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Essai Honda NS 400 R

Mégère apprivoisée

Présentée an après la Yamaha 500 RDLC et en même temps que la RG 500 Suzuki, Honda dévoile en 1985 sa réplica 2-temps : la NS 400 R. Si elle offre moins de cylindrée et de puissance brute, elle dévoile une homogénéité faisant défaut à ses rivales. Aucun doute, la NSR est bel et bien une Honda pur jus !

Avoir une NSR, c'est vraiment la vie de château !

Découverte

Habillée piste et parfumée Grand Prix, le 3-cylindres en V diffère de celui de course par la disposition inversée de ses cylindres. Sur la NS 500 de Spencer, deux cylindres sont placés verticalement et un horizontalement. C’est le contraire sur la NS 400 R pour améliorer la contenance du réservoir. Incontestablement une belle moto du genre, seule la plaque d’immatriculation semblant incongrue sur un tel engin…

Essai Honda NS 400 R de coté

En selle

La selle offre un bon confort, tout comme les demi-guidons pas trop cassants pour les poignets. Les jambes sont pliées juste ce qu’il faut, sans excès. Sincèrement, on pourrait avaler 400 kilomètres sans fatigue à bord de la Honda.

Assurément une très belle machine...

Le tableau de bord, à l’ancienne, fait confiance aux traditionnelles aiguilles, une pour le régime moteur, une pour la vitesse et la dernière pour la température d’eau, primordiale sur les 2-temps. Le reste des voyants sont regroupés sur le té de fourche.

La NSR va à l'essentiel. Les témoins se trouvent sur le té de fourche. Sur cette moto importée du Japon, le voyant « speed » spécifique aux motos du soleil levant s'allume lorsqu'on dépasse les 90 km/h.

Démarrage

Contact. Un bon coup de jarret lance le 3-cylindres qui se stabilise sur le ralenti dans une sonorité discrète, mais plaisante. Quelques coups de gaz font jaillir des volutes de fumée bleue. C’est le moment de prendre une grande inspiration et d’oublier, l’espace d’un instant, la norme Euro 3, les catalyseurs et les discours relatifs à l’inhalation du bon air alpin…

Le 3-cylindres se lance à l'aide du kick. En bonne Honda, la NS 400 R craque du premier coup même après 4 mois sans rouler.

En ville

Le faible poids de la moto (163 kg à sec), permet de virevolter en circulation urbaine. Par ailleurs, la position de conduite, plutôt relax, épargne lombaires et autres osselets délicats. Certes, une machine de cet acabit n’a pas pour vocation de vaincre les embouteillages, mais quand elle y est contrainte, la NS 400 R se plie sagement à l’exercice.

Honda NS 400 R sur autoroute

Sur route

Jusqu’à 4 000 tr/min la moto ronronne gentiment et avance sans trop se faire prier. Plutôt creux en bas, le 3-cylindres manque de peps à mi-régime malgré l’ATAC, un système situé à la sortie des cylindres modifiant les diagrammes d’échappement en fonction du régime moteur. Cela permet de disposer d’une meilleure disponibilité sans sacrifier les très hauts régimes. Quand l’indicateur de température avertit que le bouilleur est suffisamment chaud, on peut y aller avec joie…

Poignée dans le coin, le moteur prend gentiment ses tours de 5000 à 7000 tr/min. C’est à 7 500 tr/min qu’il change de visage. En bonne mécanique deux-temps qui se respecte, le trois cylindres se rue vers la zone rouge tandis que sa sonorité devient plus stridente. La zone rouge débutant à 10.500 tr/min, cela laisse 3.000 tr/min de bonheur. Lorsque la route se met à tourner, cela devient un vrai régal !

Grâce à un châssis homogène et efficace, la NS 400 R dispose d’une tenue de route en avance sur son temps. Pour une machine apparue en 1985, cela force le respect. Franche à la mise sur l’angle, la NSR entre en courbe d’un bloc sans se désunir. Stable et correctement suspendue, la moto ravit son pilote qui peut mettre du gaz sans se faire peur. En sortie de virage, on peut visser la poignée sans crainte, le moteur n’étant pas suffisamment hargneux pour mettre à mal la sérénité du cadre. Cerise sur le gâteau, la vivacité dans les changements d’angles rapides est appréciable…

Position de conduite agréable, bon confort général... La Honda permet aussi de longues et belles balades.

