Essai moto QJ Motor SRK 550

Le bon coup !

Moteur bicylindre en ligne de 554 cm3, 61 ch et 55 Nm de couple, 176 kg tous pleins faits, 5.899 euros

Trois raisons seulement pourraient empêcher la SRK 550 de cartonner : l’une, colossale, liée à l’absence d’image de marque de QJMotor (déjà, rien que le nom…), importante marque de moto chinoise encore méconnue chez nous ; l’autre raison, hypothétique parce qu’inconnue, est liée à d’éventuels problèmes de fiabilité ou de SAV, bien que QJ ne souffre pas de critique à ce sujet pour le moment. Enfin, troisième raison, l’adjectif “chinoise” et ses wagons de préjugés. On jugera ici sur pièce et non au faciès. Seule la seconde raison échappera à notre loupe, puisqu’elle appartient à l’avenir. Et on a égaré la boule de cristal.

La SRK 550 remplace la 400 et se rapproche, en chiffres, des roadsters stars du hit parade des ventes, les Yamaha MT-07, Kawasaki Z 650, Honda 500 Hornet voire de la Triumph Trident 660, plus chère, plus puissante et plus valorisante, qui joue sa carte haut de gamme dans la même catégorie. La SRK, à 5.899 euros, tire le prix vers le bas. Sans pourtant y emmener le reste. QJ ne réussit pas toutes ses motos, à l’image du trail SRT, mais là…

Découverte

La SRK 550 est d’abord apparue sur le marché chinois, sous le nom de Chasing 550. Look assez classique pour ce petit roadster qui s’aimerait sportif, mais look quand même plus dynamique, frétillant à l'œil qu’une Voge 500 R ou une Honda 500 Hornet. Elle ressemble trop, en revanche, à la CFMoto 450 NK. La qualité de fabrication est même assez étonnante à ce tarif au niveau de la jonction des carénages et de l’aspect des matériaux, c’est un peu moins valorisant quand on s’approche du moteur, entre câbles et vis de fixation un peu grossières…

Ce moteur, un bicylindre en ligne de 549 cm3 calé à 270°, atteint sa puissance maximale (61,1 ch) à 8 500 tr/min, avec un couple de 5,6 mkg à 6 600 tr/min. Il rappelle, extérieurement, celui de la Benelli TRK 552, (Benelli appartient à QJMotor). Des cotes très carrées, l’alésage et la course se valent, pas de commande ride by wire mais un antipatinage. Trois modes moteur sont également disponibles : Eco, Road et Sport. Les révisions sont espacées de 6 000 km (le contrôle du niveau d’huile se fait par hublot), soit environ une année selon la moyenne de kilomètres effectués par les “roadsteriens”. Face à une Yam’ MT-07 vendue 2 000 euros plus chère, la SRK 550 rend 12 chevaux et 1 mkg de couple. Pas grand-chose, mais la QJ aura-t-elle le même peps ? La Kawa Z 650, à 7 599 euros, ne fait, elle, que 7 chevaux de plus. Tout se jouera dans l’agrément.

Le poids prétendu de la petite chinoise, 176 kg tous pleins faits, la place un peu plus légère que la Yam’ (184 kg) et la Kawa (188 kg). La Honda Hornet 500 s’affiche au même poids que la Kawa. La SRK se montre donc particulièrement svelte mais il conviendra de vérifier cette prétention sur une balance. Sa hauteur de la selle d’environ 800 mm la laisse accessible à tous et toutes. Son empattement relativement court (1 420 mm) devrait favoriser son agilité.

Les suspensions Marzocchi n’appartiennent évidemment pas au haut de gamme de la marque (qui a passé de nombreux accords avec QJ) mais on trouve une fourche inversée réglable et un amortisseur de même marque. Le freinage émane lui aussi d’une marque célèbre, Brembo, avec deux étriers à fixation radiale devant et deux disques de 320 mm. Une fois encore, même chez Brembo, la gamme varie ; mais c’est un réel gage de confiance, surtout à ce prix. Les jantes en alliage de 17 pouces reçoivent des pneus de 120/70-ZR17 à l’avant et 160/60-ZR17 derrière, de marque CST en monte d’origine.

Des capteurs de pression renseignent le tableau de bord, pratique. Lequel se matérialise sous la forme d’un écran TFT de 5 pouces, avec la possibilité, par connexion avec l’appli ad hoc, d’avoir la navigation. Côté équipement, c’est plutôt balèze.

En selle

Le bruit du petit bicylindre, feutré, laisse entrevoir une douceur de conduite. Comme la position, évidente, pas du tout sur l’avant. Le tableau de bord scintille de couleurs, ça fait un peu jouet, comme si j’avais 20 ans et que je découvrais ma première moto. La boîte de vitesses est douce, les commandes aussi, la SRK 550 va se montrer facile, c’est sûr. La selle s’amincit au niveau du réservoir, s’élargit derrière, le rembourrage est correct. Côté droit, l’échappement ne gêne pas la position pied, la pédale de frein s’atteint naturellement. Je ne sens pas de vibrations à basses vitesses. Le tableau de bord, très rectangulaire, symbolise l’organisation au carré des infos : le régime moteur sur un barre-graphe à droite, le niveau d’essence et la température moteur selon la même disposition à gauche, la vitesse en gros au centre et le rapport engagé dessous.

