappements léchants les repose-pieds.
Le
moulin accepte de monter haut dans les tours sans hurler, même si
les vibrations se font nettement sentir au-delà des huit mille
tours/min. Point agréable, les vibrations ne se ressentent pas
dans les rétroviseurs qui restent clairs. La première peut
se tirer ainsi jusqu'à 100 km/h et la seconde jusqu'à 140
km/h !
Bref, en ville, on restera facilement en première ou en seconde, et dans de rares cas en troisième. La boite s'y révèle agréable et s'oublie complètement.
Sur route
La SV trouve rapidement ses marques et le bicylindre peut enfin donner de la voix. Creux en-dessous de 4000 tr/min, le bicylindre commence à tracter très sérieusement passé cette limite et envoie vraiment à partir des 6.500 tr/min et ce jusqu'à 8.000 tr/min. Ensuite, la poussée devient linéaire.
Cela ne donne jamais la violence/puissance d'une sportive, mais en dépassement, cela prouve que c'est très très efficace, y compris en duo. Et le différentiel entre impressions ressenties et réalité/efficacité apparait ici important. Au final, cela donne une moto facile à prendre en mains et qui pourtant permet d'allumer sur route.
Sur autoroute
La
SV s'engage sans apréhension. Sans besoin de se camoufler derrière
la bulle, la SV prend rapidement ses tours. A seulement 6.000 tr/min,
la SV est déjà à 160 km/h et bien loin de la zone
rouge. La limite de confort se situe aux environs des 180 km/h; il est
alors temps pour le pilote de trouver un peu d'abri derrière la
bulle. Les légères sollicitations de la poignée permettent
de sentir que la moto a encore une grosse marge de manoeuvre pour continuer
sur sa lancée à des vitesses devenues largement prohibées.
Tenue de route, suspensions
La tenue de route est irréprochable. Souvenir de la TL 1000S, rappelé par l'amortisseur de direction presque dissimulé à l'avant, la SV 1000S est imperturbable, sans surprise. Elle s'inscrit naturellement en courbe avec peu d'effort, et ne se désunit pas, même en duo et sur mauvais revêtement. A vitesse non raisonnable et entrée trop rapide en courbe, elle se révèle un chouilla sous vireuse.
Les réglages d'origines sont fermes, mais ne transforment jamais la moto en bout de bois. Les premiers kilomètres sur mauvais revêtement et les réactions sèches de la suspensions m'avaient fait craindre le pire. Mais au final, les étapes de deux cent kilomètres s'avalent en moins de temps qu'il ne faut pour le dire sans aucune souffrance, ni pour le pilote ni pour le passager. D'où l'intérêt d'aller au-delà des premières impressions et kilomètres.
Freinage
L'arrière se révèle un honnête ralentisseur, plutot mou.
Par contre le frein avant est un véritable régal. Il offre un excellent feeling, un mordant extraodinaire et permet de réellement doser le freinage avec deux doigts, sans surprise ni besoin d'empoigner le levier.
Duo
La
double selle propose le duo et l'on se dit que le passager sera ici à
la même enseigne que sur une sportive mais il n'en est rien! Ce
sera une vraie surprise. En fait, la position légèrement
au-dessus du pilote, mais pas trop, offre un double avantage : offrir
une vision au-dessus de la tête du pilote, et grace à la
bulle efficace, ne jamais souffrir du vent, et ce jusqu'à 180 km/h.
Après, le passager se cachera comme il peut derrière le
pilote pour ne pas trop ressentir les méfaits de la vitesse. Mais
comparativement à une sportive, le passager trouve ici son bonheur.
Au final, il semble que la SV est l'un des meilleurs compromis sportifs pour le passager.
Pratique
La
place sous la selle offre la possibilité de placer un immense et
large U, plus la trousse à outil... une boisson 33cl et un guide.
Ce n'est pas bizance, mais c'est plus que les standards habituels.
La SV n'offre pas de béquille centrale, mais une béquille latérale offrant un bon appui. Un grand ergot permet de ranger facilement la béquille; par contre, la manoeuvre dans l'autre sens se révèle un peu ardue et la déplier se fait plutot en deux temps et trois mouvements.
Le réservoir permet de poser une sacoche magnétique, de taille limitée. En effet, la position basse empêche d'avoir une sacoche à deux étages sous peine de ne plus pouvoir attraper les demi-guidons.
Consommation durant l'essai
J'ai cru que la jauge avait un problème quand j'ai vu le témoin de passage en réserve s'allumer à 180 km/h, alors que j'avais commencé plutot poireau en conduite. Effectivement, avec un consommation minimale de 6,2 litres au cent et un petit réservoir de seulement 17 litres, le passage s'effectue très tot, trop tot. Dommage pour une moto qui révèle des capacités inattendues de routières.
Mini : 6,2 l. - Maxi : 8 l - autonomie avant réserve : 180 km
Conclusion
La
SV 1000S est une moto qui surprend. On s'attend à un twin sportif
et on trouverait presque une GT sportive qui s'ignore. Presque confortable
sur les longs trajets pour le pilote et le passager, elle permet réellement
d'aller loin sans fatigue pour ce type de moto.
D'un caractère plutot joueur sur départementales, elle n'est pas avare de sensations, bien au contraire. Elle donnera volontier du plaisir à tous les pilotes même les moins avertis mais laissera un peu sur leur faim les amateurs de sensations fortes.
Bref, c'est une moto d'accès facile pour tous les propriétaires de 600 qui voudraient passer à une 1000 cm3 mais hésitent à faire le pas : ils peuvent le faire sans aucune hésitation avec la SV 1000S, d'autant plus que la moto s'apprécie de plus en plus au fil des kilomètres. Un coeur - gros comme cela - à prendre et qui vous le rendra bien.
Points forts
- caractère moteur
- freinage
- confort, pilote et passager
- protection
Points faibles
- autonomie (<200 km)
Concurrentes : Yamaha FZS 1000 Fazer,
Commentaires
Voilà maintenant 6 ans que je possède cette moto et c'est un vrai régal. Tout est dit dans l'article !
24-06-2014 10:38Je possède une svs 1000 de 2003 depuis 2 ans , j ai toujours autant la banane, un couple toujours demoniaque, un bruit de folie , une moto hyper motivante, tu as tout les avantages d une ducat sans les pannes ;). Prend facile +240 km/h, niveau autonomie en vitesse normale 90-110 et de temps a autre de bonnes poussés a plus de 160. Je fait 190km avant reserve et reste 30km en reserve , perso je tourne a 6,5L / 100 en moyenne, C sur que a plus de 10000 t/ min tu monte a 8l mais la tu es a 230km/h !
27-07-2016 07:35