Sur autoroute

Le nez caché derrière la bulle du carénage, les turbulences n’affectent pas le pilote. La NS 400 R tient parfaitement le cap même à très haute vitesse. Aucun risque de fatigue, par contre la consommation très élevée à grande allure impose des arrêts ravitaillements fréquents ! A régime constant, aucun fourmillement à signaler. Par ailleurs, stries et raccords de bitume sont avalés sans la moindre réaction désapprobatrice…

Facile et très joueuse, la NSR distille le plaisir jusqu'au bout des pneus...

En duo

Parfaitement, on peut monter à deux sur le dos de la NS 400 R ! Mais mieux vaut être placé devant. Le passager n’a rien pour se tenir et les genoux arrivent pratiquement à hauteur de la mâchoire. Le masque à gaz n’étant pas au catalogue des options, l’olfactif du transporté est aussi bien malmené par les relents si particuliers du moteur deux-temps…

Pas de place pour un antivol sous cette selle, il n'y a que le réservoir d'huile.

Le freinage

Si le ressenti au levier est correct sans plus, le mordant et la puissance font cruellement défaut. Le système anti-plongée (TRAC) censé contenir un enfoncement trop prononcé de la fourche, tient plus du gadget que de la solution technique intéressante. Moralité, mieux vaut ne pas être contraint à un freinage d’urgence…

Le pilote profite d'un bon retour d'informations au niveau du train avant. On ne peut pas en dire autant du freinage, le mordant et la puissance sont limités.

La consommation

Trois cylindres à trous = appétit féroce ! Même en restant calme, cette « Spencer Replica » a besoin d’un minimum de 10 litres pour effectuer une centaine de kilomètres…

Sous la trappe latérale, l'unique serrure commande l'ouverture de la selle et le déverrouillage de l'accroche casque.

L’entretien

La NSR nécessite un entretien poussé et régulier pour donner sa pleine mesure. D’après Honda, l’intervalle des révisions est de 6 000 kilomètres avec un gros entretien à 36 000. Les bougies sont à changer tous les 6 000, la synchro carbu est à faire tous les 12 000, l’huile de boîte se vidange tous les 18 000, le liquide de frein aussi (ou 2 ans) et celui de refroidissement tous les 36 000 (ou 2 ans). Le filtre à air se contrôle tous les 6 000 et se change en temps voulu.

Son allure de reine des grands prix saura ravir les pilotes du dimanche !

Même si l’usure du moteur varie en fonction de l’usage que l’on en fait, un remplacement des pistons tous les 15 000 km est une bonne base. Les segments sont évidemment à changer aussi. Le décalaminage doit être fait tous les 12 000. La pompe à huile, qui se charge de faire le mélange, doit être inspectée tous les 12 000. Enfin, il faut aussi veiller au bon fonctionnement du système ATAC (Auto Controlled Torque Amplification Chamber), s’il se grippe le moteur ne donnera plus son plein rendement.

Pas de jauge, pas de voyant de réserve, sur la NSR c'est un robinet « à l'ancienne ». Avec 10L/100 km, cela vous laisse environ 190 km d'autonomie avec les 19 litres du réservoir.

Pour bien voir ses entrailles, Honda n'a pas hésité à passer sa NSR au scanner !

Production

Entre 1985 et 1987, Honda France annonce avoir immatriculé 562 motos. Même en y ajoutant les imports faits par la suite, notamment en provenance du Japon, il y a probablement eu moins de 800 NS 400 R présentes dans l’hexagone.

Un seul pot sous la selle côté droit joliment intégré à la coque, la partie arrière présente encore bien.

Un seul pot sous la selle côté droit joliment intégré à la coque, la partie arrière présente encore bien.

Côté cote

Moins recherchée qu’une Suzuki RG ou une Yamaha RDLC, la Honda a quand même vu sa cote monter ces dernières années. Devenues rares et chères, les NS 400 R ne sont pas légion sur le marché et les prix s’échelonnent de 3.000 à 7.000 € selon l’état.

Afin de célébrer les succès de Freddy Spencer, les publicitaires présentaient le modèle décoré aux couleurs du champion du monde...