En ville

Entre la souplesse du moteur et l’équilibre facile et rassurant de la SRK, la ville devient un terrain de jeu. Pour se faufiler, changer de direction, se poser au feu, faire cirer un peu l’embrayage pour un décollage dynamique… Le feeling du frein avant est sympa, plutôt progressif sur le début de course du levier. Le frein arrière ralentit sans déclencher rapidement l’ABS. Le moteur ne secoue pas à 3 000 tr/mn, joie d’un twin de petite cylindrée, bien équilibré. Une Kawa Z 650 ne montre pas tant de bonne volonté. Mais une Yam’ MT-07, si. La SRK montre moins de peps aux mi-régimes, par ce qu’elle n’a pas la même cylindrée ni le calage particulier du CP2 Yamaha. Moins chère, la QJ offre un agrément discret, efficace, elle est une alliée un peu effacée sur le bas du compte-tours… mais une alliée.

Autoroutes et voies rapides

L’essai aux environs de Beaune ne nous a guère permis d’aligner des bornes sur autoroute, mais une incursion quand même sur une quatre voies. Aucune surprise, la moto ronronne à 5 500 tr/mn à 110 km/h, sans vibrations. Le confort persiste, on change aisément de position sur la selle. Ici aussi, la position détend, le bruit du moteur reste modéré. Rien sur cette moto n’incite à aller plus loin que la vitesse légale, peut-être pas plus mal. Je ne sais pas comment vous faîtes en Ducati Panigale, impossible de rester en quatrième en sous-régime à 160, non ? Ici, en sixième, on est au-delà du mi-régime à 130, sans envie d’aller au-delà, par manque de protection mais surtout grâce à la cylindrée et sa puissance décentes.

Sur départementales

Les virages bosselés sur route étroite, ça pullule au cœur de cette Bourgogne-là. Avec des camionnettes qui déboulent en face, en terrain conquis. Là, il faut une moto réactive, qui file confiance, qu’on peut dévier de sa trajectoire d’un appui sur le repose-pied aidé d’un coup de guidon. Une 550 d’environ 180 kg, c’est idéal. La SRK y ajoute une rigueur que je ne lui aurais pas devinée. A bon rythme, l’amortisseur danse un peu la gigue, sans déstabiliser la moto. Je classe les roadsters en deux catégories : ceux dont on place le train avant en entrée de virage mais le reste ne suit pas comme on veut (comme la première Ducati Streetfighter d’il y a 15 ans) et ceux qui restent homogènes, groupés, façon mêlée de rugby. La SRK est de ceux-là, mais c’est du rugby à sept… Avec les petites motos, on jouit de la joie de la légèreté, comme une insouciance, mais on perd les sensations du couple phénoménal et des sorties de courbe façon Walkyrie. Alors il faut privilégier les entrées en virage, provoquer l’électricité dans la langue : “ça passera pas !”. La QJ passe, se love dans la courbe, bouge un peu sans que ça inquiète. Le pneu arrière CST montre parfois ses limites, le grip est bon, c’est la contrainte trop appuyée qu’il aime moins. Le caractère du moteur ne transcende pas, son couple n’a rien de dingue. Pourtant, les envolées au-delà de 7 000 tr/mn sont sympas. Ça, c’est quand on s’énerve. En mode coulé, l’agrément reste. Le régime idéal se situe aux environs des 6 000 tr/mn, le twin reprend bien, rond, efficace, même un peu nerveux. Franchement, à moins de 6 000 euros, c’est assez surprenant. Le tout avec une assise confort, une position dominante, un freinage efficace, une impression d’ensemble émoustillante.

Partie-cycle

La SRK est très saine, elle serait meilleure avec un amortisseur mieux freiné en hydraulique, ce n’est pourtant pas un défaut. On roule rarement excité au quotidien, déjà parce que nos trajets le permettent rarement. Ok, sauf en Ardèche, Pyrénées ou Alpes… Si vous en êtes, vous constaterez qu’en termes de facilité et d’efficacité, pour le prix, c’est canon. La moto est courte, agile, mais la stabilité n’en souffre pas.

Freinage

Le frein avant est suffisamment puissant mais devient dur en fin de course du levier. La progressivité n’y est plus. L’ABS se déclenche assez vite sur les routes bosselées. Je chipote un peu, il faut encore ramener la QJ à son tarif. L’arrière ne souffre pas de reproche.

Confort

Aux rythmes fréquents, pas vénères, le confort est surprenant, tant au niveau de la selle que des suspensions. Plus vite, l’arrière gigote. Surtout, la position de conduite top éloigne la fatigue.

Conclusion

Perso, je ne suis pas fan des roadsters en général, parce que je suis trop radical ; soit c’est la sportive, soit le trail ou la routière. Je ne comprends pas l’usage du roadster. Mais certains me causent pourtant et je tente, pour ceux qui aiment ces motos, de me mettre à leur place. L’idée avec la SRK, c’est de ne pas se ruiner, se faire plaisir mais ne pas se laisser déborder par la moto. Elle fait tout ça très bien et peut-être mieux que quiconque dans l’univers roadster. Tout ça mérite un comparo. Oui, la Yam’ MT-07 a clairement plus de vie dans son moteur et de performance. Pour les wheelings, c’est elle. La SRK est plus apaisée, mais n’ennuie pas pour autant, au prix d’une MT-07 en occasion récente, avec une garantie de trois ans. C’est l’un des bons coups du moment. A quand une version RS, mieux équipée en suspensions, avec un silencieux d’échappement énervé et un kit déco ? Sachant qu’une sportive, du même nom d’ailleurs (RS), existe en Chine.

La fiche technique de la QJ Motor SRK 550

Conditions d’essais

• Itinéraire: 100 km, routes sinueuses à revêtement variable, sec
• Météo : nuageux, de 12° à 18°C
• Problème rencontré : ras

Disponibilité / prix

• Coloris : bleu, rouge
• Prix : 5 899 euros
• Disponibilité : immédiate

Équipement essayeur

• Casque X-Lite X803 Carbon
• Blouson cuir Segura Bongo
• Jean Esquad
• Chaussures cuir Alpinestars