En cas d’achat : conseils

Mieux vaut privilégier une moto en bon état, plutôt que de se lancer dans une restauration hasardeuse et forcément très coûteuse. Même si la moto présente bien, il convient d’ausculter attentivement l’aspect extérieur. Les pièces d’habillage vieillissent assez mal tout comme la peinture. Faire très attention aux pièces manquantes, les carénages ne se trouvent pas facilement. La moto doit présenter un carnet d’entretien à jour ou de nombreuses factures. Si elles émanent d’un spécialiste reconnu du deux-temps c’est encore mieux.

Le propriétaire a tout fait lui-même ? Méfiance. Même en faisant preuve de bonne volonté, des erreurs ont pu être faites. Vu le prix du couple cylindre/piston mieux vaut éviter un serrage. Après l’achat, un contrôle approfondi de la moto ne sera pas superflu. Pendant l’essai dynamique, la NSR doit démarrer franchement et se stabiliser sur son ralenti normalement. Les trois échappements doivent fumer bleu à froid. A chaud, une main devant chaque pot indique si les cylindres « donnent » tous. Dans le cas contraire, la carburation ou l’allumage peuvent avoir un défaut. Le moteur doit fonctionner parfaitement. Les éventuels soucis de carburation peuvent provoquer un serrage en cas de réglage trop pauvre. Le pignon de seconde, faiblesse reconnue sur la Honda, ne doit pas sauter même en accélérant à fond. Méfiance, les pièces détachées sont de plus en plus difficiles à trouver. Honda en fournit peu et certaines sont épuisées depuis longtemps...

Conclusion

Homogène, efficace, on peut juste regretter que cette NS 400 R ne soit pas plus teigneuse. Excepté son freinage perfectible, la Honda supporte parfaitement le poids des années et ne souffre d’aucun défaut, à part cette tendance à avoir été trop bien élevée !

Points forts

  • Le charme du 2-temps
  • Sonorité typique
  • Ligne indémodable
  • Homogénéité
  • Partie-cycle efficace

Points faibles

  • Rare et chère
  • Entretien fréquent et coûteux
  • Pièces difficiles à trouver
  • Freinage faiblard
  • Consommation déraisonnable

La fiche technique de la Honda NS400R

Commentaires

olivierzx

Zut, j'espérais que Honda allait nous la ressortir.

02-10-2015 17:17 
passûr

"Le propriétaire a tout fait lui-même ? Méfiance"
"un remplacement des pistons tous les 15 000 km est une bonne base"
confier une machine ancienne qui sera prise en charge par un mécano pas né lors de sa sortie n'est en rien un gage de tranquillité.
Quant au remplacement des pistons à 15000, c'est du grand délire!
Les pistons sont à remplacer quand le jeu piston cylindre atteint 0.08mm.
Les cylindres étant traités, contrairement à ceux des RG chemisés, ils ne sont pas ré alésables ce qui peut faire très mal en cas de casse.

02-04-2019 12:46 
kick47

Idem passûr. J'ai possédé cette NSR et j'ai fais plus de 40.000 km sans soucis. Remplacer ses pistons à 12.000 bornes c'est n'importe quoi. L'article mentionne une sonorité plaisante alors que justement, à l'époque tout le monde se plaignait de cette musique de mobylette aseptisée. Son bras oscillant fort étroit empêchait la monte d'un pneu arrière plus large ...J'avais acheté le kit Rothmans pour la décorer et cerise sur le gâteau, un photo de ma bécane a été dédicassée par Freddie Spencer aux Bikers Classics de Francorchamps.

04-12-2020 13:35 
Pontus

Bonjour
Je suis bien d’accord c’est du grand délire de remplacer les pistons à 15000 ! Perso j’ai une règle je ne touche à rien tant que cela marche bien . Si l’on a de bons réglages, les bonnes qualités de carburant et d’huile le maintien du bon niveau ,de bonnes bougies, un filtre à air et des chicanes d’échappements propres , que l’on respecte le temps de chauffe en roulant à faible régime avant de monter dans les tours autrement dit pour résumer respecter la mécanique et l’âge de la machine on fait sans remplacement dès segments et pistons au minimum plus de 45000 kms voir nettement plus ex ma 750 GT
68000 kms depuis sa refection !

25-03-2021 14:44 
 

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Bering